Fraîcheur et spontanéité des Kapsber’girls à Simiane-la-Rotonde

Les Kapsber'girls font briller les compositrices italiennes du seicento sous la coupole de Simiane pour la 42^e édition des Riches Heures Musicales.

Difficile d'être une compositrice dans l'Italie du dix-septième siècle ! Trop souvent oubliées par l'Histoire, elles sont parfois « femme de » comme Francesca Caccini ou « fille de » comme Barbara Strozzi. Antonia Bembo fuit Venise et un mari violent pour se réfugier à la cour de France sous la protection de Corbetta. Quant à Isabella Leonarda, c'est depuis son couvent d'Ursulines qu'elle écrit plus de 200 oeuvres religieuses. Dans un programme où alternent pièces vocales et intermèdes instrumentaux de leur cher Kapsberger, les cinq musiciennes de l'ensemble nous offrent, chacune à leur tour, de courts récits biographiques qui ponctuent avec verve les enchaînements musicaux.

Aux quatre musiciennes des Kapsber'girls, dont on a suivi avec bonheur l'évolution depuis la création de l'ensemble en  2015, s'adjoint pour ce programme la harpe triple de Pernelle Marzorati. Dès l'ouverture, avec Ad arma d'Isabella Leonarda, les accents guerriers contrastent avec la félicité céleste des chants de joie : le ton est donné pour ce programme tout en nuances et contrastes, où l'expressivité est le maître-mot. Tous les caractères de l'amour vont défiler devant nous, et l'émotion culminera dans l'extraordinaire Che si puo fare de Barbara Strozzi, où la voix si expressive d'Alice Duport-Percier nous donne à entendre les soupirs du texte. La diction est parfaite (prima le parole), la présence scénique est pleine de grâce et la voix véritablement habitée. Nous avions déjà dit grand bien de cette artiste à l'occasion des premiers enregistrements de l'ensemble et d'un beau concert marseillais en 2021. C'est la soprano Gabrielle Varbetian qui est ce soir l'autre voix des Kapsber'girls, avec un timbre très beau mais un petit manque de projection. L'accompagnement des cordes pincées est un régal, et c'est souvent en pizzicati que Garance Boizot joue sa basse de viole. Albane Imbs passe du théorbe au tiorbino et à la guitare baroque. Le programme, parfaitement construit, bénéficie d'un art maîtrisé des enchaînements entre pièces instrumentales et vocales. Un bonheur !

Crédit photographique : © Christian Glaenzer

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