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Manifeste : ondes de force et de lumière à Radio France

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Paris. Maison de la Radio et de la Musique. Festival ManiFeste. 19-VI-2024. Elżbieta Sikora (née en 1943) : Sonosphère III & IV, pour orchestre et électronique (CM de la nouvelle version) ; Luigi Nono (1924-1990) : Come una ola de fuerza y luz, pour soprano, piano, orchestre et bande magnétique. Yeree Suh, soprano ; Jean-Frédéric Neuburger, piano ; Orchestre Philharmonique de Radio France ; Augustin Muller, électronique Ircam ; Luca Bagnoli, diffusion sonore Ircam.

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Déploiement hors norme des forces orchestrales au 104 de la Maison de la Radio et de la Musique pour les deux œuvres avec électronique au programme de ce concert , dont , à la tête du « Philharmonique », révèle la fulgurance.

Adepte des manifestations sonores à haut voltage (on se souvient notamment de Terretektorh de Xenakis ou plus récemment du troisième Concerto pour piano de ce dernier), n'a pas son pareil pour dompter les masses orchestrales et galvaniser son auditoire.

De la compositrice polonaise , Sonosphère III et IV sont deux pièces pour orchestre et électronique qui s'enchaînent, appelant un dispositif spatial singulier. Co-commande de l' et du ministère de la Culture et du Patrimoine national de Pologne, l'œuvre (2016-2017) a été pensée pour le National Forum of Music (NFM) de Wroclaw et ses espaces spécifiques, la musique devant résonner d'abord dans le hall d'entrée puis dans la salle de concert. La compositrice a remanié sensiblement sa partition pour l'exécution dans le Studio 104. Deux sets de percussions sont isolés sur les hauteurs face au public et six cuivres (2×3) sont distribués sur le balcon, à l'arrière ; conçue dans les locaux de l' avec le RIM , la partie électronique, quant à elle, est diffusée sur six canaux.

Le son sikorien s'entend dans la trame riche et mouvante qui investit l'espace avant le premier assaut de l'orchestre amorcé par un déferlement de peaux. L'écriture procède alors par étagements de strates sonores rehaussées d'appels de cuivres qui ne sont pas sans évoquer l'univers varésien. La seconde partie de Sonosphère III fusionne les couleurs de l'orchestre et de l'électronique en de longues trames déferlantes aux moirures délicates. Sonosphère IV débute par la joute des trompettes et trombones placés à l'étage, dont les interventions vont tisser la dramaturgie de l'œuvre. Entre gestes éruptifs, bouffées de lyrisme et écriture solistique, la musique de Sikora entretient l'énergie du geste et la vitalité des couleurs au sein des pupitres instrumentaux particulièrement réactifs.

L'orchestre grossit encore son effectif (douze contrebasses, quatre piccolos, six clarinettes, six trombones, dont deux contrebasses, deux contrebassons et un tuba) pour la seconde pièce au programme, Como una ola de fuerza y luz (« Comme une onde de force et de lumière »), une œuvre de engagée politiquement comme l'est toute la musique du Vénitien.

Très rarement donnée au vu de l'effectif, la partition (1972) écrite pour soprano, orchestre et électronique, est adressée à Maurizio Pollini et Claudio Abbado. Nono y rend hommage à Luciano Cruz Aguayo, l'un des dirigeants du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR, Movimento de Izquierda Revolucionaria) mort accidentellement en 1972. Elle  s'accompagne d'un texte écrit par le compositeur d'après le poème « Luciano » de Julio Huasi et enchaîne différentes parties, entre lamentation et violence tellurique : le texte est d'abord chanté par la soprano dans la plénitude de sa tessiture, inscrivant sa ligne tourmentée sur le halo plus diffus de la bande-son ; avant la réponse survoltée du piano (magistral ), impacts et résonance puissamment entretenue dans le grave de la tessiture. Se dessine au sein des cuivres et de la percussion un espace de lutte sans concession à laquelle participe le piano ; un long processus ascensionnel porte les sonorités de l'orchestre vers des aigus liminaux, jusqu'au seuil de l'audible. La dernière partie est une grande clameur (l'appel à l'activisme) amplifiée par l'électronique qui démultiplie l'espace et porte très loin la résonance du cri, « comme une onde de force et de lumière ».

Poing tendu qui « jette la lumière » dans un monde obscur, la musique de Nono n'a pas pris une ride et le son de la bande non plus. La voix de impressionne et la performance de sidère, comme celle des musiciens du « Philhar » sous la ferme conduite de .

Crédit photographique : © Fernando Pereira ( en 1979) ; © 2020 Elzbieta Sikora

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Paris. Maison de la Radio et de la Musique. Festival ManiFeste. 19-VI-2024. Elżbieta Sikora (née en 1943) : Sonosphère III & IV, pour orchestre et électronique (CM de la nouvelle version) ; Luigi Nono (1924-1990) : Come una ola de fuerza y luz, pour soprano, piano, orchestre et bande magnétique. Yeree Suh, soprano ; Jean-Frédéric Neuburger, piano ; Orchestre Philharmonique de Radio France ; Augustin Muller, électronique Ircam ; Luca Bagnoli, diffusion sonore Ircam.

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