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Besançon, Opéra-Théâtre. 4-V-2007. Giacomo Puccini (1858-1924) : Madama Butterfly, tragédie japonaise en trois actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa. Mise en scène, décors, costumes et lumières : Didier Brunel. Assistante de mise en scène : Marina Niggli. Avec Min-Hee Jeong, Madama Butterfly (Cio-Cio-San) ; Mickaël Fischi, Pinkerton ; Kyung Il Ko, Le Bonze ; Raphaël Brémard, Goro ; Loïc Guguen, Sharpless ; Patrice Lamure, Yamadori, le Commissaire Impérial ; Marie Kalinine, Suzuki ; Estelle Kaïque, Kate Pinkerton. Chœurs de l’Opéra Théâtre de Besançon, Orchestre de Besançon-Franche-Comté, direction : Dominique Trottein
Comme pour la récente production de La Traviata, la mise en scène de Didier Brunel favorise l'austérité.
Austérité du décor d'abord, qui se borne à n'habiller la scène que de quelques plateaux sur un fond de scène tapissé de rares panneaux de tulle et d'un étrange branchage fait de cintres à habits. Dans sa présentation, Didier Brunel explique que «le dénuement de Cio-Cio-San est total» et qu'il envisage sa Butterfly prenant «toute la dimension d'une femme d'aujourd'hui». A force de vouloir atomiser Butterfly, il n'en reste plus grand chose. Pourquoi cet improbable Japon ? Pourquoi remplacer les traditionnels kimonos pour d'hypothétiques saris hindous loin d'une idée d'actualisation de la femme japonaise ? Et pendant le sublime intermezzo de la fin du deuxième acte, qu'apportent ces éclairages passant du vert fluo au violet ? Les passages de l'aube à l'aurore, au Pays du Soleil Levant, ont-ils si radicalement changé ? Si le dépouillement scénique choisi par Didier Brunel demeure défendable au niveau dramatique, il se heurte à un jeu d'acteurs défaillant. L'économie de moyens spectaculaires, qui semble être la profession de foi du directeur de l'Opéra-Théâtre de Besançon se justifierait, si les plateaux vocaux étaient à même de soutenir vocalement et théâtralement les œuvres présentées. Or l'expérience professionnelle de la plupart des solistes est encore trop mince pour la projeter dans la défense de rôles complexes.
À commencer par Mickaël Fischi (Pinkerton) qui, s'il possède toutes les notes de la partition, n'en mesure pas la dimension théâtrale. À seulement vingt-trois ans, reconnaissons-lui qu'il est difficile d'avoir l'étoffe vocale et colorée du brillant officier de Marine américain. Avec une voix terne, encore ingrate et manquant de couleurs, il ne peut que rester dans une vocalité de conservatoire bien éloignée de celle que la scène réclame. Le baryton Loïc Guguen (Sharpless) laisse entendre quelques beaux accents en ligne avec l'esprit de la musique de Puccini, mais son manque d'expérience l'empêche encore d'être théâtralement à l'aise. Si Patrice Lamure (Yamadori, le Commissaire Impérial) pêche par manque de puissance vocale, la basse Kyung Il Ko (Le Bonze) en a à revendre. Malheureusement, son intervention tonitruante casse l'harmonie musicale de Puccini et l'homogénéité vocale du plateau. Appréciable la plus qu'honnête prestation de Raphaël Brémard (Goro) s'agitant à bon escient dans son interprétation du meneur de jeu et du modérateur des chocs de civilisation. À noter encore, la très belle participation de la mezzo-soprano Marie Kalinine (Suzuki) dont la voix brune et l'extrême musicalité servent admirablement le rôle de la servante prévenante de Cio-Cio-San.
Dominant incontestablement la distribution, la soprano coréenne Min-Hee Jeong (Cio-Cio San) s'investit avec générosité dans un rôle qu'elle avait déjà chanté sur cette même scène en 2000. Très musicienne, ne cherchant jamais à écraser ses collègues, en totale possession du personnage (elle l'a chanté plus de soixante fois dans sa carrière), elle ne ménage pas son énergie pour lui donner corps. Vocalement, si ses aigus sont systématiquement trop bas, le spectre vocal est d'une bonne tenue. Si on peut lui regretter une certaine froideur expressive, on se souviendra des très beaux instants qu'elle livre dans son émouvant duo avec Sharpless dans la scène de la lettre et des attendus « Un bel di vedremo » et « Tu, piccolo Iddio ».
Le Chœur de l'Opéra Théâtre de Besançon montre ses limites techniques dans le chœur à bouches fermées, qu'il n'a pu offrir tel que Puccini le désirait, c'est-à-dire «à bouches closes». De son côté, l'Orchestre de Besançon-Franche-Comté s'est haussé à un bon niveau d'ensemble se montrant tout à fait capable de donner du support au plateau vocal. La très musicale direction de Dominique Trottein n'est pas étrangère à tout cela.
Crédit photographique : © Opéra Théâtre de Besançon / Yves Petit
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Besançon, Opéra-Théâtre. 4-V-2007. Giacomo Puccini (1858-1924) : Madama Butterfly, tragédie japonaise en trois actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa. Mise en scène, décors, costumes et lumières : Didier Brunel. Assistante de mise en scène : Marina Niggli. Avec Min-Hee Jeong, Madama Butterfly (Cio-Cio-San) ; Mickaël Fischi, Pinkerton ; Kyung Il Ko, Le Bonze ; Raphaël Brémard, Goro ; Loïc Guguen, Sharpless ; Patrice Lamure, Yamadori, le Commissaire Impérial ; Marie Kalinine, Suzuki ; Estelle Kaïque, Kate Pinkerton. Chœurs de l’Opéra Théâtre de Besançon, Orchestre de Besançon-Franche-Comté, direction : Dominique Trottein