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Centenaire de Pierre Cochereau : l’hommage du label Solstice

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Choral « Aus tiefer Not schrei’ ich zu dir’ BWV 686. Pierre Cochereau (1924-1984) : Improvisation sur le noël « Laissez paître vos bêtes » ; Suite rhapsodique sur « Ave Maris Stella » ; Variations sur « Frère Jacques » ; Messe de 11 heures 30 du dimanche 4 mars 1984 (Entrée, Offertoire , Communion, Sortie). 1 CD Solstice. Enregistré de 1970 à 1984. Livret bilingue en français et en anglais. Durér totale : 76:02

 
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aura marqué son temps. Nommé titulaire du grand-orgue de Notre-Dame de Paris en 1955, il est surtout considéré comme un immense improvisateur, certainement le plus grand de la deuxième moitié du XXᵉ siècle. Pour le centenaire de sa naissance, de nombreux hommages lui sont rendus, dont celui du fidèle label Solstice avec ici un CD faisant grande place à son art de l'improvisation.

Le 6 mars 1984, disparaissait brutalement à l'âge de 59 ans. Né le 9 juillet 1924, il vint à l'orgue à l'âge de 13 ans, l'année même ou disparaissait l'un de ses illustres prédécesseurs : . Son premier professeur fut Marie-Louise Girod, amie de conservatoire de Jehan Alain. Par la suite, gravissant les échelons, il intègre le Conservatoire de Paris dans la classe d'orgue de qui dira de lui plus tard qu'il était « un phénomène sans équivalent dans le monde de l'orgue »! Il devint titulaire de l'orgue de Saint-Roch à Paris dès 1942 avant d'accéder au poste d'organiste de Notre-Dame de Paris en 1955. Il a alors 31 ans. Durant 29 ans il fit rayonner mondialement cet orgue prestigieux, sorti des mains d' en 1868. Il le fit évoluer dès 1963 par une électrification des transmissions et l'installation d'une nouvelle console, à l'américaine. Par la suite il confia à Robert Boisseau la tâche de donner un son nouveau à l'orgue, notamment avec l'installation de chamades en 1968 et de nouvelles mixtures. A ce stade, il avait en main un orgue apte à traduire son génie d'interprète et d'improvisateur. Les années 70 furent l'apogée de cet orgue fantastique admiré de tous.

Ce CD couvre toute cette période et permet d'entendre des différences, d'année en année par rapport à la sonorité de l'orgue. Le choral de Bach qui débute ce programme offre le « cantus firmus » joué sur les chamades nouvellement installées. Les Variations sur « Frère Jacques » offrent un orgue dans toute sa plénitude et capté alors de belle manière, lors d'une soirée privée, toute chargée de mystères. Les enregistrements du début des années 80 font sentir un orgue plus fatigué, se dégradant peu à peu, ce que déplorait amèrement . De 1968 à 1984, , grand habitué de cette tribune et devenu ami de l'organiste, enregistra systématiquement tout ce qui était joué sur cet orgue. Le monde de la musique reste reconnaissant envers le label FY & Solstice d'avoir capté de tels trésors à jamais fixés pour la postérité. A ce jour une partie de ce legs est éditée, venant à la suite d'une période précédente où l'organiste avait enregistré pour le label Philips.

A Notre-Dame de Paris, Pierre Cochereau avait débuté sa carrière discographique dès son arrivée en 1955 en gravant des microsillons pour la firme L'oiseau Lyre. C'est André Charlin, célèbre ingénieur du son, inventeur de la stéréophonie moderne qui fut chargé de capter plusieurs œuvres dont la célèbre Symphonie-Passion de . Ces documents sont très précieux car ils sont le témoignage de l'art de Pierre Cochereau alors trentenaire et permettent également d'entendre l'orgue tel que l'avait connu et son successeur Léonce de Saint-Martin. Depuis, le label Solstice a réédité un coffret « les incunables » qui regroupe ces premières gravures.

Pierre Cochereau fut aussi un vulgarisateur de génie. Grâce à lui, l'orgue devint populaire en ouvrant sa tribune aux organistes du monde entier pour de célèbres concerts le dimanche après-midi à Notre-Dame qui durant plusieurs décennies ont rythmé les week-ends de la cathédrale remplie à chaque fois d'un public chaleureux. On se souvient de la douce voix du chanoine Jehan Revert qui présentait ces auditions ou quand il introduisait un office en prononçant cette petite phrase magique : « Et aux grandes orgues… Pierre Cochereau ». L'équipe d'alors était exceptionnelle : L'archevêque Monseigneur Marty, le maitre de chapelle Jehan Revert et l'organiste Pierre Cochereau. Ce dernier occupa à cette tribune une place particulière partageant une triple fonction, liturgique, officielle d'état et de concertiste.

Aujourd'hui et à l'écoute de très nombreux documents sonores ou vidéos, l'art de Pierre Cochereau reste bien présent et toujours aussi enthousiasmant pour une immensité de musiciens ou de simples auditeurs, subjugués par un génie qui les dépasse. En cette année du centenaire, de nombreux hommages lui sont rendus.

Il serait heureux de voir rééditer à l'occasion du centenaire les nombreux enregistrements que Pierre Cochereau avait réalisé pour le label Philips dans les années 60 et qui constituent une période importante dans la carrière de cet artiste. Un coffret regroupant une vingtaine de CD aurait du voir le jour en 2020 mais ce projet fut remis à plus tard en raison de la sortie d'un coffret Solstice à cette même époque.

Cet anniversaire est en effet l'occasion de connaitre pleinement les richesses musicales de celui qui fut sans doute le plus grand organiste des temps modernes.

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2 commentaires sur “Centenaire de Pierre Cochereau : l’hommage du label Solstice”

  • Jacques Kauffmann dit :

    Merci pour ces lignes qui résument si bien élus qui fut un des plus fabuleux organisés du 20ème siècle, un improvisateur hors du commun, une personnalité exceptionnelle.
    Merci.

  • dujardin dit :

    Merci de ces lignes de souvenir et d’hommage au grand Pierre.Vous ravivez des souvenirs marquants, pour avoir longtemps fréquenté les auditions d’orgue de NDdeP, et avoir eu la grande chance de partager le joie de chanter sous Jehan Revert avec Pierre au GO. Souvenir de la Messe solennelle pour 2 orgues de L Vierne par ex, souvenir de l’accueil de JP II au son de Tu es Petrus, souvenir visuel et sensoriel de ces visiteurs de Notre-Dame se levant et se retournant vers le GO en sortie de messe, terrifiés par ce déluge de musique leur tombant dessus depuis cette haute tribune , et par les trépidations des anches de chamades et par les vibrations de contre-bombarde . On savait qui était aux claviers. Cela ne s’oublie pas…

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