La Scène, Opéra, Opéras

Le Grand guignol de Macbeth

Plus de détails

Instagram

Bordeaux, Grand-Théâtre. 29-I-2012. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Macbeth, opéra en quatre actes sur un livret de Francesco Mariia Piave revu par Andrea Maffei. Mise en scène : Jean-Louis Martinoty ; décors : Bernard Arnould ; costumes : Daniel Ogier ; lumières : François Touret ; créations vidéo : Gilles Papain. Avec : Tassis Christoyannis, Macbeth ; Lisa Karen Houben, Lady Macbeth ; Brindley Sherrat, Banco ; Calin Bratescu, Macduff ; Xin Wang, Malcolm ; Loïck Cassin, un medico ; Aurélie Ligerot, la cameriera di Lady Macbeth. Chœur de l’Opéra national de Bordeaux (chef de chœur : Alexander Martin), Orchestre national Bordeaux-Aquitaine, direction : Kwamé Ryan

Instagram

continue dans ses pires travers avec ce Macbeth. Vision certes très classique des choses, avec quelques idées heureuses telle ces sorcières en habit « double face » mais le kitsch se dispute au vulgaire.

Les Ecossais sont comme il se doit en kilt – fort semblable à la jupe pour hommes de , les sorcières s'amusent autour d'un arbre renversé, les morts jonchent le sol (à l'instar d'Andrea Chénier par le même Martinoty à Nancy) et le ballet, fait de poupées mutantes et désarticulées, est un summum de mauvais goût. Les décors en miroirs laissent voir le personnel technique, les créations vidéos – des images fixes pseudo celtiques – n'ont rien d'exceptionnel, et comme c'est maléfique et quelque part dans un pays nordique, on n'a pas lésiné sur le brouillard. Respecter les intentions du livret (plutôt que la transposition hasardeuse de Dmitri Tcherniakov) est une chose, les ridiculiser en est une autre.

Musicalement, c'est un autre paire de manches. Le cas laisse interrogatif. Sa biographie indique qu'elle interprète aussi bien Mimi de La Bohème et Marguerite de Faust que Léonore de Fidelio ou Abigaille de Nabucco. On passe du soprano lyrique au dramatique d'un rôle à l'autre, mais force est de constater que dans ce personnage de Lady Macbeth, elle n'est ni l'un ni l'autre. Certes, le personnage est impossible à distribuer. Certes, Verdi a, par une écriture impossible, exigé une certaine « laideur » vocale de la part de l'interprète. Mais entre les aigus tirés, voire hurlés, et des graves poitrinés au possible, plus quelques effets du plus mauvais goût, le compte n'y est pas. Autre interrogation, . Le public, en scandant « trop fort ! » aux applaudissement, ne s'y est pas trompé : l'orchestre a couvert le plateau plus d'une fois. tire ce Macbeth vers l'oratorio symphonique. Les couleurs orchestrales sont belles, le son est homogène, mais bien peu d'effets dramatiques… L'orchestration de Macbeth a beau être une des plus belles de Verdi cela doit rester un accompagnement pour les chanteurs.

Au delà de ces déceptions, mention spéciale est faite au chœur (quand il n'est pas couvert par l'orchestre). Un petit regret qu'il n'ait pas été augmenté (le chœur des sicaires attendant Banco sonne un peu maigrelet) mais le travail d'Alexander Martin depuis 18 mois se fait réellement ressentir dans cette partition exigeante. est le grand baryton verdien exigé pour être un Macbeth crédible : ligne de chant soutenue, noblesse du timbre, engagement physique, puissance vocale, tout y est. Brindley Sherrat assume crânement le (trop) court rôle de Banco et mérite largement son ovation après l'air  » Come dal ciel « . Calin Bratescu laisse entrevoir un beau timbre en Macduff et l'ensemble des seconds rôles est bien tenu – avec une fois n'est pas coutume une Dame d'honneur (Aurélie Ligerot) audible dans l'ensemble qui ferme l'acte I.

Moins de kitsch sur scène, une Lady Macbeth plus à sa place et un orchestre plus accompagnateur que soliste : pas grand chose finalement à améliorer en vue d'une reprise.

Crédit photographique: ; Chœur de l'Opéra national de Bordeaux © Frédéric Desmesures

(Visited 803 times, 1 visits today)

Plus de détails

Instagram

Bordeaux, Grand-Théâtre. 29-I-2012. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Macbeth, opéra en quatre actes sur un livret de Francesco Mariia Piave revu par Andrea Maffei. Mise en scène : Jean-Louis Martinoty ; décors : Bernard Arnould ; costumes : Daniel Ogier ; lumières : François Touret ; créations vidéo : Gilles Papain. Avec : Tassis Christoyannis, Macbeth ; Lisa Karen Houben, Lady Macbeth ; Brindley Sherrat, Banco ; Calin Bratescu, Macduff ; Xin Wang, Malcolm ; Loïck Cassin, un medico ; Aurélie Ligerot, la cameriera di Lady Macbeth. Chœur de l’Opéra national de Bordeaux (chef de chœur : Alexander Martin), Orchestre national Bordeaux-Aquitaine, direction : Kwamé Ryan

Mots-clefs de cet article
Instagram

1 commentaire sur “Le Grand guignol de Macbeth”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.