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Tourcoing. Théâtre municipal. 9-X-2024. Œuvres de Franz Schubert (1797-1828), Robert Schumann (1810-1856), Johannes Brahms (1833-1897), Gustav Mahler (1860-1911), répertoires traditionnels tziganes, balkaniques et klezmers d’Europe centrale. Simon-Pierre Bestion, mise en scène, direction musicale et arrangements. Ensemble La Tempête : Amélie Raison (soprano), Helena Bregar (soprano et piano), Lia Naviliat-Cuncic (soprano et flûte traversière), Gwenaëlle Chouquet (mezzo-soprano et violon), Myriam Jarmache (mezzo-soprano), Hélène Richaud (mezzo-soprano et violoncelle), Mathilde Gatouillat (contralto), Sylvain Manet (contre-ténor et clarinette), Marco Van Baaren (ténor et guitare), Fabrice Foison (ténor et saxophone), Edouard Monjanel-Bensaïd (ténor, violon et flûte à bec), Matthieu Le Levreur (baryton et piano), Benjamin Locher (baryton et cor), Adrien Bâty (basse, clarinette et basson), Arthur Cady (basse), Martin Saccardy (trompette et bugle), Jean-Baptiste Frugier (violon), Satryo Yudomartono (alto), Adrien Alix (contrebasse), Noé Clerc (accordéon).
Présenté à Tourcoing, le nouveau spectacle de l'ensemble La Tempête de Simon-Pierre Bestion, Brumes, est un beau voyage sur le thème de l'errance, mêlant aux musiques de Schubert, Schumann, Brahms et Mahler, les complaintes des musiques traditionnelles d'Europe centrale.
Un concert de l'ensemble La Tempête de Simon-Pierre Bestion, c'est avant tout un spectacle d'art total. Mêlant musiques, théâtre, danse, confrontant les époques, les styles, les genres, réarrangeant les œuvres, les créations de Simon-Pierre Bestion et La Tempête sont avant tout des expériences collectives ouvrant sur de nouveaux horizons. Le dernier spectacle présenté à Tourcoing, Brumes, ne déroge pas à la règle.
« Âme de l'homme, comme tu ressembles à l'eau ! Destin de l'homme, comme tu ressembles au vent« . Partant de cette belle phrase de Goethe, Simon-Pierre Bestion a conçu tout un spectacle sur le thème de l'errance. Mais le personnage emblématique du « Wanderer », si cher aux artistes romantiques, ce n'est pas seulement le vagabondage mélancolique, c'est aussi le voyage intérieur, et l'errance des peuples, subie ou choisie. C'est ainsi que ce spectacle est avant tout un voyage multiple, non seulement à travers les lieder de Schubert, Schumann, Brahms ou Mahler réarrangés, mais également à travers de multiples citations de musiques traditionnelles tziganes, balkaniques et klezmers d'Europe centrale.
Les étonnants polyartistes, musiciens, chanteurs, acteurs, danseurs de La Tempête nous emmènent dans un tourbillon de tableaux saisissants, un radeau de la Méduse imaginaire, une forêt qui s'éclaire, de bouleversantes funérailles suivies d'un repas de noces tout droit sortis d'un film d'Emir Kusturica.
Les Lieder eines Fahrenden Gesellen de Gustav Mahler s'enchaînent à des airs traditionnels tziganes. Une fanfare roumaine succède au Anklänge op. 7 n°3 de Robert Schumann. Et pourtant tout semble naturel, cohérent. Les fanfares des symphonies de Gustav Mahler ne prennent-elles pas leur source dans les airs folkloriques de Bohème ? Brahms n'a-t-il pas composé des Danses hongroises ? Le Roi des Aulnes n'est-il pas une résurgence d'un conte populaire ? Pour Simon-Pierre Bestion, les musiques, comme les hommes ne doivent pas avoir de frontières. Ce sont ces frontières, qu'elles soient réelles ou métaphoriques, qui créent l'exil.
Avec Brumes, la compagnie La Tempête nous montre que le plus beau voyage, c'est celui qui permet de partir à la découverte de l'autre.
Crédit photographique : @ François Le Guen
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