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Paris. Théâtre des Champs Élysées. 2-III-2025. Jin Xing Dance Theater Shanghai : Wild Flowers. Chorégraphie : Arthur Kuggeleyn. Musique : Christian Meyer. Costumes : Jin Xing. Lumières : Wan Peng. Avec les danseurs du Jin Xing Dance Theater Shanghai
Un travail chorégraphique remarquable pour un spectacle annonciateur des douceurs du printemps : c'est ce nous a proposé la compagnie Jin Xing Dance Theater avec Wild Flowers, deuxième programme proposé au Théâtre des Champs-Elysées à Paris, après Trinity.
La chorégraphe chinoise Jin Xing a travaillé pendant quatre années avec le chorégraphe néerlandais Arthur Kuggeleyn pour créer cette pièce pour 17 danseurs, Wild Flowers. Ce qui les a réunis : la puissance de la nature, celle de ces fleurs et végétaux qui trouvent la force de pousser au milieu du béton durci. Car c'est ce thème plutôt insolite qui a inspiré les créateurs : celui des fleurs sauvages, tenaces et résilientes, qui parviennent à éclore dans les milieux les plus hostiles.
D'entrée, le spectateur est placé dans le souffle du vent et sous la lumière crue de la pierre. Nous avons perdu notre nature, nous sommes ensevelis sous une montagne de déchets, nous assène une voix venue d'outre-tombe. Pourtant, sous le cône de lumière, le groupe compact s'anime en de lancinants mouvements de têtes. Les corps deviennent roseaux, les bras et les cheveux des danseuses autant de feuilles au vent. La musique obsédante et répétitive de Christian Meyer nous entraîne dans une chorégraphie complexe et aussi terriblement subtile.
Le groupe laisse place à un duo qui bientôt se noie dans les traversées des danseurs. En larges et fluides mouvements de hanches, les bras ondulent et sans nous en rendre compte, la scène se métamorphose encore dans un nouveau tableau. La métaphore du monde végétal est finement suggérée : les mouvements des danseurs sont à la fois si semblables et si différents. Les bras sont autant de branches ou de fleurs bercées par le vent, tandis que ceux d'un duo de danseurs sont comme des fibres végétales qui s'enroulent autour d'elles mêmes en poussant vers le ciel.
Mais le groupe se reforme aussi vite qu'il s'est déformé. Ce sont maintenant des compositions par deux ou par trois qui se muent de groupes compacts en diagonales, de lignes qui s'étirent en individus isolés. Le mouvement se fait marche. Ce sont autant de nano mouvements qui recomposent la scène en permanence et nous surprennent. Bien que les corps bougent à peine, la transformation est perpétuelle.
Puis la danse persistante devient colère ; elle évolue en un cri de victoire vers la lumière. Les mouvements des danseurs deviennent plus acrobatiques, les corps des danseuses deviennent comme des bambous parfaitement tendus qui s'abattent dans les bras de leur partenaire, leurs jambes en arabesques parfaites cadencent le rythme des saisons. Les portés deviennent délicieusement déjantées dans un joyeux chaos enfumé par le brouillard et la lumière orangée de la ville.
Le tableau final reprend les codes de la théâtralité asiatique par la révélation de la symbolique : une danseuse amène la branche fleurie célébrée par le ballet. La procession apporte le graal : l'eau de la vie, si précieuse au rythme de la sève et dont va se rassasier la danseuse en front de scène. Le groupe se compacte alors à nouveau, soudé autour de la lumière.
On retrouve dans ce ballet résolument contemporain les codes actuels de la répétitivité, chers à Arthur Kuggeleyn qui a développé ce style unique nommé « Trance Dance ». Avec une énergie subtile et revigorante, il n'est pas question ici de se soumettre à la médiocrité mais d'affirmer avec audace la liberté de s'épanouir.
Crédits photographiques : © Théâtre des Champs-Élysées / Jin Xing Dance Theatre
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Paris. Théâtre des Champs Élysées. 2-III-2025. Jin Xing Dance Theater Shanghai : Wild Flowers. Chorégraphie : Arthur Kuggeleyn. Musique : Christian Meyer. Costumes : Jin Xing. Lumières : Wan Peng. Avec les danseurs du Jin Xing Dance Theater Shanghai