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Des costumes de scène façon contes de fées à Azay-le-Rideau

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Château d’Azay-le-Rideau. Exposition « Habiller le merveilleux, costumes de scène ». Centre national des monuments historiques en partenariat avec le Centre national du Costume et de la Scène de Moulins (CNCS). Scénographie : Studio Tovar. Commissaire de l’exposition et directrice du CNCS : Delphine Pinasa. Du 26 juin au 3 novembre 2024.

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De la chambre du Roi jusqu’aux combles du Château d’Azay-le-Rideau, l’exposition « Habiller le merveilleux, costumes de scène », en partenariat avec le Centre national du costume et de la scène de Moulins (CNCS), plonge le visiteur dans un univers onirique.

Ce type d’exposition hors les murs n’est pas fréquent pour le CNCS, précise Delphine Pinasa, directrice du Centre à Moulins et commissaire de l’exposition. Le CNCS prête régulièrement des costumes à d’autres institutions mais très rarement autant, et encore moins dans le cadre d’une exposition à part entière. Cette collaboration avec le Château d’Azay-le-Rideau et le Centre des Monuments historiques, gestionnaire du site, retient donc tout particulièrement l’attention. Ce n’est toutefois pas une première car les deux institutions avaient déjà collaboré en 2015 au Château de Pierrefonds pour une exposition intitulée « Armures, hennins et crinolines. »

Le Château d’Azay-le-Rideau, au milieu de son parc romantique, avec son miroir d’eau et sa façade aux décorations Renaissance si raffinées, semble offrir un écrin idéal pour un parcours hors du temps. A l’intérieur, la scénographie imaginée par le Studio Tovar, qui a déjà travaillé à plusieurs reprises pour le CNCS, propose un parcours suivant le sens habituel de la visite dans les salles du premier étage du château. Il permet de découvrir quatorze costumes de scène d’opéra, ballet et théâtre, issus d’Isoline, Oberon, Le Lac des Cygnes et Ondine, s’harmonisant ou répondant aux lieux de part leur esthétique ou leur thématique. L’idée a été de plonger le visiteur dans un monde de contes de fées tout en faisant dialoguer les costumes avec les collections présentées de façon permanente. Les costumes viennent ainsi s’intégrer aux lieux, leur apportant un surplus de merveilleux, comme l’univers du spectacle sait si bien le faire, tandis que le cadre du château rehausse leur beauté.

Le début de l’exposition prend place dans les combles du château (superbe charpente en chêne du XVIe siècle), avec une introduction qui explique ce qu’est le costume de scène, son histoire, sa conception, sa fragilité, son but : donner l’illusion, restituer l’esprit du créateur de la pièce.

Tous les costumes sont ensuite présentés dans des cages de « tulle », à l’abri de la poussière, des insectes et… des visiteurs. Le premier surgit comme une apparition dans la Chambre Renaissance, meublée de coffres, d’un lit à baldaquin, avec un rare revêtement mural en roseaux tressés. Avec du velours noir, un long drapé rouge, des empiècements dorés et une coiffe spectaculaire, il est celui de la Reine Amalasonthe, imaginé par Jean-Pierre Ponnelle pour l’opéra Isoline d’André Messager dans la production de 1958 donnée à l’Opéra Comique. Il répond comme dans un jeu de miroir aux portraits de dames de la Renaissance, richement parées, qui l’encadrent. Dans la Garde robe qui suit, trois autres costumes d’opéra, tout aussi raffinés, dont bien sûr celui de la Princesse Isoline, une « vraie robe de princesse ». Dans la chambre de Psyché, baignant dans la pénombre, ceux d’une fée et d’un génie d’Oberon de Carl Maria von Weber, issus de la production de Maurice Lehmann pour l’Opéra de Paris en 1954, signés Jean-Denis Malclès. Verts, très poétiques avec leurs motifs végétaux, leurs « gouttelettes » irisés, ils sont éclairés à la lumière de chandeliers, conférant une atmosphère féérique à la scène.

Le fantastique s’invite encore dans la Grande salle avec, dans une installation spectaculaire, les somptueux costumes baroques d’Ondine, la pièce de Jean Giraudoux. Créés par la décoratrice Chloé Obolenksy, ils ont été réalisés dans les ateliers de la Comédie Française pour le spectacle de 1974. L’étole et la cape du Roi des Ondins, tout en lamé, se charge d' »écailles » et de « coquilles » miroitant dans un effet saisissant. À côté, la longue robe rose patinée d’or portée par Isabelle Adjani, le pourpoint et la culotte de velours agrémentés de pétales de soie du Poète, interprété alors par Francis Huster, et la précieuse et scintillante robe de la Reine Yseult, le tout sous l’œil d’une grande salamandre décorant la cheminée.

En 1992, les ateliers de couture de l’Opéra de Paris réalisent les costumes de Tomio Mohri pour le Lac des Cygnes ; trois sont présentés ici. Dans l’antichambre, côtoyant une galerie de portraits, ceux du Prince et d’Odile, noirs comme il se doit, accueillent le visiteur. Revisités par le costumier japonais, ils se parent d’éléments d’inspiration japonaise avec leurs plissés et leurs cabochons, paillettes et cordelettes brillantes. Enfin, en entrant dans la Chambre du Roi, la longue robe à traine (3m50!) de La Reine, avec sa coiffure architecturée ornée de perles et de strass, sa jupe à large panier en plissé façonné or et argent, happe le regard, s’exposant avec ostentation non sans faire penser à une certaine Turandot. Cette pièce emblématique du CNCS, restaurée pour l’occasion, referme l’exposition qu’il est possible de visiter jusqu’au 3 novembre. Dans cette chambre où a dormi Louis XIII de passage à Azay en 1619, on admire un précieux secrétaire à tiroirs et de très belles tapisseries. La visite se poursuit dans d’autres salles ou au jardin, mais cette fois sans princes ni princesses.

Crédits photographiques : © L de Serres – CMN

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Château d’Azay-le-Rideau. Exposition « Habiller le merveilleux, costumes de scène ». Centre national des monuments historiques en partenariat avec le Centre national du Costume et de la Scène de Moulins (CNCS). Scénographie : Studio Tovar. Commissaire de l’exposition et directrice du CNCS : Delphine Pinasa. Du 26 juin au 3 novembre 2024.

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