Le 24 avril dernier, nous avons appris la nomination, par le clergé de Notre-Dame de Paris, de deux nouveaux organistes à la prestigieuse tribune de l'orgue en cours de restauration. Il s'agit de Thierry Escaich, organiste et compositeur unanimement reconnu, et de Thibault Fajoles, encore étudiant au CNSM dans la classe d'Olivier Latry. L'orgue, en cours de remontage, devrait à nouveau sonner en décembre prochain à l'occasion de la réouverture de la cathédrale.
Depuis cette annonce, la polémique enfle dans le monde de l'orgue. Plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, deux organistes en poste avant l'incendie ne sont pas renouvelés dans leurs fonctions : Johann Vexo, suppléant à l'orgue de chœur, et Philippe Lefebvre, co-titulaire du grand-orgue depuis près de 40 ans, lorsqu'il a pris la succession de Pierre Cochereau au décès de celui-ci en 1984. D'autre part, la nomination d'un organiste de 21 ans, relativement inexpérimenté et encore en cours d'études, interroge. Mais c'est surtout la manière dont cela a été présenté qui laisse pour le moins perplexe : malgré quelques exceptions, un poste aussi réputé est généralement soumis à concours. C'est par cette voie que le dernier organiste de l'équipe, Vincent Dubois, avait été choisi en remplacement de Jean-Pierre Legay en 2016. Cette fois il semble que le clergé ait pris sa décision sans consulter aucun des organistes concernés. Le recteur de la cathédrale parle d'une équipe « renforcée et rajeunie » (quatre organistes pour le grand-orgue, deux pour l'orgue de chœur). Mais il eut peut-être été préférable d'attendre après l'échéance de décembre 2024, et surtout d'agir en toute transparence et en concertation avec l'équipe en place. (CG)
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