Un Requiem allemand de Brahms superbement servi par Christian Thielemann et les forces viennoises
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Johannes Brahms (1833-1897) : Ein Deutsches Requiem op. 45. Elsa Dreisig, soprano ; Michael Volle, baryton ; Singverein de Vienne et Orchestre Philharmonique de Vienne, direction : Christian Thielemann. 1 Blu-ray C Major. Enregistré au festival de Salzbourg en 2023. Notice de présentation en anglais et allemand. Durée : 77:00
Unitel EditionServi par le Singverein de Vienne, l'Orchestre Philharmonique de Vienne, la soprano Elsa Dreisig et le baryton Michael Volle, ce Requiem allemand, dirigé par Christian Thielemann, capté au festival de Salzbourg 2023, pourrait bien concurrencer les références vidéo de Karajan et de Claudio Abbado avec le Philharmonique de Berlin.
On connaît la difficile genèse de ce requiem dont la composition s'étale sur plus de dix ans (1854-1868), reprise à l'occasion de différents épisodes douloureux survenus dans la vie de Brahms, comme la mort de Robert Schumann en 1856, ou encore la mort de sa mère en 1865. Probablement agnostique mais élevé dans le protestantisme luthérien, Brahms puise tout naturellement ses sources dans la bible de Luther, sans référence à une quelconque liturgie. Prière humble et confiante, ce requiem dramatiquement humain, héritier des cantates funèbres baroques de Schütz ou Bach, met l'accent sur la souffrance humaine, l'espérance et la consolation, pour s'achever dans la joie : « Béni soit leur chagrin, qu'ils en soient consolés », sans aucune référence au Christ, ni à la Résurrection. Plus immanent que transcendant, Brahms le créa, dans sa version initiale en six mouvements, le 10 avril 1868, à Brême. Au mois de mai de la même année, il ajouta le cinquième mouvement « Ihr habt nun Traurigkeit » consolidant l'architecture et l'équilibre de l'œuvre, autorisant ainsi sa création dans sa forme définitive le 18 février 1869 à Leipzig.
Déjà enregistré pour le label C Major en 2010 dans une interprétation remarquable avec les Münchner Philharmoniker, Christine Schäfer, Christian Gerhaher et le Chœur de la radio bavaroise, Christian Thielemann remet une fois encore sur le métier le Requiem Allemand de Johannes Brahms avec les forces viennoises, Elsa Driesig et Michael Volle. Un casting de luxe pour une interprétation qui ne l'est pas moins, menée par Christian Thielemann avec une grande intériorité et une gestique épurée.
Le premier mouvement « Selig sind, die da Leid tragen » voit la douce émergence du chœur au sein de sonorités graves (pédale d'orgue, cordes graves et cor). On admire d'emblée la clarté de la polyphonie, sa précision et les performances solistiques (hautbois, petite harmonie) dont la péroraison, riche de nuances, se charge d'une intense ferveur. Dans le deuxième mouvement « Denn alles Fleisch, es ist wie Gras » le phrasé se creuse pour devenir plus tourmenté, grave et urgent, scandé par les timbales, conduisant à un crescendo qui introduit Michael Volle pour sa poignante supplication « Herr, lehre doch mich, dass ein Ende mit mir haben muss ». Là encore on apprécie la profondeur et la sincérité de l'incarnation autant que la puissance et les nuances de son admirable baryton dans un dialogue serré avec le chœur tandis que s'intensifie la tension, la crainte et la colère. Plus apaisé, le quatrième mouvement « Wie lieblich sind deine Wohnungen, Herr Zebaoth » laisse la parole au chœur et à l'orchestre dans une communion symbiotique où se démarquent tout particulièrement les prestations individuelles du violon et du cor. Le cinquième mouvement « Ihr habt nun Traurigkeit » voit l'entrée en lice de la soprano Elsa Dreisig pour un ardent appel à la consolation porté par un timbre diaphane et une aisance vocale d'une facilité confondante. Plus engagé, orageux et chargé d'effroi, convoquant chœur, orchestre et baryton, le sixième mouvement « Denn wir haben hie keine bleibende Statt » évoque le Dies Irae de la liturgie catholique mais déçoit quelque peu par son manque de transparence orchestrale et une prise de son assez plate qui en pénalise l'impact émotionnel. Le septième mouvement « Selig sind die Toten » referme cette interprétation remarquable sur un dernier appel du chœur et de l'orchestre (harpe) à la consolation, à l'espérance et à la joie !
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Johannes Brahms (1833-1897) : Ein Deutsches Requiem op. 45. Elsa Dreisig, soprano ; Michael Volle, baryton ; Singverein de Vienne et Orchestre Philharmonique de Vienne, direction : Christian Thielemann. 1 Blu-ray C Major. Enregistré au festival de Salzbourg en 2023. Notice de présentation en anglais et allemand. Durée : 77:00
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