Sous le soleil nordique des mélodies d’Agathe Backer Grøndhal

La soprano Karen Vourc'h et la pianiste Anne Le Bozec nous plongent au coeur du romantisme nordique avec les mélodies et pièces pour piano de la compositrice norvégienne Agathe Backer Grøndhal, amie d'Edvard Grieg.

Au royaume des femmes compositrices à redécouvrir, voici la norvégienne Agathe Backer Grøndhal (1847-1907). Amie d'Edvard Grieg (1843-1907), pianiste renommée en son temps, qui reçut notamment les louanges du critique Georges Bernard Shaw, la comparant à Clara Schumann, Agathe Backer Grøndhal reste cependant un nom quasi inconnu des discographies malgré près de 400 compositions, dont 258 mélodies.

Atteinte de surdité dès l'âge de 30 ans, Agathe Backer Grøndhal vit sa carrière de concertiste interrompue prématurément et fut contrainte de se refermer sur sa vie familiale. « Quand je pense à ce que j'aurais pu accomplir si je n'avais pas mené cette vie étroite et fermée, je suis emplie de tristesse », écrit-elle amèrement dans l'une de ses correspondances.

Saluons donc la soprano Karen Vourc'h et la pianiste Anne Le Bozec qui sortent de l'ombre une œuvre fort attachante. Comme son compatriote Edvard Grieg, les pièces d'Agathe Backer Grøndhal sont imprégnées du folklore de sa terre natale, de l'univers des contes et légendes, de la nature et de la lumière particulière de ces terres boréales.

Les titres des mélodies sont d'ailleurs particulièrement explicites : Gouttes de rosée, Impression d'automne, Murmure de la mer, ou encore La Nuit de Walpurgis.

Nous sommes ici en plein romantisme, et les influences de Robert Schumann ou Felix Mendelssohn se font particulièrement sentir. Que ce soit dans le côté très Romances sans parole des Fantasistykker op.36, la ronde elfique d'Alfeleg, ou encore les très schumaniennes Ballade op. 36 et le lied Den vildene fugl (L'oiseau sauvage) op.65.

Mais l'écriture d'Agathe Backer Grøndhal peut aussi se faire plus grave comme dans le wagnérien Skyggekys (Baiser d'ombre) op.31 ou le très surprenant et quasi atonal Der star en Sorg (Là est un chagrin) op.46.

La soprano Karen Vourc'h, elle-même d'origine norvégienne, s'engage avec sincérité dans ce répertoire méconnu et intimiste, qui aurait sans doute mérité un timbre au vibrato moins appuyé. Mais la pianiste Anne Le Bozec est le soutien idéal dans des pièces où le piano est extrêmement présent. Le plaisir de la découverte, lui, reste intact.

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