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Théâtre du Capitole, Toulouse. 21-IV-2024. Le Chant de la Terre. Dansé par le Ballet de l’Opéra national du Capitole, accompagné par les musiciens de l’Orchestre national du Capitole. Direction musicale : Nicolas André. Chorégraphie, décors, costumes et lumière : John Neumeier. Musique : Gustav Mahler. Mezzo-soprano : Anaïk Morel. Ténor : Airam Hernández.
Interprètes : Natalia de Froberville, Ramiro Gómez Samón, Alexandre de Oliveira Ferreira, Alexandra Surodeeva, Marlen Fuerte Castro, Rouslan Savdenov, Philippe Solano, Kayo Nazakato, Tiphaine Prévost, Nina Queiroz, Minoru Kaneko, Kleber Rebello, Baptiste Claudon, Sofia Caminiti, Georgina Giovannoni, Nino Gulordava, Saki Isonaga, Juliette Itou, Lian Sánchez Castro, Marie Varlet, Eneko Amorós Zaragoza, Charley Austin, Amaury Barreras Lapinet, Mathéo Bourreau, Simon Catonnet, Jérémy Leydier, Lorenzo Misuri, Aleksa Žikić, Nancy Osbaldeston, Julie Dubrana, Luna Jušić, Marina Montibeller, Capucine Perrot, Justine Scarabello, Luca Dario Calcante, Daniel Rodriguez Domenech, Stefano Capoferri, Haruka Tonooka, Elisa Blot.
Neuf ans après sa création au Palais Garnier pour le Ballet de l'Opéra national de Paris en 2015, la pièce de John Neumeier revient sur une scène française pour une série de six représentations. Elle est cette fois-ci confiée aux interprètes du Ballet de l'Opéra national du Capitole.
Tapis de danse d'un bleu électrique cosmique, sphère luisante évoquant une planète, carré de pelouse incliné symbolisant le lien à la nature, miroir appelant à l'introspection… c'est sans conteste que Le Chant de la Terre invite immédiatement le spectateur à la contemplation métaphysique. Il faut dire que la musique de Gustav Mahler est elle-même empreinte de thématiques telles que la mort, la vie, la beauté, puisqu'elle fut composée à la suite du décès de la fille du compositeur et de l'annonce de sa maladie cardiaque, circonstances hélas propices à la réflexion philosophique.
John Neumeier n'en est pas à sa première mise en mouvement de la musique du compositeur autrichien, car il s'agit là de sa 15e adaptation d'une œuvre de Mahler. En 1965, il a lui-même fait partie des interprètes de la version du Chant de la Terre de Kenneth Macmillan, une expérience qui influença ses propres créations durant la suite de sa carrière. Après l'Opéra de Paris, le Ballet de Hambourg et le Ballet national de Chine, le Ballet du Capitole est la quatrième compagnie à présenter cette création.
Tel Gustav Mahler traversant son deuil, John Neumeier s'est plongé dans les poèmes chinois qui ont inspiré l'œuvre symphonique et vocale, ainsi que dans les nombreux écrits l'analysant sous toutes ses coutures. Mais une fois dans le studio, ce n'est plus le cérébral qui prime, mais l'émotion. Pour que les danseurs puissent s'approprier la chorégraphie, Neumeier va jusqu'à adapter le mouvement à la personnalité et à la sensibilité émotionnelle de chaque interprète. Ainsi, la pièce reste « vivante » et prend des formes légèrement différentes de compagnie en compagnie. À Paris, le rectangle de gazon incliné restait immobile ; à Toulouse, celui-ci voyage sur le plateau.
Le Chant de la Terre n'est pas une œuvre narrative stricto sensu, mais laisse toutefois esquisser un certain nombre de personnages que le spectateur est libre de qualifier selon son interprétation : la femme en blanc, l'homme solitaire, le duo d'amis, la porteuse de thé… Les figures qui habitent le plateau sont néanmoins strictement binaires, les hommes et les femmes étant bien différenciés notamment par leurs attitudes et leurs costumes (d'un côté jeans, t-shirt et ceinture ; de l'autre, robe longue blanche, bleue ou acajou). Les femmes sont délicates dans les gestes de leurs bras et se laissent porter avec grâce au cours de multiples duos. Les hommes prennent puissamment appui dans le sol en grand plié seconde et tracent des lignes intenses partant de leur dos jusqu'au bout des doigts.
La gestuelle se caractérise par une base classique fortement infusée de danse contemporaine au regard de la sollicitation du dos, du travail sur le désaxement et de la recherche d'une grande amplitude articulaire dans l'utilisation des bras. Tout comme le nombre d'interprètes varie selon le mouvement joué par l'orchestre (accompagné de la mezzo-soprano Anaïk Morel et du ténor Airam Hernández), la lumière s'adapte au tempo et à la thématique de la musique pour offrir tantôt une ambiance nocturne, tantôt une luminosité estivale.
Le Chant de la Terre est une œuvre qui laisse assurément transparaître la maturité, l'expérience et l'érudition de son chorégraphe. Cependant, elle fait partie de ces œuvres qui ont la qualité et le défaut d'être à double tranchant. Les spectateurs ayant la chance d'être sensibles à la proposition pourront profiter d'un voyage émotionnel et lyrique plein de beauté et de poésie. Les autres, en revanche, risqueront de trouver le temps long et l'écriture chorégraphique monotone.
Crédits photographiques : © David Herrero
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Théâtre du Capitole, Toulouse. 21-IV-2024. Le Chant de la Terre. Dansé par le Ballet de l’Opéra national du Capitole, accompagné par les musiciens de l’Orchestre national du Capitole. Direction musicale : Nicolas André. Chorégraphie, décors, costumes et lumière : John Neumeier. Musique : Gustav Mahler. Mezzo-soprano : Anaïk Morel. Ténor : Airam Hernández.
Interprètes : Natalia de Froberville, Ramiro Gómez Samón, Alexandre de Oliveira Ferreira, Alexandra Surodeeva, Marlen Fuerte Castro, Rouslan Savdenov, Philippe Solano, Kayo Nazakato, Tiphaine Prévost, Nina Queiroz, Minoru Kaneko, Kleber Rebello, Baptiste Claudon, Sofia Caminiti, Georgina Giovannoni, Nino Gulordava, Saki Isonaga, Juliette Itou, Lian Sánchez Castro, Marie Varlet, Eneko Amorós Zaragoza, Charley Austin, Amaury Barreras Lapinet, Mathéo Bourreau, Simon Catonnet, Jérémy Leydier, Lorenzo Misuri, Aleksa Žikić, Nancy Osbaldeston, Julie Dubrana, Luna Jušić, Marina Montibeller, Capucine Perrot, Justine Scarabello, Luca Dario Calcante, Daniel Rodriguez Domenech, Stefano Capoferri, Haruka Tonooka, Elisa Blot.