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Avec Aïda, une ouverture de saison en fanfare à l’Opéra de Rouen

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Rouen. Théâtre des Arts. 27-IX-2024. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Aïda, opéra en quatre actes (1871) sur un livret d’Antonio Ghislanzoni. Mise en scène : Philipp Himmelmann. Scénographie : David Hohmann. Costumes : Lili Wanner. Lumières : Fabiana Piccioli. Chorégraphie : Kristian Lever. Vidéo : Tieni Burkhalter. Avec : Joyce El-Khoury, Aïda ; Adam Smith, Radamès ; Alisa Kosova, Amneris ; Alfolfo Corrado, Ramfis ; Nikoloz Lagvilava, Amonasro ; Emanuele Cordaro, Le Roi d’Egypte ; Nestor Galvan, un Messager ; Iryna Kyshliaruk, La Grande Prêtresse. Chœur Accentus/ Opéra de Rouen Normandie. Orchestre Régional de Normandie. Orchestre de l’Opéra de Rouen / Normandie, direction : Pierre Bleuse.

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Ouverture de saison en fanfare – et trompettes – à l'Opéra de Rouen avec Aïda de , mise en scène par . Une nouvelle production ne comprenant pas moins de deux prises de rôle très convaincantes : la soprano en Aïda et le ténor en Radamès.

La mise en scène de n'appelle que peu de commentaires compte tenu de sa fadeur, peu dérangeante au demeurant. Se réduisant à une lecture au premier degré qui préfère l'intime au grandiloquent, sans une once d'égyptologie de pacotille, elle oscille constamment entre une vision « chambriste » (celle du dilemme intérieur de Aïda et du drame des deux amants) et une option « monumentale » guerrière faite de vastes chorales cuivrées. Il faut néanmoins reconnaitre la difficulté certaine à mettre en scène cette œuvre hybride, à la dramaturgie peu flatteuse, conçue comme un panaché d'opéra italien et de grand opéra français. La scénographie, d'une grande économie de moyens, se réduit à un lit central surélevé et à un mur de projecteurs cernant l'espace scénique, lui-même surmonté d'une galerie qui accueillera les célèbres trompettes. Philipp Himmemann transpose l'action de nos jours, avec des costumes actuels (Lilli Wanner) de peu d'intérêt, la direction d'acteurs est assez fruste, confinée aux pourtours du lit (!). Les éclairages (Fabiania Picciolo) d'un assez bel effet complètent le dispositif scénique, à l'instar des nombreuses chorégraphies plutôt bien réglées par Kristian Lever.

Tout l'intérêt de cette nouvelle production repose, avant tout, sur la musique : d'une part, sur la direction affutée, énergique et très nuancée de à la tête d'un orchestre et d'un chœur de l'Opéra de Rouen, impeccables de tenue de bout en bout et d'autre part, sur une distribution vocale homogène et de grande qualité.

Dans la fosse, le ton est donné dès l'Ouverture où l'on admire le legato éthéré des cordes, la richesse en nuances du phrasé tout comme la formidable énergie se dégageant de la battue très précise de capable de faire meugler les cuivres (quelles trompettes !) sans compromettre le souverain équilibre avec le plateau, assumant, sans coup férir, une dramaturgie un rien laissée pour compte par la mise en scène.

La distribution vocale est à l'avenant, dominée par les trois personnages principaux : Aïda, Amneris et Radamès. Pour ses débuts dans le rôle de la princesse éthiopienne prisonnière, la soprano propose une incarnation qui ne se révèle complètement que dans la deuxième partie. Après une première partie assez timide, cantonnée au rôle de « souffre-douleur », ne donne toute la superbe de sa voix qu'après la pause lorsque la dramaturgie se creuse (émouvant « O patria mia ») assumant alors avec panache son destin, face à son père (« A te grave cagion m'adduce ») ou face à son amant (« Pur ti riveggo »), fidèle à son idée d'un amour pur, qui la conduira jusqu'à la mort partagée avec Radamès. Face à elle, pour ses débuts également, le ténor n'est pas moins convaincant dans le rôle de Radamès qu'il assume avec bravoure, vaillance et une certaine dose de tendresse, entamé à l'acte I par un magnifique « Celeste Aïda », faisant valoir son timbre solaire aux aigus dardés parfaitement tenus. La mezzo-soprano Alissa Kolosova campe une Amneris de haute volée, vipérine à souhait, arguant d'une facilité vocale, d'un timbre voluptueux et d'une puissance de projection confondantes. Nikolov Lagvilava incarne un Amonasro, sans concession, d'une puissance vocale et d'une implication scénique terrifiantes. (le messager), (Ramfis), (Roi d'Egypte) et (Grande prêtresse déguisée en écolière ?) complètent avec brio cette belle distribution.

Crédits photographiques : © Fred Margueron

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Rouen. Théâtre des Arts. 27-IX-2024. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Aïda, opéra en quatre actes (1871) sur un livret d’Antonio Ghislanzoni. Mise en scène : Philipp Himmelmann. Scénographie : David Hohmann. Costumes : Lili Wanner. Lumières : Fabiana Piccioli. Chorégraphie : Kristian Lever. Vidéo : Tieni Burkhalter. Avec : Joyce El-Khoury, Aïda ; Adam Smith, Radamès ; Alisa Kosova, Amneris ; Alfolfo Corrado, Ramfis ; Nikoloz Lagvilava, Amonasro ; Emanuele Cordaro, Le Roi d’Egypte ; Nestor Galvan, un Messager ; Iryna Kyshliaruk, La Grande Prêtresse. Chœur Accentus/ Opéra de Rouen Normandie. Orchestre Régional de Normandie. Orchestre de l’Opéra de Rouen / Normandie, direction : Pierre Bleuse.

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