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Opéra Bastille, Paris. 12/XII/24. Ballet de l’Opéra de Paris : Paquita.
Musique : Edmé-Marie-Ernest Deldevez (1817-1897), Ludwig Minkus (1826-1917). Arrangements et orchestration : David Coleman. Livret : Paul Foucher, Joseph Mazilier. Adaptation et chorégraphie : Pierre Lacotte, d’après Joseph Mazilier, Marius Petipa. Décors et costumes : Luisa Spinatelli. Lumières : Philippe Albaric
Les Étoiles, les Premières Danseuses, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra. Avec la participation des élèves de l’École de Danse.
Orchestre de l’Opéra national de Paris. Direction musicale : Mikhail Agrest
Paquita, de retour à l'Opéra de Paris pour les fêtes de fin d'année, affiche un triple héritage sous l'égide de trois chorégraphes successifs. Il offre aux danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris l'occasion de briller dans un divertissement à la fois romantique et flamboyant.
Après près d'une semaine de grève, les danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris, ont suspendu, puis finalement levé leur préavis et repris le chemin de la scène. Avec un total de cinq représentations annulées et remboursées aux spectateurs (quatre pour Paquita et une pour Play), le montant de la perte est de 1,2 million d'euros. Une somme pourtant essentielle au bon fonctionnement de l'Opéra de Paris, dont l'équilibre entre subventions publiques et recettes privées est toujours difficile à trouver.
Retour donc à l'Opéra Bastille une semaine après la Première ajournée, pour découvrir dans cette splendide distribution une nouvelle génération qui s'empare des rôles de Paquita et de Lucien D'Hervilly, mais aussi des longues séquences dansées et virtuoses qui émaillent ce ballet historique qui n'avait pas été repris depuis 2015. Malgré la transposition sur une scène plus large, qui a nécessité d'agrandir les toiles de scène – le ballet, conçu pour le Palais Garnier est en effet proposé pour la première fois à l'Opéra Bastille – Paquita conserve une grande fraîcheur. Les danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris font preuve à la fois de modestie et d'authenticité, dans ces rôles légers et primesautiers, à l'esprit romantique.
Valentine Colasante incarne la jeune et jolie Paquita, qui vit sous la coupe d'Iñigo, le chef des gitans (dansé par Pablo Legasa). Elle croise la route de Lucien D'Hervilly, sous les traits ici de Guillaume Diop. Celui-ci est promis à Doña Serafina, alias Naïs Dubosq, fille de Don Lopez de Mendoza (Matthieu Boto) qui voue en réalité aux Français une haine féroce. Il faut en effet replacer ce ballet dans le contexte de sa création en 1846, par Joseph Mazilier sur une musique de Delvedez, en pleine époque romantique, et repris l'année suivante au Théâtre Bolchoï par Marius Petipa, qui en donnera une nouvelle version en 1881 sur une nouvelle partition de Minkus, à l'acmé de la danse impériale russe. De Carlotta Grisi à Anna Pavlova, les plus grandes danseuses auront incarné Paquita.
Paquita évoque l'occupation de l'Espagne par les troupes napoléoniennes, que représentent ici la famille D'Hervilly, qui revient rendre hommage à Charles d'Hervilly, disparu lors d'une bataille, avec sa femme et sa fille, en réalité kidnappée. C'est Paquita. Une dimension historique conservée et magnifiée par Pierre Lacotte, artisan en 2001 d'une reconstitution minutieuse et flamboyante du ballet.
Triple héritage donc que ce ballet, qui résume à lui seul la qualité de l'école de danse française, relevé avec éclat par un corps de ballet au plus haut niveau. On doit notamment à Marius Petipa le Pas de trois du 1er acte, véritable morceau de bravoure interprété ici par Inès McIntosh, Marine Ganio et Francesco Mura. L'excellence de la première et le métier de la seconde, épaulés par la solidité de Mura, font des étincelles. Netteté, précision, tout est parfaitement carré, avec un zeste de brillance.
Tout aussi saisissant est le Grand Pas du 2ème acte, un divertissement virtuose (et très éprouvant pour les danseurs) ajouté par Petipa également et largement remanié par Pierre Lacotte. On y voit l'assurance de Valentine Colasante, qui enchaîne sans faiblir les fouettés, et la légèreté de Guillaume Diop, tant dans sa variation que dans son manège final. Le Pas de trois et le Grand Pas étaient tout ce qui restait connu de la version de Petipa à l'époque où Pierre Lacotte entrepris de la remonter. Un travail de reconstitution titanesque pour retrouver ou réinventer les parties perdues.
Divertissant, le ballet inclut également beaucoup de pantomime, comme le deuxième tableau de l'Acte I. Dans la maison gitane d'Iñigo, brigands et traitres se croisent pour ourdir un complot contre le jeune Lucien. Paquita parvient à le déjouer, ce qui la rapproche du jeune officier. La pantomime occupe la totalité du tableau, et les talents d'acteur des danseurs sont fortement sollicités pour faire comprendre au public les dangers que court Lucien. Valentine Colasante, Lucien d'Hervilly, Pablo Legasa et Matthieu Boto en sont les principaux protagonistes.
Le ballet fait aussi la part belle aux divertissements purs, comme le Pas des manteaux au 1er acte, qui était initialement dansé par des femmes travesties en hommes, et que Lacotte fait danser par des danseurs masculins. Les élèves de l'école de danse de l'Opéra de Paris interprètent au deuxième acte une longue Polonaise, basée sur les danses de caractère qu'ils apprennent au cours de leur scolarité. Un interlude qui permet aux danseuses du corps de ballet de changer de costume pour le Grand Pas.
L'ensemble du spectacle forme un très bel hommage à deux grandes périodes de la danse au XIXème siècle, mélangeant l'héritage français et l'école russe, et la reconstitution que Pierre Lacotte en a fait il y a plus de vingt ans est inaltérable.
Crédits photographiques : © Maria Helena Buckley / Opéra national de Paris
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Opéra Bastille, Paris. 12/XII/24. Ballet de l’Opéra de Paris : Paquita.
Musique : Edmé-Marie-Ernest Deldevez (1817-1897), Ludwig Minkus (1826-1917). Arrangements et orchestration : David Coleman. Livret : Paul Foucher, Joseph Mazilier. Adaptation et chorégraphie : Pierre Lacotte, d’après Joseph Mazilier, Marius Petipa. Décors et costumes : Luisa Spinatelli. Lumières : Philippe Albaric
Les Étoiles, les Premières Danseuses, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet de l’Opéra. Avec la participation des élèves de l’École de Danse.
Orchestre de l’Opéra national de Paris. Direction musicale : Mikhail Agrest