Deepstaria : le souffle cosmique de Wayne McGregor

Avec sa compagnie, Wayne McGregor, livre dans Deepstaria en ouverture du festival Montpellier Danse une réflexion virtuose sur le cosmos.

Après avoir consacré plusieurs années à The Dante project, créé au Royal Ballet à Londres, puis au Ballet de l'Opéra de Paris, le chorégraphe anglais Wayne McGregor crée une nouvelle pièce pour sa compagnie, baptisée Deepstaria, conçue comme la première œuvre d'un diptyque, dont la seconde partie entièrement numérique sera projetée sur écran géant en 2025.

Toujours adepte de l'expérimentation et de l'innovation technologique, le chorégraphe affirme utiliser certaines techniques pour la première fois. C'est le cas de la technologie Vantoblack qu'il emploie pour créer une obscurité parfaite sur le plateau, ou le moteur audio numérique Bronze AI qui recompose avec l'aide de l'intelligence artificielle l'imagerie acoustique et la musique animée du concepteur sonore Nicolas Becker et du producteur musical LEXX.

Wayne McGregor reprend de façon abstraite le principe cosmique déployé dans The Dante project, commençant ici par l'enfer (en noir), poursuivant avec le purgatoire (rouge, bleu), avant de finir par le blanc du paradis. Il en résulte trois univers chorégraphiques différents, tous virtuoses, liés par d'impressionnant effets lumineux et sonores.

Ouverture au noir, avec des danseurs et danseuses au cordeau, qui pratiquent une danse cambrée et étirée à l'extrême, tordue et élastique, dont de superbes pas de deux. L'écriture est intense, sophistiquée, complexe et fascinante. Entre chaque partie, les effets lumineux prennent le relais d'une musique spectrale recomposée en direct.

Plongés tour à tour dans une lumière rouge, puis bleue, les danseurs figurent dans cette scénographie en mouvement comme des êtres surnaturels happés par des puissances obscures. La danse se fait alors plus intérieure, organique, sensuelle, au sol ou dans des enchevêtrements de corps. La troisième partie, enfin, est plus lumineuse et limpide. Les danseurs vêtus de blanc ont des allures d'anges et apparaissent ou disparaissent dans une chorégraphie apaisée.

L'excellence des neuf danseurs et la complexité de l'écriture chorégraphique, renouvelée à chaque séquence, font de ce ballet très ambitieux un moment rare pour les spectateurs, plongés dans un maelstrom de sensations visuelles, sonores et lumineuses. C'est aussi pour Wayne McGregor une affirmation de sa puissance créative et de sa capacité à générer un spectacle total avec le concours de nouvelles technologies encore expérimentales.

Crédits photographiques : © Ravi Deepres

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