« Quand tout semble instable et transitoire, l'art demeure, tel une boussole fiable » nous dit Pierre Audi en introduction de sa nouvelle saison du Festival d'Aix en Provence, alors que la tempête politique en France se déchaîne de nouveau.
Cinq spectacles mis en scène sont annoncés dans une programmation qui repose « comme une table sur quatre pieds » : Mozart, du baroque, de la musique du tournant des XIX-XXe et de la création. Au théâtre de l'Archevêché, Simon Rattle dirigera Don Giovanni, son premier opéra de Mozart à Aix. dans une première mise en scène à l'opéra du Britannique Robert Icke qui officie habituellement au théâtre. André Schuen sera Don Giovanni. Dans Louise, rareté de Charpentier, le rôle-titre sera incarné par Elsa Dreisig dans une nouvelle production de Christof Loy. Giacomo Sagripanti dirigera le chœur et l'orchestre de l'Opéra de Lyon dans cette coproduction avec le Palazzetto Bru Zane. Pour la première fois à Aix sera donnée l'opéra de Cavalli, La Calisto. Sébastien Daucé, qui en assurera la direction musicale, loue cette œuvre à la racine du beau chant italien, la splendeur et la perfection du livret, son rythme réjouissant. Alex Rosen tiendra le double rôle très exigeant de Jupiter et Jupiter en Diane. La mise en scène sera signée par la Néerlandaise Jetske Mijnssen. La commande et création mondiale du festival, en coproduction avec la Fondation Luma, l'Ircam et Royaumont, sera un opéra de chambre de la compositrice Sivan Eldar, associée à la chanteuse de tradition indienne Ganavya Doraiswamy, également poète. The Nine Jewelled Deer, œuvre pleine de spiritualité et de compassion, convoquera cinq instruments, deux voix et de l'électronique dans une mise en scène de Peter Sellars. En création mondiale également, un opéra de chambre en forme de théâtre musical d'après Britten : The Story of Billy Budd, sailor. Ce nouvel objet musical du festival, approuvé par la fondation Britten, ne refait pas l'orchestration de l'œuvre du compositeur mais renforce ses différentes textures pour travailler sur l'intensité du drame et la psychologie des personnages. Pour le metteur en scène Ted Huffman qui signe aussi l'adaptation musicale avec le compositeur Oliver Leith, le cadre du Théâtre du Jeu de Paume devrait se prêter particulièrement bien à ces intentions.
Deux opéras en version de concert seront donnés : Les Pêcheurs de perles qui verra le retour à Aix de Marc Minkowski et La Forza del Destino mené par Daniele Rustioni et les forces de l'Opéra de Lyon, dans une première coproduction avec les Chorégies d'Orange – une collaboration sûrement amenée à se reproduire pour toucher un plus large public. Des versions de concert qui permettent aussi de faire revenir un certain public, lassé des mises en scène contemporaines et qui trouve ici son bonheur de mélomane, indique Pierre Audi.
Année Boulez oblige, plusieurs propositions – particulièrement avec le Quatuor Diotima – viendront ponctuer la programmation du festival autour du compositeur qui a marqué l'histoire du festival. (NF)