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Réflexions et réductions de Michael Jarrell pour l’EIC

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Paris. Cité de la Musique ; Salle des Concerts. 13-IX-2024. Michael Jarrell (1958*) : Reflections II, pour piano et ensemble ; Création mondiale. Hidéki Nagano, piano. Gustav Mahler (1860-1911) / Michael Jarrell (1958*) : Symphonie n° 4, pour soprano et grand ensemble ; Création mondiale. Elsa Benoît, soprano. Ensemble intercontemporain, direction musicale : Pierre Bleuse

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Pour son premier concert de saison, l' et son directeur musical ont demandé à de réduire son concerto Reflections, puis la Symphonie n°4 de Mahler, donnée dans une mouture particulièrement probante.

Le surlendemain de l'Orchestre de Paris à la Philharmonie, le lendemain de l'Orchestre National de France et le même soir que l'Orchestre Philharmonique de Radio France à la Maison de la Radio, l' faisait sa rentrée de saison à la Cité de la Musique.

À cette occasion, le compositeur a été sollicité pour réduire d'abord l'une de ses propres œuvres, puis l'une des symphonies les plus célèbres du répertoire romantique.

En première partie, il revient à son concerto pour piano Reflections, créé en 2019 par l'Orchestre de Paris et Kazuki Yamada, avec une partie soliste extrêmement vive écrite pour Bertrand Chamayou. Jugée à l'époque assez conventionnelle, la pièce gagne à être réduite pour ensemble, celui-ci s'intégrant mieux par sa légèreté et ses soli instrumentistes, plus identifiables derrière la déferlante de notes du piano, ici traitée avec une grande dextérité par . Intitulée Reflections II, l'œuvre de 25 minutes en trois mouvements rapide-lent-rapide joue à la fois sur la réflexion intellectuelle du compositeur après son long travail sur l'opéra Bérénice (créé en 2018 à l'Opéra de Paris ), et sur l'idée de reflets/réflexions, qui trouve ici sa source dans des couleurs aquatiques insufflées par Ravel. Sur la scène, une légère mise en lumière agrémente d'ailleurs le titre, l'ombre de étant projetée en miroir grâce à un projecteur lancé sur le couvercle du piano, pour créer sur le mur du fond un reflet d'abord à gauche, puis au centre et enfin à droite, à mesure de l'avancement de la pièce. Énergique, le chef semble en parfaite affinité avec la partition, qui certes ne révolutionne pas la création contemporaine, mais met en évidence la qualité de composition indéniable de Jarrell, éclairée par cette nouvelle réduction.

De la même manière, le nouveau directeur musical de l'EIC peut conduire avec intelligence ce qui semble être maintenant la meilleure transcription pour ensemble de la Symphonie n°4 de . Bien plus subtilement que dans la version la plus connue jusqu'à présent (celle d'Erwin Stein, qui n'hésitait pas à tenter en 1921 «d'agrandir » l'effectif en lui ajoutant un piano et un harmonium, afin de tenter de retrouver les effets de masse de la partition pour orchestre de Mahler), utilise pour cette commande de l' des méthodes nettement plus efficaces. Il ne s'autorise donc, conformément à la nomenclature originelle, que l'ajout d'un trombone, qui vient amplifier soit les trompettes, soit les cors, réduits à deux par pupitres plutôt que quatre. Pour le reste, sa technique consiste à combler le petit volume de l'ensemble par des renversements d'accords ou de nouvelles résonnances, à la manière de Ravel lorsqu'il a orchestré la Danse « Tarantelle styrienne » de Debussy, avec toujours un profond respect de la partition.


Grâce à cette nouvelle transcription, l'Ensemble Intercontemporain augmenté de quelques musiciens – dont le premier violon de l'Orchestre national Auvergne-Rhône-Alpes – parvient très régulièrement à donner l'impression d'un orchestre au grand complet. La symphonie la plus chambriste de Mahler ressort par la même occasion dans sa plus grande pureté. Attentif au rythme dans le Bedächtig initial, fait particulièrement bien ressortir ici encore la clarté de la partition, tandis que le second mouvement profite en plus du violon grinçant et parfaitement désaccordé de Diego Tosi. Le Ruhevoll est plus posé et moins sensible que sous d'autres lectures, avec son forte juste avant la fin, seul passage où la transcription ne parvient pas à retrouver toute la force de la partition initiale. À l'inverse, le Sehr behaglich final avec le lied du Knaben Wunderhorn bénéficie non seulement d'une instrumentation très fine, mais aussi de la plénitude du chant de la soprano . Un temps dans la troupe du Bayerische Staatsoper, la Française peut ici projeter le texte avec un allemand impeccable et un timbre moiré de beaux reflets graves, qui donnent au poème plus de matière que lorsqu'il est tenu par des sopranos légères, à l'instar de Sabine Devieilhe ou de la regrettée Jodie Devos.

Crédits photographiques : © Anne-Elise Grosbois

Modifié le 18/09/2024 à 16h30

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Paris. Cité de la Musique ; Salle des Concerts. 13-IX-2024. Michael Jarrell (1958*) : Reflections II, pour piano et ensemble ; Création mondiale. Hidéki Nagano, piano. Gustav Mahler (1860-1911) / Michael Jarrell (1958*) : Symphonie n° 4, pour soprano et grand ensemble ; Création mondiale. Elsa Benoît, soprano. Ensemble intercontemporain, direction musicale : Pierre Bleuse

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