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Le violoncelle dans tous ses états avec Constantin Macherel

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Maurice Ravel (1875-1937) : Sonate pour violon et violoncelle. Alfred Schnittke (1934-1998) : Sonate pour violoncelle et piano n°1. Sergei Prokofiev (1891-1953) : Sinfonia concertante en mi mineur op .125. Constantin Macherel, violoncelle. Anna Orlik, violon. Frederic Bager, piano. London Mozart Players, dir. Jonathan Bloxham. Claves records. Enregistré en Suisse et Londres en 2022 et 2023. Notice de présentation en anglais et français. Durée totale : 80:04

 
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Le jeune violoncelliste suisse nous offre un récital contrasté, mais manquant un peu d'unité, où Ravel côtoie Schnittke et Prokofiev.

Le violoncelliste aime explorer les différentes facettes du répertoire de son instrument. Après un premier album consacré au répertoire virtuose et préromantique (Rossini, Franchomme, Servais), il s'intéresse dans son nouveau disque à celui du siècle passé.

Sous-titré « Les mille et une vies du violoncelle au XXᵉ siècle », ce récital en compagnie de la violoniste , du pianiste et de l'ensemble des , est assez hétérogène, tant dans son programme que dans son interprétation, où la musique de chambre côtoie la musique concertante, et où Ravel voisine avec les Russes Schnittke et Prokofiev.

La Sonate pour violon et violoncelle de , qui ouvre le programme, est une œuvre assez atypique du compositeur français. Ne serait-ce que par ce type de formation, rare dans le répertoire. Achevée en 1922 en hommage à Claude Debussy, ce duo entre violon et violoncelle se révèle assez âpre, même si on y retrouve, notamment dans le deuxième mouvement « très vif » et le jeu en pizzicato des deux archets, la science du rythme et des harmonies du Quatuor du même Ravel. Le duo formé par le violoncelliste et la violoniste se révèle lui-même assez sec dans ses sonorités. Le jeu d'opposition entre les deux instruments est fascinant mais l'interprétation manque un peu de souplesse et de magie.

La sonorité large du violoncelle de est mieux mise en valeur dans la Sonate pour violoncelle et piano n°1 d'. Le compositeur russe livre ici une œuvre monumentale et fascinante passant incessamment de l'ombre à la lumière dans une « tonalité impalpable ». À l'image du premier mouvement «largo », où l'arrivée à la fois ténébreuse et lumineuse du piano se glisse après la longue introduction méditative du violoncelle. Les deux instrumentistes, tant Constantin Macherel que l'excellent pianiste , sont ici à l'unisson. Tout comme dans le vertigineux « presto » central, véritable course à l'abîme au bord de la rupture. L'imposant « largo » final, mouvement à lui seul aussi long que les deux précédents réunis, achève ce chef-d'œuvre dans un silence où l'on trouve des échos du désespoir ironique du grand Chostakovitch, décédé en 1975, la sonate de Schnittke ayant été composée en 1978.

Changement complet de style, même si l'on reste en Russie, avec la Sinfonia Concertante en mi mineur op.125 de qui clôt le disque. Composée en 1952 et dédiée à Mstislav Rostropovitch, cette Sinfonia Concertante est la réécriture complète d'un premier Concerto pour violoncelle de 1938. Non seulement l'œuvre est considérablement développée, mais les mouvements sont chamboulés, le final initial devenant le mouvement central. Cette Sinfonia Concertante que certains considèrent plutôt comme un « concerto symphonique », tant la partie d'orchestre est importante, est ainsi constituée d'un monumental « allegro giusto » central, encadré par deux « andante » non moins imposants. Le violoncelle y est mis à rude épreuve tant Prokofiev multiplie les chausse-trappes (glissades de l'extrême grave au suraigu, cavalcades rythmiques, accords en pizzicato, etc). Constantin Macherel offre une version solide, entouré des excellents sous la direction de .

On s'interroge alors, pourquoi Constantin Macherel n'a pas choisi pour son disque un programme entièrement russe (avec une sonate ou un concerto de Chostakovitch ?), tant l'oeuvre de Ravel apparaît finalement comme une intruse.

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Maurice Ravel (1875-1937) : Sonate pour violon et violoncelle. Alfred Schnittke (1934-1998) : Sonate pour violoncelle et piano n°1. Sergei Prokofiev (1891-1953) : Sinfonia concertante en mi mineur op .125. Constantin Macherel, violoncelle. Anna Orlik, violon. Frederic Bager, piano. London Mozart Players, dir. Jonathan Bloxham. Claves records. Enregistré en Suisse et Londres en 2022 et 2023. Notice de présentation en anglais et français. Durée totale : 80:04

 
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