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Rennes. Opéra de Rennes. 08-VI-2024. Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca, opéra en 3 actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d’après la pièce de Victorien Sardou. Mise en scène : Silvia Paoli. Décors : Andrea Belli. Costumes : Valeria Donata Bettella. Lumières : Fiammetta Baldiserri. Collaboration mouvement : Rosabel Huguet. Assistante mise en scène : Tecla Gucci. Avec : Myrtò Papatanasiu, Floria Tosca ; Andeka Gorrotxategi, Mario Cavaradossi ; Stefano Meo, Le baron Scarpia ; Marc Scoffoni, Le Sacristain ; Jean-Vincent Blot, Cesare Angelotti ; Marc Larcher, Spoletta ; Pierrick Boisseau, Sciarrone ; Hélène Lecourt, le Pâtre ; Éric Vrain, le Geôlier. Chœur d’Angers Nantes Opéra (Chef de Chœur : Xavier Ribes). Maîtrise des Pays de la Loire (Chef de Maîtrise : Pierre-Louis Bonamy). Orchestre National des Pays de la Loire, direction musicale : Clelia Cafiero
Créée en 2022 à l'Opéra de Lorraine, la mise en scène de Tosca de Silvia Paoli permet de retrouver sur la scène rennaise et sur écran en Bretagne la soprano grecque Myrtò Papatanasiu, où elle donne de la voix face au ténor basque Andeka Gorrotxategi, sous la direction de Clelia Cafiero.
Violetta en 2013 à l'Opéra de Rennes, Myrtò Papatanasiu avait déjà participé avec La Traviata à une représentation sur un écran géant extérieur, sur la place de la Mairie. Onze ans plus tard, elle est sur cette même scène Floria Tosca dans le chef-d'œuvre de Puccini, et tient le rôle-titre pour trois des cinq représentations rennaises (en alternance avec Izabela Matula), dans une production déjà reprise deux fois à Angers et cinq fois à Nantes pendant le mois de mai. Maintenant bien développé, le dispositif sur écrans permet une diffusion en direct de la représentation dans plus de vingt-cinq villes de Bretagne et des Pays de la Loire, en plus de mettre en avant pour la première fois cette année l'entreprise Orange, qui présente un inédit dispositif d'immersion dans une grande box noire, juste à côté de l'opéra et en simultané à Nantes.
Opéra pour tous, Tosca l'est clairement en s'imposant chaque année comme l'un des titres prédominants du répertoire international. Et si la mise en scène épurée de Silvia Paoli -déjà décrite en détail en 2022 à Nancy– peut parfois faire douter quant à la pertinence de certaines images, à l'instar d'une scène de crucifixion en décalage avec le Te Deum magnifiquement chanté par le chœur en fin d'acte I, elle garde une vraie lisibilité, sans jamais surcharger l'action. L'idée de faire abattre Mario Cavaradossi dans le dos par le lâche Spoletta est plutôt adaptée à la notion de trahison de Scarpia, même si l'unique coup de pistolet – avant celui par lequel Tosca se suicidera plutôt que de se jeter d'une tour – donne moins de force au drame que certaines salves imposantes dans d'autres mises en scènes.
Tosca depuis des années, notamment à Rome et Bruxelles, Myrtò Papatanasiu tient le rôle en diva, joué et chanté à pleine puissance pour cette soirée spéciale, diffusée en extérieur pour plusieurs milliers de spectateurs et en direct sur France Musique. Bien que les coloris du timbre soient maintenant ceux d'une voix plus mure que celle entendue une décennie plus tôt dans Violetta, le Vissi d'Arte se montre d'excellente tenue et surtout, la soprano procure une grande force à la scène finale. Mario Cavaradossi depuis plusieurs années et lui aussi en alternance dans le rôle (avec le ténor Samuele Simoncini), Andeka Gorrotxategi tient également à montrer sa robustesse pour les écrans, même s'il affine souvent le chant. Délivré avec pureté sans ressortir comme un moment de bravoure, E lucevan le stelle fait sensation, bien que non applaudi, car la cheffe enchaîne immédiatement à l'orchestre afin d'éviter l'interruption de l'action.
Stefano Meo incarne Scarpia aussi bien par son aspect corporel que par les expressions de son visage, jusqu'aux saluts où il arrive observateur et suspicieux, avant de lâcher enfin un grand sourire. Il connaît son rôle de méchant, qu'il parvient à ne jamais caricaturer, là où le Spoletta de Marc Larcher surjoue parfois le côté félon, par le jeu comme par le chant un peu trop mielleux. Bien tenus, les autres protagonistes permettent de faire ressortir le Sacristain lui aussi un trop appuyé, mais tout de même attachant de Marc Scoffoni, ainsi que la très belle soprano Hélène Lecourt pour le Pâtre, chanté depuis la coulisse.
Déjà cité, le Chœur préparé par Xavier Ribes se montre chaud et excellent dans ses interventions, comme la Maîtrise des Pays de la Loire et ses enfants espiègles avec le sacristain au début. En fosse, c'est l'Orchestre National des Pays de la Loire qui tient comme en mai la partie symphonique. Bien dynamisé par les grands gestes de la cheffe Clelia Cafiero, il montre cependant peu de personnalité et manque parfois de sensibilité, sans mettre en défaut l'écriture toujours si géniale et émotionnelle de Puccini.
Crédits photographiques : © Bastien Capela pour Angers Nantes Opéra & Sylvie Munier (Image mise en avant)
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Rennes. Opéra de Rennes. 08-VI-2024. Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca, opéra en 3 actes sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d’après la pièce de Victorien Sardou. Mise en scène : Silvia Paoli. Décors : Andrea Belli. Costumes : Valeria Donata Bettella. Lumières : Fiammetta Baldiserri. Collaboration mouvement : Rosabel Huguet. Assistante mise en scène : Tecla Gucci. Avec : Myrtò Papatanasiu, Floria Tosca ; Andeka Gorrotxategi, Mario Cavaradossi ; Stefano Meo, Le baron Scarpia ; Marc Scoffoni, Le Sacristain ; Jean-Vincent Blot, Cesare Angelotti ; Marc Larcher, Spoletta ; Pierrick Boisseau, Sciarrone ; Hélène Lecourt, le Pâtre ; Éric Vrain, le Geôlier. Chœur d’Angers Nantes Opéra (Chef de Chœur : Xavier Ribes). Maîtrise des Pays de la Loire (Chef de Maîtrise : Pierre-Louis Bonamy). Orchestre National des Pays de la Loire, direction musicale : Clelia Cafiero