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Avec Barrie Kosky, Les Brigands font la fête au Palais Garnier

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Paris. Opéra national de Paris. Palais Garnier. 24-IX-2024. Jacques Offenbach (1819-1880) : Les Brigands, opéra bouffe en trois actes sur un livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Mise en scène : Barrie Kosky. Décors : Rufus Didwiszus. Avec : Marcel Beekman, Falsacappa ; Marie Perbost, Fiorella ; Antoinette Dennefeld, Fragoletto ; Yann Beuron, le Baron Campo-Tasso ; Laurent Naouri, le chef de carabiniers ; Mathias Vidal, le Duc de Mantoue ; Philippe Talbot, le Conte Gloria-Cassis ; Adriana Bignagni Lesca, la Princesse de Grenade. Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Stefano Montanari

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Les Brigands de reviennent après trente ans d'absence à l'Opéra national de Paris en investissant, pour cette nouvelle production, la scène du Palais Garnier sous la houlette du metteur en scène australien, . Un spectacle total où le théâtre est roi, déjanté et hilarant, qui n'oublie pas cependant la satire politique.

Ce qui impressionne le plus dans la mise en scène de , ce ne sont pas tant les séquences délibérément outrancières ou provocatrices, notamment religieuses (nonnes dansant le french cancan ou Drag queen suspendue entre croix et encensoir), figures désormais habituelles d'un nouvel académisme bien porté de nos jours qui à force de redondances n'effraient plus beaucoup le bourgeois, non, ce qui est particulièrement remarquable, c'est la fluidité, la lisibilité et le rythme de cette lecture grandiose, portée par une direction d'acteur millimétrée, ne laissant jamais vacant un seul centimètre du plateau, qui parvient à fédérer tout à la fois chanteurs, acteurs, danseurs, chœur et figurants sans jamais une once de confusion.

À partir d'un livret abracadabrantesque où se côtoient brigands, délégation espagnole, magot imaginaire, prince italien sans le sou, des carabiniers toujours en retard, un caissier malhonnête, et une histoire d'amour mal embringuée, , en véritable maitre du travestissement, nous livre une interprétation éblouissante où l'on se plait à se perdre dans un tourbillon théâtral virtuose fait de personnages hauts en couleurs (travestis, queers et autres transgenres plus ou moins dénudés…) évoluant dans une ambiance très « cabaret » exaltée par les chorégraphies d'Otto Pichler. Certes, le trait peut paraitre parfois un peu gras, la provocation facile, les gags un peu convenus et la satire politique un rien populiste, mais l'important est ailleurs, nous l'avons dit, dans le rythme effréné de cette fête théâtrale à laquelle Barrie Kosky nous convie avec un plaisir jubilatoire manifestement partagé entre public et acteurs. La scénographie de Rufus Didwiszus se décline avec une grande économie de moyens, se limitant à quelques fonds de scène peints représentant l'intérieur d'un palais Second empire délabré, un horizon montagneux où une salle d'auberge qui figureront le vaste terrain de jeu des brigands, petite troupe interlope aux tendances queer bien marquées sur laquelle règne avec autorité leur chef Falsacappa déguisé en drag queen, sosie de Divine, célèbre héroïne des films de John Waters. Les costumes de Victoria Behr sont somptueux, (ceux de la délégation espagnole figurant un tableau alla Velasquez !) rutilants fait de plumes, de strass et de couleurs. Les dialogues parlés ont été réactualisés par le dramaturge Antonio Cuenca Ruiz pour les ancrer plus fortement dans l'actualité politique et le couplet du caissier remplacé par un sketch de la comédienne Sandrine Sarroche, promue pour l'occasion ministre du budget brocardant à l'envi, dans une tirade assez convenue, nos dirigeants d'un certain Palais…

Dans la fosse, s'avère un partenaire de choix qui sait faire pétiller l'orchestration offenbachienne renforcée pour l'occasion, toujours en parfait équilibre et symbiose avec les chanteurs.

Au sein d'une distribution vocale exemplaire, Marcel Beekmann, à la diction impeccable s'impose en maitre du jeu par son incarnation théâtrale monumentale, autant que par sa voix à l'ambitus étendu capable de larges inflexions vers la voix de fausset (transformisme oblige !). La soprano (Fiorella) forme avec la mezzo (Fragoletto) un couple délicieux de fraicheur dont ramage et plumage s'accordent merveilleusement. , en émissaire espagnol plus vrai que nature (Comte Gloria-Cassis) et (Duc de Mantoue) rivalisent de drôlerie vocale et scénique. en Baron Campo-Tasso et en chef des carabiniers font chacun une entrée remarquée, le premier aux allures un peu mafieuses, le second dans le direct sillage de Louis de Funès, tandis qu' interprète une Princesse de Grenade au timbre profond de contralto. Le reste de la distribution est à l'avenant, tout comme l'ensemble des choristes et danseurs qui participent à part entière du succès mérité de cette magnifique et pétillante production complètement loufoque !

Crédit photographique : © Agathe Poupeney / OnP

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Paris. Opéra national de Paris. Palais Garnier. 24-IX-2024. Jacques Offenbach (1819-1880) : Les Brigands, opéra bouffe en trois actes sur un livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Mise en scène : Barrie Kosky. Décors : Rufus Didwiszus. Avec : Marcel Beekman, Falsacappa ; Marie Perbost, Fiorella ; Antoinette Dennefeld, Fragoletto ; Yann Beuron, le Baron Campo-Tasso ; Laurent Naouri, le chef de carabiniers ; Mathias Vidal, le Duc de Mantoue ; Philippe Talbot, le Conte Gloria-Cassis ; Adriana Bignagni Lesca, la Princesse de Grenade. Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Stefano Montanari

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