Mozart puissance trois en ouverture du Lille Piano(s) Festival
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Lille. Auditorium du Nouveau Siècle. 14-VI-2024. Wolfgang-Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n°23 KV 488 en la majeur ; Concerto pour deux pianos n°10 KV 365 en mi bémol majeur ; Concerto pour piano n°21 KV 467 en do majeur. François-Frédéric Guy, Geister Duo (Manuel Vieillard et David Salmon), Jonathan Fournel, piano. Orchestre national de Lille, direction : Alexandre Bloch
Le Lille Piano(s) Festival s'est ouvert sous le signe de Mozart. Trois (et même quatre) pianistes sur scène, trois concertos (dont les merveilleux 21e et 23e), préambule à une grande fête de la musique avant l'heure.
Le « marathon Mozart » proposé le temps d'un week-end pour le vingtième anniversaire du Lille Piano(s) Festival a été lancé ce vendredi soir dans un grand auditorium du Nouveau Siècle plein comme un œuf. Trois concertos du divin Mozart étaient proposés, avec pas moins de quatre pianistes réunis sur scène, sous la direction toujours élégante d'Alexandre Bloch, qui entame là sa dernière ligne droite avec l'Orchestre national de Lille. Avant de laisser la baguette à Joshua Weilerstein, également présent dans la salle. Tout comme Jean-Claude Casadesus, fondateur de l'Orchestre national de Lille et créateur du festival il y a tout juste 20 ans.
Les concertos pour piano de Mozart sont un peu le jardin secret du compositeur. Des œuvres qu'il composait pour lui-même et ses proches, à l'abri des diktats des commandes. Des œuvres où, plus encore qu'ailleurs, il a exprimé ses sentiments et ses angoisses. Le concert d'ouverture du Lille Piano(s) Festival permet d'en écouter deux des plus beaux et des plus célèbres, les 21e et 23e.
François-Frédéric Guy débute la soirée avec le Concerto n°23 KV 288. Un chef-d'œuvre d'une perfection absolue, composé en même temps que l'opéra Les Noces de Figaro. Ce concerto à l'orchestration légère (bois et cordes seulement) est un concentré de joie pure (dans les mouvements extrêmes) et de tragique déchirant (adagio central). François-Frédéric Guy est plus un spécialiste du répertoire romantique allemand, que des épures mozartiennes. Avouons que son jeu nous parait un peu froid et neutre, manquant de tension dramatique, tout simplement de plaisir.
Le plaisir, nous l'avons ensuite, avec le délicieux Concerto pour deux pianos n°10 KV 365, en compagnie du Geister Duo (Manuel Vieillard et David Salmon). Ce concerto composé par Mozart à l'attention de sa sœur Nannerl, nous ramène dans le monde de l'enfance et des jeux. Le « ping-pong » musical, le jeu permanent du chat et de la souris mené par les deux claviers espiègles est parfaitement rendu par le Geister Duo, soutenu par un orchestre complice dirigé par un Alexandre Bloch beaucoup plus détendu que dans le concerto précédent.
Une détente qui se confirmé dans la troisième œuvre de la soirée, le célébrissime Concerto n°21 KV 467, en compagnie du pianiste Jonathan Fournel. Le lauréat du Grand Prix International Reine Elisabeth 2021 est un excellent mozartien, c'est-à-dire capable de faire chanter son clavier, de ne jamais le faire peser. Le Concerto n° 21 est en effet une œuvre en apesanteur, même si pleines de contrastes. L'orchestre (superbes pupitres des cordes et bois) doit se faire soie (notamment dans le très célèbre andante), mais également rebond et souplesse permanente. Sur des tempos très allants, Jonathan Fournel et l'ONL sous la baguette d'Alexandre Bloch, font de ce concerto une fête.
Beau prélude à un week-end entier de musique à Lille, dédié au piano, à Mozart, mais aussi Chopin, Liszt, Bach, et au jazz.
Crédits photographiques : @ Orchestre National de Lille
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