Concerts, La Scène, Musique symphonique

Klaus Mäkelä inconstant dans Schoenberg et Mahler

Plus de détails

Instagram

Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 15-V-2024. Arnold Schoenberg (1874-1951) : La Nuit transfigurée op. 4 (version pour orchestre à cordes, 1943) ; Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 4 en sol majeur op. 125. Christiane Karg, soprano. Orchestre de Paris, direction : Klaus Mäkelä.

Instagram

Dans ce programme post romantique, l' conduit par nous invite à un voyage nimbé d'ombre et de lumière, depuis la mystérieuse Nuit transfigurée de Schoenberg, dans sa version pour orchestre à cordes, jusqu'à la lumineuse Symphonie n° 4 de Mahler, avec la soprano en soliste.

Un beau programme tendu entre ombre et lumière, mais une interprétation en demi-teinte alternant le bon et le moins bon…

Oscillant entre musique pure et musique à programme, redevable à Brahms pour sa forme initiale de sextuor et son développement par variations, autant qu'à Wagner pour ses harmonies vénéneuses, La Nuit transfigurée d', appartenant à la période tonale du compositeur, est inspirée d'un poème de Richard Dehmel qui nous conte l'odyssée nocturne d'une femme qui annonce à son amant qu'elle attend un enfant d'un autre…Un aveu qui conduira à une rédemption par l'amour, sous la lune, dans une nuit transfigurée.

Jouée d'un seul jet, elle comprend cinq mouvements enchainés : la marche sous la lune, l'aveu, l'attente, l'acceptation et l'hymne au pardon ; une succession de moments dont et les cordes de la phalange parisienne donnent une très belle interprétation peu narrative mais constamment tendue et engagée qui s'applique à décrire les différents climats de cette curieuse balade nocturne, avec ses couleurs changeantes, dans une lecture parcourant tous les états d'âme, depuis l'abattement dépressif jusqu'à la fougue ravageuse, en s'appuyant sur un lyrisme prégnant, tour à tour, sombre et inquiet, tourmenté, passionné, puis enfin plus apaisé et serein. On est d'emblée séduit par l'ampleur sonore de cette version orchestrale, par la dynamique soutenue et nuancée, par la transparence de texture, ainsi que par la clarté et la précision dans la mise en place des différents plans sonores qui mettent au jour de superbes contrechants et valorisent les performances individuelles (violon solo de Petteri Livonen et alto solo de David Gaillard).

Si cette Nuit transfigurée emporte d'emblée l'adhésion, en revanche l'interprétation de la Symphonie n° 4 de appelle quelques réserves, tant par les options interprétatives que par sa réalisation instrumentale.

Dernière des symphonies inspirées du Wunderhorn, cette symphonie composée en 1900 clôt le premier cycle du corpus symphonique mahlérien avec voix, ouvrant sur la deuxième partie purement instrumentale. Riante, joyeuse, pastorale, teintée d'insouciance enfantine, mais aussi ambiguë (comme toujours chez Mahler) elle juxtapose l'ironie et la sérénité, la certitude et le doute, l'évocation de l'Enfer comme celle du Paradis. Le premier mouvement Allegro déçoit par la lourdeur de son phrasé qui manque singulièrement de fluidité, d'élégance, de tendresse et de délicatesse, perdant beaucoup de son aspect solaire par des contrastes trop marqués, des cuivres et des timbales trop appuyés. Mieux négocié, le deuxième mouvement fait la part belle au violon solo désaccordé de Petteri Livonen dans une danse satanique grinçante de belle tenue malgré une clarinette qui manque de netteté et de vigueur dans ses attaques. Entamé par les cordes graves, bientôt rejointes par les vents (basson, hautbois magnifique et cor plus discutable), l'Adagio se montre assez convaincant par son mélange de lyrisme (cordes) et de dramatisme (cuivres) brutalement interrompu par un grand crescendo qui signe l'ouverture tant attendue des portes du Ciel, d'où émerge, accompagnée de la harpe et de la clarinette, la voix diaphane de qui nous livre une Vie Céleste (Das himmlische Leben) bien timide dont la projection limitée peine à remplir la grande nef de la Salle Pierre Boulez…nous laissant sur une impression mitigée, résumant à elle seule cette lecture qui ne fera pas date.

Crédit photographique : © Mathias Benguigui

 

 

(Visited 768 times, 1 visits today)

Plus de détails

Instagram

Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 15-V-2024. Arnold Schoenberg (1874-1951) : La Nuit transfigurée op. 4 (version pour orchestre à cordes, 1943) ; Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 4 en sol majeur op. 125. Christiane Karg, soprano. Orchestre de Paris, direction : Klaus Mäkelä.

Mots-clefs de cet article
Instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.