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L’America de Donald Trump à l’Opera Grand Avignon

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Opéra Grand Avignon, Avignon. 30-XI-2024. Ballet de l’Opéra Grand Avignon : America. Chorégraphie, mise en scène, montage son, création lumières, costumes : Martin Harriague
Création vidéo : Steeve Calvo et Martin Harriague. Assistants chorégraphes : Nadav Gal et Mathieu Geffré. Régie vidéo : One way et Steeve Calvo. Réalisation décor et costumes : Opéra Grand Avignon. Ballet de l’Opéra Grand Avignon. Maîtresse de Ballet : Brigitte Prato. Régisseur du Ballet : Michele Sort.

Le tout nouveau directeur du Ballet de l'Opéra Grand Avignon, , poursuit son obsession pour Donald Trump avec sa re-création America pour quatorze danseurs.

Le chorégraphe, qui occupe pour la première fois le poste de directeur artistique de Ballet, a fait de Donald Trump un personnage de théâtre. Déjà traité dans des pièces précédentes du chorégraphe d'origine basque, l'ascension fulgurante du magnat américain est mise en scène très efficacement dans America, un spectacle qui agit comme un coup de poing, tant il contient de colère et de brutalité symbolique.

Grâce à un montage vidéo des discours les plus emblématiques de Donald Trump, comme son discours d'investiture en 2016 ou celui qu'il prononça suite à son élection, en novembre 2024, décortique la rhétorique de Trump. Ces mots, toujours les mêmes (Violence, Evil, Love, God, Walls, Hatred, America, Safer, Sronger…), sont répétés à l'envie et servent de base rythmique à la chorégraphie. Dans plusieurs séquences, les danseurs s'emparent de la gestuelle du président élu et la dupliquent, lui donnant un effet saisissant. La chorégraphie se nourrit ainsi des samples des mouvements emblématiques du prochain 47ème Président des États-Unis d'Amérique : poing levé, petite gigue avec les bras, et même le geste de protection et de rage lors de sa tentative d'assassinat en juillet 2024 en Pennsylvanie.

Malgré lui, Donald Trump version 2016 et version 2024 devient donc le « héros » de ce ballet, ou plutôt l' »antihéros », tant la charge est virulente. Au-delà du raccourci saisissant de l'histoire américaine en marche, depuis la conquête d'un territoire appartenant aux indiens jusqu'aux migrations contemporaines, le travail dramaturgique mené par témoigne d'une observation fine de la politique des Etats-Unis et de son principal protagoniste, ainsi que de ses soutiens – jusqu'à évoquer l'assaut sur le Capitole en 2020 à travers la figure parodique du trappeur.

Les costumes, réalisés par les ateliers de l'Opéra Grand Avignon, permettent aux personnages de passer de manifestants pour les droits civiques à supporters de Trump, ou d'incarner des migrants essayant d'entrer illégalement aux États-Unis. Deux des passages les plus poignants sont d'ailleurs le solo introductif, par , sur la chanson « Mississipi Goddamm » de Nina Simone, et le monologue d'Ari Soto, danseur mexicain, qui témoigne du martyr enduré par ses compatriotes, sans oublier l'évocation de l'attentat du Bataclan à Paris, en novembre 2015.

Pour construire ce nouveau spectacle, Martin Harriague s'est en effet appuyé sur deux précédentes pièces : Walls, créé en 2019 pour la compagnie basco-espagnole Dantzaz, qui raconte l'érection d'un mur infranchissable à la frontière mexicaine et ses conséquences pour les migrants, et Americaaa, créé en 2020 pour le Ballet de Leipzig. Il s'est également nourri de sa résidence de création au Baryshnikov Arts Center de New-York où il se trouvait en pleine élection américaine.

Autour de ce noyau, il a pris le temps et le soin de développer une implacable dramaturgie, dans une scénographie sobre : les rayures (stripes) géantes du drapeau américain en fond de scène, au début du spectacle, un mur d' écrans vidéo qui sert de support à la projection d'images d'archives, d'actualité ou des mots emblématiques ; et enfin le mur noir contre lequel se cognent les migrants.

Le rythme des discours et des mots « samplés » permet aux danseurs de développer des séquences dansées très syncopées, saccadées, avec une parfaite coordination et exécution. On pense aux procédés utilisé par Crystal Pite et Jonathan Young dans leurs pièces de danse-théâtre. La précision de la danse et la force de son interprétation, en particulier lors du solo introductif d', est une prouesse que Martin Harriague a pu réaliser en quelques semaines, avec la complicité des quatorze danseurs enthousiastes du Ballet de l'Opéra Grand Avignon, qui l'ont véritablement choisi parmi de nombreux candidats pour être leur directeur artistique.

Une collaboration fructueuse qui augure de nombreuses autres réussites, comme ce spectacle essentiel, déjà taillé pour l'international.

Crédit photographiques : © Studio Delestrade – Avignon

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Opéra Grand Avignon, Avignon. 30-XI-2024. Ballet de l’Opéra Grand Avignon : America. Chorégraphie, mise en scène, montage son, création lumières, costumes : Martin Harriague
Création vidéo : Steeve Calvo et Martin Harriague. Assistants chorégraphes : Nadav Gal et Mathieu Geffré. Régie vidéo : One way et Steeve Calvo. Réalisation décor et costumes : Opéra Grand Avignon. Ballet de l’Opéra Grand Avignon. Maîtresse de Ballet : Brigitte Prato. Régisseur du Ballet : Michele Sort.

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