Plus de détails
Bagnolet. Théâtre de l’Échangeur. 29-IX-2024. Dernier dimanche du mois #60. Mauricio Kagel (1931-2008) : Exotica (extraits) ; Keraba, musique traditionnelle mandingue ; Teruyuki Noda (1940-2022): Eclogue, pour flûte et percussion ; François Bedel : Série à 11 ; improvisation à 8 temps ; Frédéric Pattar (né en 1969) : Tresse, pour flûte et zarb ; Sangkala, musique traditionnelle de Java ; Tanchame Bushi, musique populaire d’Okinawa. Musiciens de L’Instant donné : Mayu Sato-Brémaud, flûte ; Maxime Echardour, percussions.
La salle du Théâtre de l'Échangeur est pratiquement pleine pour ce soixantième rendez-vous matinal – et premier de la saison – le dernier dimanche du mois à 11 heures, par les musiciens de L'Instant donné.
La flûtiste Mayu Sato-Brémaud et le percussionniste Maxime Echardour ont concocté un programme à leur mesure pour nous faire voyager d'un continent à l'autre, avec, sur scène, un balafon d'Afrique, un gamelan de Java, un tambour asiatique, le zarb iranien et un set de percussions plus occidental qui émaillent la scénographie du plateau et vont résonner en alternance.
Le choix d'Exotica (1970-71) de l'Argentin Mauricio Kagel, dont on entend un court extrait, est emblématique, mettant entre les mains des instrumentistes toutes sortes d'instruments dits « exotiques » (extra-européens) que les deux musiciens font sonner en lien avec une partie électroacoustique qu'ils ont eux-mêmes réalisée. Tout aussi dépaysante, s'enchaîne une musique traditionnelle « mandingue », associant le balafon et la flûte de Mayu Sato-Brémaud, musique festive venue d'Afrique qui nous enchante.
Aérophones
Les deux musiciens prennent le temps de présenter leurs instruments : les trois flûtes japonaises de Mayu d'abord, et leur rôle respectif dans les différents genres de musique traditionnelle de son pays, musique qu'elle dit avoir découverte en France, avec un maître de tambour japonais. Sur le trémolo en accélération des blocs de bois, l'extrait de Gagaku (musique traditionnelle de la cour impériale) qu'elle joue avec la flûte ryuteki, est d'une beauté saisissante. Elle chante la mélodie avant de souffler dans la flûte nohkan utilisée dans le théâtre Nô. Shinobué, petite flûte aiguë de bambou, est celle de la musique populaire et des fêtes de village auxquelles Mayu a participé dans sa jeunesse et dont elle donne un bref aperçu, avec tambour introductif qu'elle bat elle-même avec une belle énergie. Eclogue (1970) pour flûte et percussion de Teruyuki Noda allie richesse du timbre, temps oriental et écriture contemporaine visant la complémentarité, sinon la fusion, des deux sources sonores.
Membranophone
Côté percussion, Maxime Echardour nous présente le zarb iranien, tambour à une peau avec lequel, nous dit-il, il a commencé la percussion : l'instrument digital qu'il joue en virtuose est d'une grande richesse timbrale que mettent en valeur, à travers une infinie variété de frappes, série à 11 temps de François Bedel et improvisation à huit temps. Frédéric Pattar (dans les rangs du public) associe le zarb à la flûte basse dans Tresse (2004). L'écriture mêle les mots de la poétesse Lyse Bellynck (dits par les interprètes) et le geste instrumental dans l'interaction énergétique des deux instances convoquées.
Métallophones
Les gongs du reyong (le gamelan javanais) résonnent sous les baguettes de Maxime Echardour dans Sangkala dont la musique a été relevée et transcrite par nos deux musiciens. Car la petite flûte en bambou suling participe, qui brode le profil mélodique pentatonique et en exhausse le charme.
Curieusement, la musique populaire d'Okinawa, une île tropicale au sud du Japon, est plus proche du gamelan indonésien que de la musique nippone. Avec Tanchame Bushi pour pemade (plaque de métal frappée au pied), jejogan (clavier de gongs) et piccolo, les deux interprètes terminent très joyeusement ce concert-monde, en mode répétitif et participatif.
Crédit photographique : © ResMusica
Plus de détails
Bagnolet. Théâtre de l’Échangeur. 29-IX-2024. Dernier dimanche du mois #60. Mauricio Kagel (1931-2008) : Exotica (extraits) ; Keraba, musique traditionnelle mandingue ; Teruyuki Noda (1940-2022): Eclogue, pour flûte et percussion ; François Bedel : Série à 11 ; improvisation à 8 temps ; Frédéric Pattar (né en 1969) : Tresse, pour flûte et zarb ; Sangkala, musique traditionnelle de Java ; Tanchame Bushi, musique populaire d’Okinawa. Musiciens de L’Instant donné : Mayu Sato-Brémaud, flûte ; Maxime Echardour, percussions.