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Paris. Ircam, espace de projection. 10.IV.2003 Ronchetti : Les Propos de Shitao, étude pour voix et cinq instruments (création mondiale) ; Hurel : Figures Libres ; Hervé : U-I ; Jarrell : Assonance VI. Mireille Deguy, mezzo-soprano ; Ensemble Court-Circtuit, direction : Pierre-André Valade
L'Ensemble Court-Circuit à l'Ircam
Court-Circuit s'est imposé ces dernières années comme l'un des ensembles instrumentaux les plus importants de la création musicale contemporaine. Le prestige de ses créateurs (le flûtiste/chef d'orchestre Pierre-André Valade et le compositeur Philippe Hurel) ainsi que l'excellence de ses instrumentistes en ont fait un vecteur de création et de diffusion, alternative à l'institution phare qu'est devenu l'Ensemble Intercontemporain.
La soirée s'est ouverte sur la création mondiale des Propos de Shitao de Lucia Ronchetti, qui a été l'élève de Salvatore Sciarrino, Gérard Grisey et François Lesure. Commande d'Etat, Les Propos de Shitao, « étude de densité musicale », s'inscrit indéniablement dans la lignée des Espaces acoustiques de Grisey par sa structure en arche et son traitement de la texture sonore. L'œuvre s'ouvre sur une forme de récitatif alternant un chant hésitant, butant sur les mots, et une expression plus lyrique, le tout en un jeu d'imitation de timbres entre voix et flûte (remarquable prestation de Jérémie Fèvre) qui va s'intensifiant peu à peu. La deuxième partie, formée de lignes mélodiques superposées entourant le récit recto tono du texte, semble, malgré son coté « désincarné », manquer de souffle et d'inspiration. La fin en revanche est une véritable étude de changements de timbres dans laquelle se ressent l'exemple des figuralismes et affetti du Cinquecento vénitien, notamment grâce à la diction sans failles de Mireille Deguy.
Figues Libres de Philippe Hurel concluait cette première partie de soirée. Cette pièce tripartite où planent les ombres de Messiaen et Ligeti est longue et répétitive. Le début est un mouvement perpétuel assez convenu entrecoupé de solos instrumentaux libres, proches de l'improvisation. S'enchaîne un mouvement lent, jeu de timbres et de résonances entre piano et percussion. La conclusion renvoie au début de l'œuvre avec ses séquences faites de longues plages sonores et sa polyphonie de gammes ascendantes de plus en plus resserrée, séparées par de violents solos de gong.
U-I est due à un autre ancien élève de Gérard Grisey, Jean-Luc Hervé. L'œuvre – dont les effectifs sont exclusivement constitués d'instruments médium-graves – se fonde sur trois « situations musicales » (plages extatiques, grappes de sons ascendantes et discours rythmique discontinu) qui, prises séparément, semblent banales tant leurs influences (Ligeti et Xenakis) sont frappantes, mais qui, peu à peu, s'enchevêtrent en une polyphonie complexe et originale, commentant un texte sporadiquement chanté. Après avoir atteint son point culminant, cette pièce s'éteint doucement sur un dialogue de plus en ascétique entre la voix et la contrebasse.
L'on ne présente plus Michael Jarrell, l'un des créateurs actuels les plus en vue, ni son cycle des Assonance (huit à ce jour). Assonance VI est une page courte et concise, à l'inventivité constante, fondée sur un jeu musical fluide qui exploite en peu de temps les diverses possibilités des instruments. L'ensemble Court-Circuit et Pierre-André Valade (dont la gestique rappelle celle de Pierre Boulez) semblent se jouer de cette extrême virtuosité et concluent avec maestria un concert où l'originalité était trop souvent confrontée à la banalité.
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Paris. Ircam, espace de projection. 10.IV.2003 Ronchetti : Les Propos de Shitao, étude pour voix et cinq instruments (création mondiale) ; Hurel : Figures Libres ; Hervé : U-I ; Jarrell : Assonance VI. Mireille Deguy, mezzo-soprano ; Ensemble Court-Circtuit, direction : Pierre-André Valade