Carolyn Carlson offre un événement poétique au public de de l’Orangerie

Depuis sa création en 2018, le cycle chorégraphique « Danse dans les Nymphéas » explore, le temps de soirées uniques, la danse de réper­toire et de création, dans l'espace immersif des salles des Nymphéas de Claude Monet. Carolyn Carlson, qui avait inauguré la formule, revient avec une « poésie visuelle » touchante.

Devant les Nymphéas, un acteur, de dos, tient un carnet tandis qu'un violoncelliste commence à jouer. Carolyn Carlson, longue silhouette toute de noir vêtu, traverse la scène, esquisse quelques pas glissés, crée des ondulations avec ses bras, semble peindre dans l'air ou lance des mots qui sont ensuite traduits par l'acteur Rémi Bichet. Plutôt que de « chorégraphie », Carolyn Carlson préfère parler de « poésie visuelle » pour désigner son travail. La chorégraphe de 81 ans, qui vit en France depuis 1971, propose depuis de nombreuses années des Poetry Events, expériences artistiques complètes qui allient la poésie, la danse, la comédie et les arts visuels.

Inspirée par la peinture de Monet, Carolyn Carlson lit ou interprète ses textes, alors que deux danseuses de sa compagnie, Céline Maufroid et Sara Orselli, entrent en scène à leur tour. Les gestes sont souples, déliés, à peine dansés et tout se confond : l'acteur danse, la chorégraphe mime, fait le clown parfois, les danseuses se figent… Les rôles changent sans cesse, de manière harmonieuse au son du violoncelle et de la poésie de l'Américaine qui laisse une grande part à l'improvisation. Le public, au plus près des artistes, retient son souffle tandis que les lumières changeantes donnent au chef-d'œuvre de Monet des tons nouveaux.

Expressive jusqu'au bout des doigts, mais aussi par son visage facétieux et très mobile, Carolyn Carlson n'a rien perdu de son charisme. Elle offre ici un moment suspendu, objet insolite à la croisée des chemins. En toute simplicité, celle qui a connu les plus grandes scènes du monde, s'émerveille même, lors du rappel, d'être si près du public, touché lui aussi par ce moment intimiste.

Crédit photographique : © Sophie Crepy