Un hommage complet à Jerome Robbins par le Ballet de Naples à Versailles
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Versailles. Opéra royal. 17-XI-2024. Ballet du Théâtre San Carlo de Naples : Jerome Robbins l’Eternel. Soirée de trois ballets : In the Night, Afternoon of a faun, En Sol. Chorégraphie : Jerome Robbins. Lumière : Kevin Briard. Avec : Giorgia Pasini et Salvatore Manzo (premier pas de deux), Martina Affaticato et Stanislao Capissi (deuxième pas de deux), Vittoria Bruno et Alessandro Staiano (troisième pas de deux), Karina Samoylenko et Emanuele Torre (Afternoon of a faun), Claudia D’Antonio et Danilo Notaro (En Sol). Avec le Ballet du Théâtre de San Carlo de Naples. Piano : Aniello Mallardo Chianese
L'Opéra Royal de Versailles, véritable écrin pour les productions scéniques, programme régulièrement des compagnies de danse. Le Ballet du Théâtre San Carlo de Naples est accueilli pour trois représentations exceptionnelles consacrées au répertoire de Jerome Robbins.
C'est à Clotilde Vayer, ancienne danseuse et maître de ballet de l'Opéra de Paris, directrice du Ballet San Carlo de Naples, que l'on doit le choix, pour mettre en lumière ses danseurs, de trois ballets notables de Jerome Robbins.
In the Night, créé en 1970, est constitué de trois pas de deux distincts pour signifier trois états amoureux qu'un couple peut traverser. Les deux premiers danseurs sont d'une vivacité que leur taille leur permet, avec une belle élévation de jambe et une souplesse maîtrisée de Giorgia Pasini. Son partenaire, Salvatore Manzo, dernièrement nommé danseur soliste, l'accompagne avec fougue. Le second pas de deux est plus incertain avec Martina Affaticato qui accuse quelques chutes de pointe et carambolages avec son partenaire, Stanislas Capissi, dont le hiératisme confine à la froideur. Enfin, le troisième pas de deux, censé illustrer la fougue et la passion dans le couple, est assurément le plus équilibré des trois, avec Vittoria Bruno et Alessandro Staiano, dont la cohésion dans le développement dansé et la symbiose dans le mouvement favorisent une très belle cohérence dans les pas. Le ballet se finit avec la rencontre de tous les couples sur le plateau, accompagné au piano par un très attentif Aniello Mallardo Chianese.
Après un premier entracte, le bel et trop court Afternon of a Faun se déroule dans une salle de cours de danse avec ses barres accrochées au mur et dont le public forme le quatrième mur. Emanuele Torre est absolument fabuleux dans ce que son aplomb a de baroque, avec de légers déhanchés et des mouvements de torse décalés qui amènent une certaine surprise. Alors qu'il est allongé au sol, en train de s'échauffer, apparaît une femme-muse à la blonde chevelure et aux formes affirmées qui ne peuvent qu'attirer le regard. La sensualité du couple devient rapidement manifeste avec une grande connivence physique et un bel art de la dynamique dans leur partenariat. Mais ce songe est rapide et une poignée de minutes plus tard, le dialogue se rompt, la danseuse s'éclipse et seul perdure le parfum d'une union physique dans les pensées du danseur solitaire.
Enfin, c'est En Sol, qui rappelle les bains marins de l'entre-deux-guerres sur le tableau d'une Méditerranée éblouissante sous un soleil écrasant. Sourires aux lèvres, regards aiguisés et corps en beauté suivent avec insouciance les trois mouvements du Concerto en sol aux accents jazzy de Maurice Ravel. Claudia D'Antonio (tout juste promue Étoile en janvier) a une belle prestance et entraîne dans des déboulés pris à toute vitesse un corps de ballet enthousiaste. Danilo Notaro est mature et apporte une sécurité à sa partenaire, formant idéalement un remède complet à la grisaille du mois de novembre.
C'est donc, malgré une soirée que l'on aurait aimé plus longue, une idée formidable que d'avoir invité cette troupe sur la scène de l'Opéra royal qui a le format idéal pour voir de la danse. Observer la tonicité de l'école italienne avec la rigueur de l'école française est d'un grand intérêt (on remarque çà et là le grand travail de propreté du bas de jambe, les positions très prononcées), dans un ensemble de ballets qui apporte successivement méditation et joie.
Crédit photographique : In the Night, En sol © Luciano Romano
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Versailles. Opéra royal. 17-XI-2024. Ballet du Théâtre San Carlo de Naples : Jerome Robbins l’Eternel. Soirée de trois ballets : In the Night, Afternoon of a faun, En Sol. Chorégraphie : Jerome Robbins. Lumière : Kevin Briard. Avec : Giorgia Pasini et Salvatore Manzo (premier pas de deux), Martina Affaticato et Stanislao Capissi (deuxième pas de deux), Vittoria Bruno et Alessandro Staiano (troisième pas de deux), Karina Samoylenko et Emanuele Torre (Afternoon of a faun), Claudia D’Antonio et Danilo Notaro (En Sol). Avec le Ballet du Théâtre de San Carlo de Naples. Piano : Aniello Mallardo Chianese