La Scène, Spectacles divers

Prodiges et autres avec La Sourde à l’Athénée

Plus de détails

Paris. Athénée Théâtre Louis-Jouvet. 26-IX-2024. La symphonie tombée du ciel : Samuel Achache, Florent Hubert, Antonin Tri Hoang, Ève Risser, direction artistique. Collaboration son et dramaturgie, Chloé Kobuta ; création lumière & régie générale, Maël Fabre ; Création et régie son, Julien Aléonard ; Costume, Pauline Kieffer ; Regard sur la scénographie, Lisa Navarro ; Orchestre La sourde.

Peut-on encore croire aux miracles ? C'est la question que s'est posée le metteur en scène et musicien et ses trois complices , et dans La symphonique tombée du ciel. La nouvelle « météorite » de fait suite à son Concerto contre piano et orchestre donné sur cette même scène de l'Athénée l'année dernière et qui nous avait conquis.

Ils sont seize musiciens sur le plateau, répartis en deux groupes, l'un tirant vers l'ensemble baroque (violes, flûte, violons et sacqueboute), l'autre tenant davantage du set de fanfare (saxophones, clarinette basse et cuivres) qui fera une entrée plus tardive ; le piano droit à roulettes d' voyage quant à lui de l'un à l'autre. Des boules Elipson et leur fil respectif jalonnent le sol tandis qu'une tour métallique s'érige en fond de scène, installant en hauteur petits projecteurs et haut-parleurs. Car les récits et témoignages anonymes sur lesquels s'invente la musique et le texte chanté ont été enregistrés et sont entendus à travers le dispositif d'écoute : entre micro-trottoir ou histoires de plus longue haleine, les voix glosent sur la notion de miracle qui peut s'interpréter très différemment selon les situations, les cultures voire les pays.

Blancs et scintillants, les costumes des musiciennes-musiciens de sont autant d'éclats sur la scène pour démarrer « la Symphonie » avec une musique dont le refrain servira de fil rouge à la trame narrative. Il est d'abord question d'un pèlerinage à Naples (où il existe un quartier des miracles, fait remarquer ) pour invoquer la Madonna et sauver le père qui va mourir. La voix du fils, en italien, et le contexte religieux orientent nos musiciens vers les Concertati (Vêpres de la vierge de Monteverdi) du premier baroque avec voix (celle de la flûtiste ), chœur et instruments. Le récit s'étire un rien en longueur avant que « la banda » n'intervienne autour de la batterie qu'a installée au centre du plateau. La première phalange revient alors sur scène avec une auréole de sainteté derrière la tête (disque de métal) tandis que résonne une estampie du Moyen Âge.


Le récit bascule à l'écoute d'une autre voix, française cette fois, celle du randonneur sauvé par miracle d'une avalanche. Mais le ton change et la musique coupe court avec l'intervention live et très en verve de qui explique à son public ce qu'est une plaque à vent, « un mensonge de la montagne » qui a provoqué l'accident. La musique est minimale (piano et violoncelle) pour appréhender cet instant vécu comme un prodige où l'alpiniste raconte comment il est sorti sain et sauf de l'amas de neige qui le tenait prisonnier.

Amusante encore est cette manière qu'ont saxophone ou flûte volubiles de doubler ou d'imiter la parole dans un débit très rapide. Les musiciens en usent et abusent dans la dernière séquence plus loufoque, animée par une voix de femme légèrement traitée. « J'adore les choses surnaturelles », répète en boucles la voix enregistrée dans un final où des partitions épinglées à des fils sont tombées des cintres/du ciel.

Les ficelles du scénario se distendent par moments et nous éloignent un rien du sujet ; mais la musique, quant à elle, est toujours réactive et percutante, laissant apprécier le talent de chacun et le bonheur du « jouer ensemble » ; et même si le miracle n'est pas toujours tangible – on apprend qu'Il papà est mort – on peut conclure qu'il y aura toujours deux façons de vivre sa vie : « L'une comme si rien n'était un miracle. L'autre en faisant comme si tout était un miracle » (Albert Einstein).

Crédit photographique : © Joseph Banderet

(Visited 151 times, 1 visits today)

Plus de détails

Paris. Athénée Théâtre Louis-Jouvet. 26-IX-2024. La symphonie tombée du ciel : Samuel Achache, Florent Hubert, Antonin Tri Hoang, Ève Risser, direction artistique. Collaboration son et dramaturgie, Chloé Kobuta ; création lumière & régie générale, Maël Fabre ; Création et régie son, Julien Aléonard ; Costume, Pauline Kieffer ; Regard sur la scénographie, Lisa Navarro ; Orchestre La sourde.

Mots-clefs de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.