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Dijon. Auditorium. 4-IV-2007. Arcangelo Corelli (1653-1713) : Concerti grossi op. 6 n°4 en ré majeur & n°3 en ut mineur ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Concerto grosso en la mineur op. 6 n°4 pour cordes et basse continue ; Jean-Marie Leclair (1697-1764) : Concerto pour violon, cordes et basse continue en sol mineur op. 10 n° 6 ; Antonio Vivaldi (1678-1741) : Concerto pour violon, cordes et basse continue en ut majeur RV 187 ; Concerto « grosso Mogul » pour violon, cordes et basse continue en ré majeur RV 208. Viktoria Mullova, violon ; Il Giardino Armonico, direction : Giovanni Antonini.
Viktoria Mullova, Il Giardino Armonico
Pour le grand public mélomane, Il Giardino Armonico, ce sont ces musiciens italiens qui, il y a bientôt une quinzaine d'années « sortaient » cette véritable bombe discographique que fut leur enregistrement des Saisons de Vivaldi. LA version qui dépote ! (Pour parler en termes de jardinage). Et il est vrai que cela changeait considérablement les habitudes d'écoute : nous nous trouvions alors plongés dans un tout autre monde que, par exemple, celui d'I Musici ou I Solisti veneti. Depuis, il y a eu surenchères, et il semble qu'on soit venu, un tantinet, marcher sur leurs plates-bandes. Les Fabio Biondi (du moins dans sa seconde version) et autre Nigel Kennedy ont estompé quelque peu les hardiesses primitives…. Tant et si bien que les Giardino, taquinés sinon battus en brèche sur leur propre terrain et sans pour autant pasteller l'éclat de leurs couleurs propres, semblent cependant, aujourd'hui, avoir renoncé à l'effet-choc, privilégiant la musicalité, et donc la finesse d'exécution, la qualité des phrasés, le raffinement sonore ; et on leur en sait gré.
Quant à leur partenaire, soliste de cette soirée, la violoniste Viktoria Mullova, star désormais reconnue et incontournable du violon, tout aussi à l'aise dans Bach, Vivaldi que dans Brahms ou Bartók, elle étonne déjà par la remarquable facilité qu'elle a de se couler dans le moule baroque transalpin, pour une réussite qui n'a rien à envier à celles des spécialistes de ce répertoire.
Le programme, qui présente déjà l'avantage de donner un intéressant aperçu de la musique concertante pour violon et cordes au XVIIIe siècle, reprend deux des concertos de Vivaldi, qui ont assuré le succès (bien mérité) du disque (ONYX 4001) réalisé l'an dernier par les mêmes artistes : l'ut majeur RV 187, en première partie, et le concerto dit « Grand Moghol » en ré majeur RV 208, en fin de concert. C'est donc dans ces deux pièces, ainsi que dans le concerto de Leclair que la « longue dame brune » avec son Jules (pas de méprise : il s'agit de son Stradivarius Jules Falk de 1723) donne à entendre un violon tour à tour lumineux, tendre et lyrique, impérieux – et impérial – dans la vélocité virtuose, jamais ostentatoire ou hégémonique, car parfaitement intégré à l'ensemble, que Giovanni Antonini conduit avec des gestes quasi chorégraphiques : toujours mobile, il caresse d'une main, sculpte de l'autre, attentif à chaque instrument. Tandis que la soliste se rit des difficultés cadentielles, la basse continue (clavecin, violoncelle parfois doublé du basson) n'est pas en reste d'expressivité. Et l'auditoire est sous le charme. L'orchestre jouant debout (sauf, évidemment, violoncelles, basson, luth et clavecin), on aura pu noter, au passage, la remarquable souplesse de genou du premier violon et de son vis-à-vis symétrique, le chef d'attaque des seconds violons….
Les concerti grossi encadrant judicieusement les pièces pour soliste dans les deux parties du programme, mettent plus spécialement en évidence des qualités d'orchestre propres aux Giardino. Outre celles, générales, déjà soulignées, les Corelli, surtout (mais aussi le Haendel) mettent en lumière un profond et sensible sens poétique ; tout particulièrement dans les mouvements lents (Adagio ou grave), et dans les mouvements vifs (par exemple, les allegros fugués), les archets nerveux, légers, jamais fébriles ou crispés, concourent à donner à l'auditeur le sentiment d'une musique gracieuse, chaleureuse, de belle alacrité, que l'agréable chatoiement des timbres conforte encore dans son bonheur d'écoute.
Nous retiendrons essentiellement, de cette soirée baroque, l'image d'une artiste attachante, au talent subjuguant : Viktoria Mullova, qu'on souhaiterait vivement voir revenir ici, et pourquoi pas, dans un autre répertoire. Quant aux Giardino Armonico, on se dit que voilà décidément un jardin « à l'italienne », véritable jardin de délices, au charme fou. Un jardin à cultiver…comme on le dit d'amitiés ou de relations qui vous sont chères ou précieuses.
Crédit photographique : © DR
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Dijon. Auditorium. 4-IV-2007. Arcangelo Corelli (1653-1713) : Concerti grossi op. 6 n°4 en ré majeur & n°3 en ut mineur ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Concerto grosso en la mineur op. 6 n°4 pour cordes et basse continue ; Jean-Marie Leclair (1697-1764) : Concerto pour violon, cordes et basse continue en sol mineur op. 10 n° 6 ; Antonio Vivaldi (1678-1741) : Concerto pour violon, cordes et basse continue en ut majeur RV 187 ; Concerto « grosso Mogul » pour violon, cordes et basse continue en ré majeur RV 208. Viktoria Mullova, violon ; Il Giardino Armonico, direction : Giovanni Antonini.