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Les sortilèges d’Anne Sofie von Otter à Strasbourg

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Strasbourg, Théâtre de l’Opéra du Rhin. 21-III-2024. Reynaldo Hahn (1874-1947) : Lydié, Puisque j’ai mis ma lèvre. Cécile Chaminade (1857-1944) : L’anneau d’argent, Ma première lettre, Lisonjera. Jean Musy (né en 1947): La mort des amants. Sofie Livebrant (née en 1972): Moesta et errabunda. Léo Ferré (1916-1993): Remords posthume, La vie antérieure, Les bijoux, Le vin des assassins, Recueillement. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791): Voi che sapete. Robert Schumann (1810-1856): Aus des östlichen Rosen, Hör ich das Liedchen klingen, Dein Angesicht. Erwin Schulhoff (1894-1942): deux suites dansantes en jazz, Hot music n°7. Kurt Weill (1900-1950): Der Abschiedsbrief. Hanns Eisler (1898-1962): Lied eines Freudenmädchens. Mischa Spoliansky (1896-1976): Wenn die beste Freundin. Friedrich Hollaender (1896-1976): Wenn ich mir was wünschen dïrfte, Illusions. Lothar Brühne (1900-1958): Kann denn Liebe Sünde sein. Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano. Leif Kaner-Lidström, piano. Fabian Fredriksson, guitare

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Après une carrière extraordinaire de plus de 40 ans, trouve encore des moyens nouveaux pour nous fasciner et élargir nos horizons musicaux.


Si la grande dame assume crânement ses 68 printemps, sa voix, si douce et si souple, est forcément affectée. Le vibrato manque parfois de discipline, le médium prend des couleurs très sombres et les transitions de registre sont abruptes. Mais en même temps l'art du phrasé, l'intelligence des textes dans toutes les langues pratiquées et la clarté de leur articulation restent confondantes. Incontestablement, , en très grande artiste, a toujours des choses passionnantes à nous dire. Comme de surcroit elle est très cultivée et fort adroite, elle ouvre son répertoire de Lieder et de mélodies à celui de la chanson-poésie et du cabaret berlinois. Ceci lui permet alors de justifier un accompagnement par une guitare électrique et, surtout, l'usage d'un micro, pour environ les trois quarts du concert. N'ayant plus à opprimer ses résonnateurs organiques, elle peut se concentrer sur la phrase musicale et poétique, ce qu'elle fait avec un goût et une intelligibilité remarquables, tenir toute la soirée sans essoufflement et retrouver les charmes d'une voix de trentenaire.

La soirée commence très classiquement avec des mélodies de et de , et avec juste un piano. L'anneau d'argent et Ma première lettre de la seconde, sur des poésies de Rosemonde Gérard (Mme Edmond Rostand) sont donnés avec une sobriété et une transparence totales. La délicatesse du piano de contribue beaucoup à cette émotion raffinée. L'ambiance change rapidement : la diva prend le micro, présente ses choix et fait entrer le guitariste. Place aux chansons de Jean Musy version Serge Reggianni et de , sur des textes de Baudelaire. La belle Suédoise y déploie d'abord un parlar cantando très bien maitrisé, puis un chant simple et naturel, mais toujours au service des textes qu'elle magnifie avec sa diction exceptionnelle et sa compréhension parfaite de la prosodie. La violence du Vin des assassins est rendue avec la même justesse que l'intimité du Recueillement.

La deuxième partie de ce généreux concert est un peu plus humoristique et progressivement plus canaille. D'abord, un Voi che sapete de Mozart follement juvénile, sans sonorisation et avec la guitare de , mimant fort bien la mandoline. conclut l'air par une révérence façon Grand Siècle, qui signifie bien clairement au public : « Voyez, j'en suis encore capable ! ». Encore trois Lieder de Schumann, superbes, avec une émotion toute intériorisée, et le programme s'oriente à nouveau vers le XXᵉ siècle, avec la sonorisation et le micro, mais cette fois-ci vers le cabaret, avec des pièces de et de , chantés avec ce qu'il faut de gouaille et de provocation mais sans jamais se départir de ce qu'on appelle « la classe ». Le pianiste nous gratifie de quelques excellents morceaux jazzy d'Erwin Schullhoff, et le guitariste chante (fort bien…) avec Anne Sofie von Otter le duo « Wenn die beste Freundin » de Spoliansky, jadis interprété par Marlène Dietrich.  Quelques pièces de Lothar Brühne et de complètent une soirée somme toute bien équilibrée entre tradition et novation, et surtout très soignée (éclairages, sur-titres…). Encore deux bis, un de Yves Montand et un de , viennent conclure le récital.

Crédit photographique © Ewa-Marie Rundquist

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Strasbourg, Théâtre de l’Opéra du Rhin. 21-III-2024. Reynaldo Hahn (1874-1947) : Lydié, Puisque j’ai mis ma lèvre. Cécile Chaminade (1857-1944) : L’anneau d’argent, Ma première lettre, Lisonjera. Jean Musy (né en 1947): La mort des amants. Sofie Livebrant (née en 1972): Moesta et errabunda. Léo Ferré (1916-1993): Remords posthume, La vie antérieure, Les bijoux, Le vin des assassins, Recueillement. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791): Voi che sapete. Robert Schumann (1810-1856): Aus des östlichen Rosen, Hör ich das Liedchen klingen, Dein Angesicht. Erwin Schulhoff (1894-1942): deux suites dansantes en jazz, Hot music n°7. Kurt Weill (1900-1950): Der Abschiedsbrief. Hanns Eisler (1898-1962): Lied eines Freudenmädchens. Mischa Spoliansky (1896-1976): Wenn die beste Freundin. Friedrich Hollaender (1896-1976): Wenn ich mir was wünschen dïrfte, Illusions. Lothar Brühne (1900-1958): Kann denn Liebe Sünde sein. Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano. Leif Kaner-Lidström, piano. Fabian Fredriksson, guitare

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