Le violon magique, ou le pouvoir démesuré de la musique raconté aux enfants

Casting de haut niveau pour cet album musical chez Auzou, avec Élodie Fondacci au texte, et le Sirba Octet avec l'Orchestre Victor Hugo Franche-Comté à la musique, sous la direction de Jean-François Verdier.

La très prolifique Élodie Fondacci avait fait paraître il y a un an chez le même éditeur un album consacré au Carnaval des animaux, avec l'Orchestre national de Lyon et Michel Vuillermoz. Elle remet ici le couvert, mais sans une œuvre musicale servant de canevas comme celle de Saint-Saëns. Ici, l'identité musicale est klezmer et tsigane, mais hélas nous n'en saurons pas plus : rien dans l'album ou sur le site de l'éditeur ne nous renseigne sur la musique jouée. Seuls les titres des différents morceaux, peu parlants, s'affichent sur la plateforme d'écoute en ligne où l'on aura choisi de suivre la piste audio. Car, c'est bien dommage, le confort d'écoute du CD n'est pas offert à l'auditeur, qui devra utiliser un abonnement payant sous peine, au mieux, de subir d'incessantes coupures de publicité.

Ceci dit, cet album ne manque pas d'ambition, avec ses généreuses plages orchestrales et les interventions bien dosées du Sirba Octet, seul ou avec l'orchestre, au service d'une histoire copieuse. Dans un royaume plongé dans la nuit par la disparition du soleil, un jeune garçon, Sasha, est envoyé par son grand-père Elijah à la recherche de l'astre bienfaiteur, armé d'un violon qui se révèle magique et lui permet de recruter des amis musiciens avant d'affronter le dragon de feu. La métaphore de la nuit, associée aux noms des personnages et à l'identité musicale, parle de manière évidente à qui possède les premiers rudiments d'histoire du XX^e siècle. Pour ce qui est du message plus universel et plus accessible aux enfants, celui de la musique comme un moyen de rassembler les hommes, on ne peut pas dire que le texte soit particulièrement original. Du point de vue d'adulte, les trois-quarts d'heure peuvent sembler un peu longs et l'histoire un peu délayée. Mais pour l'enfant, l'attention est captée sans peine par les images joliment colorées de Lucie Dessertine, qui jouent avec brio de l'opposition entre la lumière et l'obscurité, par le talent de conteuse d'Élodie Fondacci et par la musique omniprésente et très expressive, qui assurent efficacement l'illusion.

Cette parution, qui porte un message optimiste sur le pouvoir de la musique, peut également être découverte sans le son, avec le livre seul. Mais elle mérite aussi sûrement d'être vue sur scène : c'est d'ailleurs une commande de l'Orchestre Victor Hugo pour une série de concerts en décembre 2022 qui est à l'origine de ce projet.