L’odyssée de l’alto avec les « Constellations » de Guillaume Leroy

C'est un prodigieux voyage en compagnie de son instrument que nous propose Guillaume Leroy, altiste membre de l'Orchestre national d´Île-de-France. Son album « Constellations » rassemble six créations mises en miroir avec des pièces du répertoire romantique et moderne.

Voix intermédiaire entre le violon et le violoncelle, l'alto a toujours été relégué un peu dans l'ombre de ses petits et grands frères des cordes. Même si Mozart s'y est intéressé, il a fallu attendre les grands romantiques Berlioz puis Schumann pour révéler au premier plan les couleurs si particulières, les moirures et ombres que pouvait contenir ce merveilleux instrument. Puis il faudra attendre le XXᵉ siècle, Bartók, Chostakovich, Hindemith, pour que l'alto prenne enfin la première place dans des œuvres de grande envergure.

Guillaume Leroy nous emmène encore plus loin, dans la musique d'aujourd'hui. Celle-ci est au cœur du disque « Constellations, A Viola Journey », publié par l'altiste en compagnie du pianiste Victor Metral, dans l'excellente « Collection Solo by Orchestre national d'Ile-de-France » aux éditions NoMadMusic. En laissant carte blanche à ses musiciens, l'orchestre leur offre ainsi la possibilité de mettre en valeur leurs individualités artistiques. Élève, entre autres, de Youri Bashmet et Nobuko Imai, Guillaume Leroy nous emmène littéralement dans une « galaxie » sonore inédite.

Camille Pépin, Eric Tanguy, Guillaume Connesson, Grégoire Rolland, Yardani Torres-Maiani, Garth Knox et Fabien Cali ont composé des œuvres puissantes et  poétiques qui révèlent toute la palette de l'alto. Que ce soit le minimaliste et envoûtant Au cœur de la terre de Camille Pépin, le frénétique Obviously d'Eric Tanguy, les magiques Constellations de Guillaume Connesson, les inflexions flamenco de Lumière cendrée de Yardani Torres-Maiani, ou encore la conversation fougueuse alto-accordéon Ferox de Fabien Cali où Guillaume Leroy dialogue avec lui-même, le musicien transcende littéralement son instrument. L'alto est cri, chant, murmure, ombre et lumière, écho et percussion. Guillaume Leroy a également la belle idée de mettre en miroir ces compositions contemporaines avec des œuvres plus romantiques de Schumann, Vieuxtemps et même Lustoslawski. Autant de respirations dans un récital à la densité « cosmique ».

Virtuose ou intime, entre création et tradition, Guillaume Leroy, en compagnie de son complice le pianiste Victor Metral, nous permet de (re)découvrir l'alto de la plus belle des manières.