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Rachel Breen illumine la première soirée du festival Piano aux Jacobins

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Toulouse. Festival Piano aux Jacobins. Cloître des Jacobins. 05-IX-2024. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sonate pour piano n°10 en do majeur K.330. Frédéric Chopin (1810-1849) : Impromptu n°1 en la bémol majeur op.29 ; Impromptu n°2 en fa dièse majeur op.36 ; Impromptu n°3 en sol bémol majeur op.51 ; Fantaisie-impromptu en do dièse mineur op.66. Luciano Berio (1925-2003) : Wasserklavier (extrait de 6 Zugaben). Modeste Moussorgski (1839-1881) : Impromptu passionné en fa dièse majeur (2e version). Arnold Schönberg (1874-1951) : Fragment. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n°32 en do mineur op.111. Rachel Breen, piano.

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Pour sa 45ᵉ édition, le festival , fidèle à son esprit, a invité des pianistes de 15 à 92 ans. Parmi eux, l'américaine âgée de 26 ans, fait partie des heureuses découvertes que la manifestation toulousaine réserve chaque année.

Le talent n'attend pas forcément le nombre des années. Catherine d'Argoubet et Paul-Arnaud Péjouan le savent et se plaisent à le dénicher aussi au-delà de nos frontières. Parmi les grands et fidèles du festival (Philippe Bianconi, Christian Zacharias, Marc-André Hamelin…), quelques noms nouveaux apparaissent dans leur programmation. Ils ne nous disent rien mais leurs propositions musicales attirent. Ainsi , diplômée de l'Université de Yale et de la Juilliard School et élève du regretté Lars Vogt à Hanovre, a conçu un récital en deux parties, intercalant dans la première divers morceaux entre les trois Impromptus de pour s'achever sur sa Fantaisie-impromptu, le tout intiment cousu sans que le moindre silence les sépare. Avant cela, la jeune femme commence avec la Sonate n°10 en do majeur K.330 de Mozart, une entrée en matière pas si facile dans l'acoustique généreuse du cloître des Jacobins. Les nuances prononcées, l'expression joyeuse et ingénue disent du tempérament de la musicienne qui s'autorise quelques attaques contestables mais ne nuisant en rien à l'allure générale de l'œuvre. 

La suite procède d'un tour de magie : prouesse à la fois audacieuse et ingénieuse, les œuvres qui suivent, bien que d'esthétiques et d'époques éloignées, s'enchaînent de façon à donner l'illusion d'une seule, chaque pièce découlant comme organiquement de la précédente. Cela de diverses manières : par la parenté des tonalités – Wasserklavier de commençant, en mineur, par une broderie sur la dernière note de l'Impromptu n°1 de – et par le jeu de l'enharmonie, les deux dernières notes de cette même pièce (mi bémol, ré bémol) n'étant autres à l'oreille que celles par lesquelles commence son Impromptu n°2 en fa dièse majeur. On jurerait que le compositeur italien a écrit sa Wasserklavier à dessein ! Une pièce décantée, doucement mélancolique que la pianiste joue avec grande délicatesse. L'Impromptu passionné en fa dièse majeur de trouve lui une place idéale entre les Impromptus n°2 et 3 de Chopin. Une œuvre rarement jouée dont elle met en valeur les dialogues, timbrant les voix, écoutant sa main gauche qui se révèle d'une belle présence même lorsqu'elle se tient en retrait. La vélocité souple et aérienne, le jeu ouvert, lumineux, toujours très chantant, déploie superbement les lignes mélodiques des Impromptus, entre exaltation et sentiment intime. Le Fragment d'Arnold Schönberg prend naissance, un ton en-dessous, dans la résonance de l'Impromptu n°3, contrastant par son ambiance sombre et tragique, et trouve son prolongement « naturel » avec la Fantaisie-Impromptu op.66 de Chopin parcourue d'un bel élan. Un répertoire qui lui va à merveille !

Seulement dix minutes pour souffler, et re-voici Rachel Breen sur scène pour cette fois un monument : la Sonate n°32 op.111 de Beethoven. Dans le mouvement Presto qui suit le Maestoso, elle nous démontre qu'elle a des doigts solides, bien ancrés dans le clavier, mais surtout qu'elle sait architecturer. Elle charpente ce mouvement de façon austère, voire un peu sèche dans sa façon de détacher les croches, érige un édifice inébranlable… une vision qui file droit mais qui ne procure pas cette sensation de tourbillon vertigineux que l'on pourrait en attendre. L'Arietta du second mouvement est énoncé avec une grande sobriété, presque désinvesti tant il se veut être « molto semplice ». La concentration lâche dans la première variation qui accroche et dérape en fin de reprise, mais la pianiste reprend entière possession de l'ouvrage à partir de la troisième variation dans un investissement expressif constant, obtenant un superbe rendu sonore, scintillant et immatériel, des nappes de triples-croches dans l'aigu du clavier, et réussissant à la perfection l'ultime et lumineuse page de trilles. Son bis ? l'Aria d'autres variations, celui des Goldberg de Jean-Sébastien Bach, dont l'œuvre pour clavier est le creuset dans lequel elle a été forgée. Notons enfin que ce récital retransmis en direct sur France Musique est disponible à la réécoute. 

Crédits photographiques © Alexandre Ollier 

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Toulouse. Festival Piano aux Jacobins. Cloître des Jacobins. 05-IX-2024. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sonate pour piano n°10 en do majeur K.330. Frédéric Chopin (1810-1849) : Impromptu n°1 en la bémol majeur op.29 ; Impromptu n°2 en fa dièse majeur op.36 ; Impromptu n°3 en sol bémol majeur op.51 ; Fantaisie-impromptu en do dièse mineur op.66. Luciano Berio (1925-2003) : Wasserklavier (extrait de 6 Zugaben). Modeste Moussorgski (1839-1881) : Impromptu passionné en fa dièse majeur (2e version). Arnold Schönberg (1874-1951) : Fragment. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n°32 en do mineur op.111. Rachel Breen, piano.

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