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Munich. Nationaltheater. 22-X-2024. Le Parc. Ensemble of the Bayerisches Staatsballett. Chorégraphie : Angelin Preljocaj. Musique : Wolfgang Amadeus Mozart, Goran Vejvoda. Avec : Julian MacKay, Ksenia Shevtsova ; Bayerisches Staatsballett ; Dmitry Mayboroda, piano ; Bayerisches Staatsorchester, direction : Koen Kessels
Avec Ksenia Shevtsova et Julian MacKay, la troupe du Bayerisches Staatsballet en pleine reconstruction n'est pas encore à la hauteur des émotions complexes de la célèbre pièce d'Angelin Preljocaj, créée pour le Ballet de l'Opéra de Paris en 1994.
Le Parc de Preljocaj est un classique, et un classique instantané : dès sa création en 1994, on a su qu'il était là pour longtemps, et les dizaines de représentations dans sa maison natale ont bien confirmé que la pièce est bien plus qu'une aimable fantaisie mozartienne, même si cela participe de sa séduction immédiate. Le ballet est vite sorti de l'Opéra de Paris, d'abord pour des tournées de la troupe, mais aussi par d'autres compagnies. La dernière en date, la saison dernière, est le Ballet de Bavière, ce qui n'est guère surprenant quand on pense que son directeur, Laurent Hilaire, n'est autre que le créateur du rôle principal il y a plus de trente ans (lire notre interview). L'atmosphère française, d'ailleurs, continuera cette saison, puisque ce sera au tour de La Sylphide, dans la version parisienne de Pierre Lacotte, d'entrer au répertoire le 24 novembre prochain.
Le public munichois, lui aussi, répond présent, avec des salles pleines et un bel enthousiasme à la fin de la représentation. Le couple central est composé de Julian MacKay et de Ksenia Shevtsova, entrés respectivement en 2022 et 2023 – après les années chaotiques de la direction d'Igor Zelensky, il faut espérer que la troupe pourra se stabiliser plutôt que de faire venir saison après saison des étoiles venues d'ailleurs, mais la direction de Laurent Hilaire, commencée dans l'urgence après le départ de Zelensky causé par son silence après l'invasion de l'Ukraine, aura légitimement besoin de temps pour cela, pour construire l'identité dont la troupe a bien besoin.
On retrouve avec grand plaisir dans cette soirée tout ce qui fait la force de la pièce, qui joue la carte du Tendre sans mièvrerie, ces jardiniers impassibles et manipulateurs, ce jardin où la domestication de la nature est si poussée que toute végétation en a disparu, ces machines humaines si soumises à leurs prévisibles émotions. Ces émotions, justement, sont un peu ce qui manque dans cette soirée où la danse l'emporte un peu trop nettement sur le jeu. Les jardiniers ne sont pas en cause, concentrés et précis ; mais les solistes, eux, manquent un peu trop de personnalité, les solistes des différents actes comme le couple central. Julian MacKay, formé à l'Académie du Bolchoi, danse avec élégance, avec engagement, mais c'est comme si on ne voyait pas son visage ; Ksenia Shevtsova, qui fait ses débuts dans le rôle, parvient au fil de la soirée à dégager un peu plus d'émotion, à laisser voir les mouvements de son âme derrière le masque. Il faut espérer que la troupe fréquentera Le Parc encore longtemps : la pièce devrait être une bonne école pour développer les qualités scéniques que le ballet classique demande au-delà de la technique.
Crédits photographiques : © Nicholas MacKay
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