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La Force du Destin ouvre la saison de la Scala de Milan

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Milan. Teatro alla Scala. 19-XII-2024. Giuseppe Verdi (1813-1901) : La Force du Destin, opéra en quatre actes sur un livret de Francesco Maria Piave d’après Angel de Saavedra. Mise en scène : Leo Muscato. Scénographie : Federica Parolini ; Costumes : Sylvia Aymonino. Lumières : Alessandro Verazzi. Chorégraphie : Michela Lucenti. Avec : Fabrizio Beggi, Marquis di Calatrava ; Anna Netrebko, Donna Leonora ; Ludovic Tézier, Don Carlo di Varga ; Brian Jagde, Don Alvaro ; Vasilisa Berjanskaïa, Preziosilla ; Alexandre Vinogradov, Padre Guardiano ; Marco Filippo Romano, Fra Melitone ; Carlo Bosi, Trabuco ; Marcela Rahal, Curra. Chœur et Orchestre du Teatro alla Scala, direction : Riccardo Chailly

Cette nouvelle production de La Force du Destin de , dirigée par , ouvre la saison lyrique de la Scala de Milan dans une mise en scène de , servie par une distribution vocale associant , et dans les rôles principaux.

Attendue par tous les lyricomanes, la Saint-Ambroise, le 7 décembre, marque le début de la saison à la Scala de Milan : cette année La Force du Destin de Guiseppe Verdi a les honneurs de la « Prima » après 23 ans d'absence sur la scène scaligère. Un opéra dont la genèse fut particulièrement laborieuse ce dont témoigne la découverte récente du livret original copieusement raturé par Piave et Verdi. Sa dramaturgie, un peu complexe, s'organise autour des thèmes de la guerre, de la vengeance et de la passion dans un mélange de tragique et de comique, marqué du sceau de la malédiction (le baryton Leonard Warren mourut sur scène dans le rôle de Carlo au MET en 1960).

Bénéficiant fréquemment de scénographies et de costumes somptueux, les mises en scène milanaises s'inscrivent le plus souvent dans la tradition ; celle de n'échappe pas à la règle. Éludant la composante raciale autour de laquelle nombre de metteurs en scène, à l'instar de Tobias Kratzer, ont développé leur propos, reste centré sur les méfaits de la guerre qui se perpétue quelles que soient les époques pour demeurer omniprésente sur le plateau, suivant la marche inexorable du temps et du Destin symbolisée par une grande tournette évoluant dans le sens antihoraire qui n'aura de cesse que de broyer les destinées des personnages principaux, jusqu'à la mort. La belle scénographie de Federica Parolini se décline en une succession de quatre époques chronologiques correspondant chacune à un acte : la résidence du Marquis de Calatrava, à l'acte I (le meurtre) ; un campement militaire et un couvent à l'acte II (la fuite) ; un nouveau campement de soldats sous la neige et une infirmerie de campagne à l'acte III (la rencontre et le défi) ; de nos jours dans un campement de réfugiés à l'acte IV (la mort). La direction d'acteurs est soignée et pertinente, sans temps morts, d'une parfaite lisibilité, valorisée par des éclairages et des costumes idoines.

Dans la fosse, la direction de est enthousiasmante : après une ouverture très théâtrale, nuancée, impérieuse, urgente et chargée de sensualité, ponctuée de superbes prestations solistiques (vents, cuivres et percussions), le discours se poursuit en osmose avec la dramaturgie qu'il exalte à l'envi veillant à maintenir un équilibre souverain avec les chanteurs et les chœurs, que le maestro encourage de son chant. Autant de caractéristiques d'une direction  qui recueillera tous les suffrages du public au moment des saluts.

Le casting vocal est également à la hauteur de la « Prima ». en Leonora emporte la mise par son timbre d'une sublime rondeur, par ses aigus filés, son large ambitus, ses graves bien timbrés et son admirable legato avec un « Pace, pace » d'anthologie à vous tirer les larmes. n'est pas en reste : habité de vengeance, il campe un Carlo tout de noirceur, d'une grande présence scénique et vocale réunissant puissance, diction, timbre de bronze et souffle infini, matérialisés dans un formidable « Morir ! tremenda cosa- Urna fatale » longuement applaudi. , revenu de son court congé de paternité, est un Alvaro de belle tenue au timbre rayonnant, souffrant par moment d'une certaine rigidité de la ligne de chant. Parmi les seconds rôles, on retiendra la belle basse, pleine d'autorité et de compassion d' (Padre Guardino), la pétulante et bien chantante, malgré un vibrato assez marqué, (Preziosilla), l'inénarrable comique de en Fra Melitone, sans oublier le fugace Marquis de Calatrava (), ni le Trabuco de . Le chœur de la Scala, fidèle à sa réputation complète avec bonheur cette nouvelle production milanaise.

Crédit photographique : © Brescia e Amisano / Teatro alla Scala  

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Milan. Teatro alla Scala. 19-XII-2024. Giuseppe Verdi (1813-1901) : La Force du Destin, opéra en quatre actes sur un livret de Francesco Maria Piave d’après Angel de Saavedra. Mise en scène : Leo Muscato. Scénographie : Federica Parolini ; Costumes : Sylvia Aymonino. Lumières : Alessandro Verazzi. Chorégraphie : Michela Lucenti. Avec : Fabrizio Beggi, Marquis di Calatrava ; Anna Netrebko, Donna Leonora ; Ludovic Tézier, Don Carlo di Varga ; Brian Jagde, Don Alvaro ; Vasilisa Berjanskaïa, Preziosilla ; Alexandre Vinogradov, Padre Guardiano ; Marco Filippo Romano, Fra Melitone ; Carlo Bosi, Trabuco ; Marcela Rahal, Curra. Chœur et Orchestre du Teatro alla Scala, direction : Riccardo Chailly

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