Une cérémonie d’ouverture audacieuse pour les Jeux de Paris 2024
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Organisée pour la première fois en dehors d'un stade, la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques 2024 s'est déroulée le vendredi 26 juillet sur la Seine, au cœur de la ville de Paris, diffusée en direct sur France Télévisions. Guillaume Diop, Germain Louvet, Jakub Józef Orliński, Axelle Saint-Cirel, Alexandre Kantorow, de nombreux danseurs et musiciens français s'y sont produits, aux côtés de stars internationales, dans le cadre d'un show audacieux et éblouissant.
Après un prologue cinématographique introduit par Djamel Debbouze et Zinedine Zidane, ce spectacle vivant en douze tableaux signé Thomas Jolly s'est ouvert par un spectaculaire rideau d'eau tricolore sur le pont d'Austerlitz, alors que le premier bateau, sur lequel les athlètes grecs avaient pris place, s'élançait sur le fleuve, première des 206 délégations officielles participant à la compétition. Longeant des jets d'eau, référence aux Grandes eaux de Versailles, les bateaux chargés d'athlètes accueillaient une ou plusieurs délégations. Diffusé sur des écrans géants tout au long du parcours, ce défilé d'embarcations était interrompu à intervalles réguliers par des numéros et des tableaux restés secrets jusqu'à la dernière minute, faisant partie intégrante du spectacle imaginé par Thomas Jolly et son équipe artistique.
Derrière des éventails de plume rose, jambes interminables voilées de noir, c'est Lady Gaga qui a pris la succession de Zizi Jeanmaire dans le célèbre numéro de revue « Mon truc en plumes », au pied d'un escalier géant, reconstitué devant le jardin du Vert Galant. Un numéro accompagné par des danseurs et des musiciens live, et relayé par des figurants en costumes kitsch rose bonbon qui défilent dans un joyeux désordre sur les quais de la Seine, laissant la place à un cancan géant dansé sur les quais bas de l'île-Saint-Louis, par les danseuses du Moulin Rouge en robes roses. Un tableau qui sera repris dans la revue 2025 du célèbre cabaret parisien. Vêtu d'un costume blanc à collerette, Jakub Józef Orliński interprète un extrait des Indes galantes de Rameau après avoir effectué des figures de break dance tandis que la pluie ne cesse de tomber.
Le personnage principal imaginé par Thomas Jolly, porteur de la flamme, sert de fil rouge à l'ensemble de la cérémonie. Visage masqué, en costume d'époque inspiré de personnages de fiction comme le Masque de fer ou Assassin's Creed, il parcourt les toits de Paris dans une séquence heureusement filmée à l'avance compte tenu des conditions météo extrêmement pluvieuses.
Dans le tableau intitulé « Synchronicité », ce sont des danseurs aériens accrochés à l'échafaudage de Notre-Dame qui rendent hommage aux artisans restaurateurs de la cathédrale, frappée par un dramatique incendie en avril 2019. La musique de Victor Le Masne s'inspire du cliquetis des outils qui taillent la pierre, scient les poutres de la charpente ou cisèlent le métal, allusion à tous ces métiers d'art sollicités pour redonner son intégrité à la cathédrale.
Mais déjà, le porteur de flamme s'échappe et se faufile rive gauche, en passant par l'atelier de maroquinerie du sellier Louis Vuitton où ont été fabriquées les trois amples malles contenant les médailles d'or, d'argent et de bronze frappée à la Monnaie de Paris. Des danseurs accompagnent le chemin de ces malles, poussées par des grooms zélés sur les chariots à bagages d'un palace.
C'est en voulant couvrir d'or toute cette jeunesse de France, que Thomas Jolly, le metteur en scène, Daphné Burki, la créatrice des costumes et Maud Le Pladec, la chorégraphe, ont pensé au splendide tableau qui suit, le long de l'île de la cité, devant l'Hôtel Dieu. Les danseurs des ballets de Lorraine, du Rhin, de Bordeaux, de Thierry Malandain à Biarritz et du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris se sont unis pour danser ce ballet dans l'eau, aux gestes amples et très dynamiques, sur fond de feuilles d'or ruisselant depuis les bords du quai. Sur une plateforme dorée, juché sur un toit juste en face, Guillaume Diop, danseur étoile de l'Opéra de Paris, danse comme en écho dans cette séquence scintillante. Une double chorégraphie signée Maud Le Pladec.
Alors que le porteur de flamme passe des toits du Théâtre du Châtelet à la scène où l'on répète un extrait de la comédie musicale Les Misérables, qui sera donnée à l'automne, les fenêtre de La Conciergerie s'ouvrent sur des Marie-Antoinette décapitées tenant leur tête à la main, tandis que le groupe de hard rock français Gojira chante « Ah ! Ça ira ». C'est alors Marina Viotti qui chante Carmen, à la proue du bateau de la Ville de Paris, dont la devise est Fluctuat nec mergitur ; Klaus Mäkelä dirige le Chœur et l'Orchestre de Paris pour ce tableau.
Sur des mats juchés sur le Pont Neuf, les danseurs de la compagnie XY se balancent sur une chorégraphie de Rachid Ouramdane, des images poétiques entrecoupées de longs plans filmés dans la salle Ovale de la Bibliothèque Nationale de France, hommage à la littérature française et à toutes les identités LGBTQI+. Nathan Paulin est aussi sur son fil, et rejoint les acrobates et artistes de l'extrême avec lesquels le chorégraphe travaille. Une séquence qui célèbre le triomphe de l'amour, évoqué par un cœur rose tracé dans les airs par la Patrouille de France.
L'une des plus fortes séquences est cependant sans conteste le chœur de la Garde Républicaine chantant Formidable et Ma Bohème de Charles Aznavour sur le Pont des Arts devant l'Institut de France, illuminé par une rampe dorée laissant échapper la chanteuse Aya Nakamura entièrement vêtue d'or et accompagnée de six danseuses. Une incroyable image mêlant deux icônes de la musique française. C'est aussi Alexandre Kantorow qui interprète Ravel, Saint-Saëns, Satie et Debussy sur un piano placé au centre du Pont des Arts, mouillé par la pluie battante, alors que le défilé des bateaux chargés d'athlètes enthousiastes se poursuit longeant le Palais du Louvre.
Après Le Louvre, c'est maintenant au Musée d'Orsay que le porteur de flamme continue son parcours, proposant un voyage dans le temps, rappelant l'histoire du cinéma, des Frères Lumière à Méliès, au Petit Prince jusqu'au sous-marin du Capitaine Nemo et des Minions, qui sont Français ! Une séquence d'animation davantage destinée aux enfants qu'aux adultes qui nourrit la narration trépidante de cette cérémonie d'ouverture.
Hissée comme une vigie sur la verrière du Grand Palais, La Marseillaise chantée par la chanteuse lyrique Axelle Saint-Cirel (lauréate du Concours Voix d'Outre mer 2023), tenant un immense drapeau français, fait émerger des figures de femmes couvertes d'or, devant l'Assemblée Nationale, pour un tableau intitulé « Sororité » : Olympe de Gouges, Alice Milliat, Gisèle Halimi, Paulette Nardal, Jeanne Barret, Christine de Pizan, Louise Michel, Alice Guy, Simone Veil, Simone de Beauvoir.
Alors qu'un nouveau tableau s'ouvre sur des barges flottantes évoquant les jardins à la française de Versailles où évoluent danseurs et sportifs urbains, BMX et skateurs, empêchés par la pluie qui tombe à grosses gouttes, la séquence la plus commentée de cette cérémonie est le banquet de drag queen et le défilé de mode orchestré sur la passerelle Debilly mettant en valeur la jeune création de mode française, le tout sur une bande-son pop et disco mixée par la DJ Barbara Butch. Germain Louvet, danseur étoile de l'Opéra de Paris défile tout en noir, sur pointes, avant de s'élancer dans une série risquée de tours à la seconde, et rejoint la formidable jeune danseuse de Krump Adeline Kerry Cruz et son acolyte Jr Maddripp, splendides interprètes de Silent Legacy de Maud Le Pladec. La passerelle s'est transformée en discothèque géante, avec Princess Madoki, icône du waacking, Fauve Hautot et Romain Guillermis, représentant la danse de salon, GG Palmer, star du voguing, Bboy Haiper pour le breaking, Loïs et Antorin de la Bourrée de Paris pour la danse folklorique auvergnate et sur une barge flottante la compagnie électro Mazelfreten. Cette séquence qui rend hommage à toutes les danses s'achève par un Philippe Katherine en surprenant et insolent Bacchus peint en bleu, « tout simplement tout nu ».
Alors que la Tour Eiffel scintille, la délégation française s'apprête enfin à défiler, embarquée sur le Paquebot, avec la primeur d'une caméra embarquée. Une caméra qui suit aussi au plus près les danseurs de Mazelfreten ou de la passerelle Debilly, que l'on voit mieux que les danseurs des ballets français sur l'Île de la Cité un peu plus tôt dans la soirée. Pendant ce temps, sur une île flottante, comme sur un volcan incandescent, Juliette Armanet chante Imagine de John Lennon, accompagnée au piano par Sofiane Pamart. Un message de paix pour cette chanson iconique et engagée, désormais un classique des cérémonies d'ouverture.
La nuit est tombée et la pluie continue de plus belle. Dans un costume de cuir argenté conçu par Jeanne Friot pour la Maison Dior, une cavalière argentée couverte d'une cape olympique s'élance sur une monture métallique flottant au-dessus de l'eau, et parcourt toute la distance d'Austerlitz à Trocadéro, alors que s'allument des ailes de colombes qui se déploient sur différents ponts du parcours, diffusant l'esprit olympique dans Paris. Relayée par un cheval en chair et en os, la cavalière est accompagnée par la Garde Républicaine et suivie sur le pont par tous les porteurs de drapeau pour rejoindre le podium du Trocadéro où l'attendent délégations et chefs d'États. Porteuse du drapeau olympique, elle progresse lentement jusqu'au mat où celui-ci va être hissé au son de l'hymne olympique par des représentants des armées. L'Orchestre National de France et le Chœur de Radio France interprètent alors l'hymne officiel des Jeux Olympiques de Paris sous la direction de Cristian Măcelaru.
Après les discours inauguraux de Tony Estanguet, président du Comité d'organisation de Paris 2024 et de Thomas Bach, Président du CIO, le Président de la République Emmanuel Macron déclare les Jeux de Paris ouverts, et cède la place au serment olympique prononcé par les deux porte-drapeaux français. Zinedine Zidane en costume et baskets blanches se voit confier la flamme par le porteur masqué, surgit d'une trappe sous le podium pour la confier à Rafael Nadal, dans sa tenue de la délégation espagnole. Sur un petit bateau, il remonte la Seine accompagné de Serena Williams, Carl Lewis et Nadia Comaneci, anciens champions olympiques.
Sur la musique de Cerrone, le chansigneur Shaheem Sanchez interprète en langue des signes le tube Super Nature sous le phénoménal show laser de la Tour Eiffel. Les porteurs de la flamme sont accueillis par la championne de tennis Amélie Mauresmo, l'une des dernières relayeuses de la flamme, qui pénètre dans la cour du Louvre où l'attend Tony Parker pour rejoindre le Jardin des Tuileries où de très nombreux champions olympiques français passent la flamme à Teddy Riner et Marie Jo Perec, se dirigeant vers la vasque olympique créée par Mathieu Lehanneur installée au centre du Jardin des Tuileries. Celle-ci décolle et s'envole comme une soucoupe volante dans le ciel de Paris, portée par une montgolfière pendant que, sur la Tour Eiffel, c'est la voix de Céline Dion qui s'élève chantant L'hymne à l'amour d'Edith Piaf. Une vision magique pour cette chanteuse qui n'avait pas chanté en public depuis 4 ans.
Crédits photographiques : © Paris Olympics – Paris 2024 ; Maud Le Pladec © Nicolas Despis
Modifié le 29/07/2024 à 17h49
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Merci pour ce compte-rendu précis (et sans parti-pris… enfin !), qui permet aussi dé repérer ce que la réalisation télé a trop survolé (ou carrément manqué 😉