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Du son à la musique avec Clara Iannotta et l’EIC au Festival d’Automne

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Paris. Salle des concerts de la Cité de la musique. Clara Iannotta (née en 1983) : They just us grief-trees wailing at the wall (2024), Glass and Stone (2023-2024), Echo from Afar (II) (2022), A Stir among the Stars, a Makinq Way (2019-2020). Ensemble intercontemporain, Nicolò Umberto Foron, direction. Clara Iannotta, électronique. Clément Marie, ingénieur du son.

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, directrice artistique du Festival d'Automne 2024, travaille avec l' depuis une dizaine d'années. Rien de surprenant donc que ce dernier fasse son portrait ce soir avec quatre œuvres récentes, dont trois créations françaises, sous la direction de .

Comme le dit elle-même, sa musique naît souvent d'une expérience physique. Priment le son, mais aussi la lumière. Elle vit l'invention d'une nouvelle pièce comme un mode de connaissance de soi, le son, vital, substantiel, étant vécu comme tout ce que à quoi le langage parlé n'a pas accès. C'est pourquoi les textes de Dorothy Molloy (1942-2004), qui donnent leur titre aux œuvres entendues ce soir, la touche tout particulièrement. La poétesse irlandaise a lutté contre le cancer avant d'y succomber et s'est servi de ce sujet pour écrire sur la décomposition de son propre corps. They just us grief-trees wailing at the wall (2024) pour neuf musiciens et électronique reprend une phrase du poème « Death by poisoning » (« Mort par empoisonnement ») : « Elles nous ont laissé des arbres du souvenir / pleurant au pied du mur. » Dans cette étude sur le rythme, Iannotta joue « entre intérieur et extérieur du son », comprendre : les vibrations sonores d'un cluster initial s'extériorisent au gré de variations rythmiques. L'auditeur se trouve ainsi confronté à l'évolution à peine perceptible du son, en quelque sorte émietté entre les instruments et l'électronique, Iannotta aimant les textures granulaires et souhaitant qu'on fasse l'effort de « regarder » sa musique de plus près.

Glass and Stone (2023-2024) évoque un autre décès, celui de la mère de la musicienne, en 2023, d'où une théâtralisation à laquelle la compositrice s'est livrée par le montage de photos familiales projetées sur des panneaux mobiles, sur lesquelles elle a superposé des textes écrits de sa main, siens ou empruntés. Spasmodique et s'ouvrant sur un cri, la musique épouse la succession saccadée des images, comme les battements d'un cœur affolé par la violence de la perte de l'être cher et d'un monde à jamais révolu, celui de l'enfance. Ce déchirement de la musique et de l'image est porté par deux pianos, deux percussions et l'électronique. Le couplage fonctionne bien.

Echo from Afar (II) (2022), peut-être l'œuvre la plus étonnante et la plus belle ce soir, est aussi la plus touchante puisqu'elle se rapporte au cancer qu'a subi et vaincu la musicienne, devenue un temps son propre sujet musical. C'est une pièce planante qui évoque les effets asymptomatiques de la radiothérapie sur le corps, le modifiant de l'intérieur sans rien changer de son aspect. Cette force invisible est ici l'espace : la musique traverse différents champs sans perdre son unité.

A Stir among the Stars, a Makinq Way (2019-2020), le morceau convoquant le plus de musiciens, parle de la mue de l'araignée, métaphore de la chimiothérapie qu'a suivi Dorothy Molloy. Provoqué par la dialectique d'un présent tendu entre passé et avenir, une sorte de statisme prévaut ici pour un grand ensemble semblant immobilisé dans une sorte d'improvisation collective. Comme pour chacune des créations entendues ce soir, le son s'arrête brusquement, nous laissant finalement assez perplexe.

Crédit photographique : ©

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Paris. Salle des concerts de la Cité de la musique. Clara Iannotta (née en 1983) : They just us grief-trees wailing at the wall (2024), Glass and Stone (2023-2024), Echo from Afar (II) (2022), A Stir among the Stars, a Makinq Way (2019-2020). Ensemble intercontemporain, Nicolò Umberto Foron, direction. Clara Iannotta, électronique. Clément Marie, ingénieur du son.

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