Saldana et Drillet proposent un requiem politique déjanté à Chaillot
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Paris. Théâtre de Chaillot. 8-I-2025. Marlène Saldana et Jonathan Drillet. Les chats (ou ceux qui frappent et ceux qui sont frappés). Création musicale : Laurent Durupt. Scénographie : Théo Mercier. Costumes : Jean Biche. Masques : Vanessa Riera. Interpètes : Alina Arshi, Jonathan Drillet, Mai Ishiwata, Christophe Ives, Dalila Khatir, Aurélien Labenne, Mark Lorimer, Guillaume Marie, Marlène Saldana, Stephen Thompson, Charles Tuyizere.
Avec Les chats (ou ceux qui frappent et ceux qui sont frappés), le duo Marlène Saldana et Jonathan Drillet s'attaque à notre société de consommation, nos politiciens, notre égoïsme… Pour débattre de tous ces sujets, une dizaine d'interprètes adoptent les attitudes et l'apparence de chats.
Les chats (ou ceux qui frappent et ceux qui sont frappés) est une pièce aussi inclassable que ses deux créateurs, Marlène Saldana et Jonathan Drillet. Ces deux artistes complets, remarqués notamment pour leur création précédente (Showgirls), mettent en scène une dizaine de chats-philosophes qui se posent tour à tour des questions existentielles et souvent très engagées. Tout y passe : de l'asservissement à l'écologie, en passant par les dérives du consumérisme ou du capitalisme. Pièce parlée, chantée, dansée, jouée, Les chats brassent de nombreux sujets graves et tous azimuts, sur un mode comique ou revendicatif, parfois même militant. Tel chat dresse la (très longue) liste des espèces animales disparues, quand tel autre s'interroge sur leur dépendance. Un chat souhaite changer le monde quand son frère ne pense qu'à ronronner sous les caresses de « maman ». Selon le sujet évoqué, il y a les pour et les contre ; certains préfèrent rester dans leurs certitudes ou leur confort sans se poser de questions, tandis que d'autres souhaitent changer le monde, voire faire la révolution par l'action radicale. Les personnalités se dessinent : le chaton mignon, la chatte rêveuse ou joueuse, le révolté, … Au fur et à mesure de la pièce, des noms sont égrenés et l'on comprend que « maman », la maîtresse des chats que l'on ne voit jamais mais qui est souvent évoquée, n'est autre que Marine Le Pen, désormais installée à l'Élysée, où transitent de nombreux politiciens et personnalités. On bascule ainsi dans la politique-fiction, où se mêlent le vrai et le faux, non sans semer le trouble.
L'idée est intéressante, le parti pris de mettre en scène des chats également, d'autant que la gestuelle des félins est très bien rendue par les interprètes, mais la pièce tire en longueur. Si certains passages sont franchement drôles, d'autres manquent de finesse et le spectacle de deux heures semble alors interminable. Les citations s'enchaînent, les danses et les chansons aussi, de plus en plus sentencieuses, de plus en plus radicales. Dommage car les chats, facétieux et drôles mais surtout bavards et moralisateurs, finissent par lasser. On ne manquera cependant pas de suivre le duo Saldana-Drillet, deux artistes qui se renouvellent et surprennent à chaque spectacle, jamais là où on les attend.
Crédit photographique : @Ph. Lebruman
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Paris. Théâtre de Chaillot. 8-I-2025. Marlène Saldana et Jonathan Drillet. Les chats (ou ceux qui frappent et ceux qui sont frappés). Création musicale : Laurent Durupt. Scénographie : Théo Mercier. Costumes : Jean Biche. Masques : Vanessa Riera. Interpètes : Alina Arshi, Jonathan Drillet, Mai Ishiwata, Christophe Ives, Dalila Khatir, Aurélien Labenne, Mark Lorimer, Guillaume Marie, Marlène Saldana, Stephen Thompson, Charles Tuyizere.