Maxime Quennesson au Festival Radio France Montpellier Occitanie : Un violoncelle de l’intime au flamboyant
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Le nouveau Festival Radio France Occitanie Montpellier. 17-VII-2024. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Suite n° 2 en ré mineur BWV 1008 ; Chaconne extraite de la Partita n° 2 en ré mineur BWV 1004 pour violon (transcription pour violoncelle). Séverine Ballon (née en 1980) : Ensuite (commande de la Fondation Banque Populaire – création française). Eugène Ysaye (1858-1931) : Sonate op. 28 (Grave). Eric Tanguy (né en 1968) : Invocation. Maxime Quenesson, violoncelle Jean-Baptiste Vuillaume (1863).
Dans la Salle Pasteur du Corum à Montpellier, le jeune violoncelliste Maxime Quennesson se produisait en solo dans un programme Bach, entouré de trois autres compositeurs au langage plus contemporain, en une présentation en miroir judicieuse et révélatrice.
Il est toujours émouvant de voir entrer sur scène un artiste solitaire, prêt à offrir à un public nombreux un programme exigeant et non moins attendu. Le récital débute avec la Suite n° 2 pour violoncelle seul BWV 1008 de Johann Sebastian Bach. La tonalité de ré mineur instaure d'emblée un climat intime que l'artiste met en valeur par une intériorité subtile et sereine. Au cours du Prélude introductif le discours nous amène peu à peu vers des accents plus appuyés que l'archet généreux souligne majestueusement. La suite des danses propose à chaque fois un microcosme particulier depuis l'Allemande allante, la Courante enflammée, la Sarabande qui nous emmène loin dans des souvenirs lointains dignes de Jacqueline Du Pré et pour finir les galanteries des Menuets et le rythme ternaire de la Gigue …
Pour sortir de l'univers connu des Suites de Bach, Maxime Quennesson nous propose alors une œuvre directement inspiré de cette Suite, de la jeune compositrice Séverine Ballon intitulée Ensuite. Comme son titre l'indique elle s'inspire essentiellement du Prélude n° 2 de Bach dont on retrouve des traces en filigrane, telle une trame savante en pointillé. Le langage est moderne voire avant-gardiste avec une participation supplémentaire de l'interprète qui siffle en contrepoint de son jeu instrumental. Un dialogue s'instaure alors entre sons aigus, harmoniques du violoncelle et sifflements, souvent réunis en une même tessiture. Une approche passionnante et originale s'en dégage.
Le milieu du récital permet d'écouter un extrait de la Sonate op. 28 pour violoncelle seul d'Eugène Ysaye, la seule œuvre dédiée à cet instrument en solo. Ici le premier mouvement Grave de sa Sonate se nourrit d'arpèges ou le chromatisme occupe une place importante. Son langage musical s'apparente plus ici aux accents novateurs du début du XXe siècle qu'au romantisme de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Une autre œuvre de notre temps est présentée ensuite avec Invocation d'Eric Tanguy. datée de 2009 cette composition génère des impressions diverses dont celle d'une recherche d'un langage différent pour entendre le violoncelle autrement. On se laisse porter en particulier ici par la savoureuse sonorité du violoncelle de 1863 signé Jean-Baptiste Vuillaume.
Retour à Bach avec une audacieuse transcription pour le violoncelle de la Chaconne extraite de la Partita n° 2 pour violon seul BWV 1004. Cette œuvre monumentale de 15 minutes est l'un des grands sommets de l'art de Johann Sebastian Bach. Depuis, elle a bénéficié de nombreuses transcriptions pour le luth, le clavier, voire l'orchestre. L'écriture s'y prête même si l'adaptation ici au violoncelle ne coule pas de source. La distribution des hauteurs de cordes est différente du violon et engendre des positions plus complexes de la main notamment dans les passages en accords. La technique de haut vol de Maxime Quennesson vient à bout de ces difficultés là afin de nous livrer un discours chaleureux avec une ligne mélodique cohérente qui avance au pas de l'homme, au gré des variations tantôt recueillies ou ludiques en arpèges charmeurs.
En guise de Bis et pour résumer agréablement l'ensemble du récital, le premier Prélude des 6 Suites de Bach, le célébrissime « en sol majeur », pudique, simple et idéal pour prendre congé d'une rencontre au sommet entre un artiste et son public.
Crédit Photographique : © Christophe Abramovitz
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