Kaija Saariaho vers le sublime

Ce disque du label Festival Présences – Radio France présente quatre œuvres majeures de Kaija Saariaho.

Dans chaque discothèque personnelle, il y a quelques disques favoris comme que l'on écoute et réécoute infiniment sans se lasser. Le disque rassemblant quatre œuvres de Kaija Saariaho (disparue en juin 2023) est de ceux là.

Les quatre pièces (Maan Varjot, Château de l'âme, True Fire et Offrande) ont toutes été enregistrées en concert lors de différentes éditions du festival Présences qui met chaque année en avant la musique contemporaine, son édition 2017 était consacrée à Saariaho. La prise de son et le travail de mixage permette au CD un rendu proche de celui de la salle de concert, avec une large diffusion du son, tout en gommant impeccablement tous les bruits parasites.

L'influence spectrale est fortement audible dans Maan Varjot, pour orgue et orchestre composé à la mémoire d'Henri Dutilleux. Kaija Saariaho, organiste de formation, connaît bien l'instrument et l'intègre parfaitement à l'orchestre, utilisant l'orgue et l'orchestre comme deux entités propres qui dialoguent, se superposent et jouent de leurs particularités. Olivier Latry à l'orgue et l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction d'Ernest Martinez-Izquierdo s'emparent de la pièce en en faisant ressortir toute la richesse et les couleurs de son écriture.

Château de l'âme (1996) est l'œuvre la plus ancienne de ce disque. Dans cette pièce composée pour soprano, chœur et orchestre, Kaija Saariaho met en musique des textes inspirés des traditions hindoues et égyptiennes. Le chœur est traité comme un second orchestre, accompagnant de longues plages sonores le chant de la soprano. Faustine de Monès privilégie le timbre à l'articulation. La rondeur de sa voix lui permet de s'opposer à l'atmosphère plus froide et inquiétante du chœur mettant en avant le contraste de la partition.

True Fire, aussi d'essence spirituelle et aux textes d'origines différentes, met en avant la voix de baryton. Le timbre de Davóne Tines est un peu trop fin pour ressortir véritablement de l'orchestre mais il possède une belle expressivité. Pièce contrastée au final optimiste, True Fire offre une belle partition à l'orchestre, en particulier aux vents traités à la fois collectivement et de manière individuelle.

Le disque se termine par Offrande, courte pièce composée à l'occasion d'un mariage. Écrite pour violoncelle et piano, l'œuvre clôt ce disque consacré à l'une des plus grandes compositrices de ces dernières décennies, en transportant l'auditeur dans une ambiance sereine et introspective.