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La Fille mal Gardée au Palais Garnier : pas de poney mais de la poésie

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Paris. Palais Garnier. 16-III-2024. La Fille mal gardée, ballet en deux actes, d’après l’argument et l’oeuvre de Jean Dauberval. Musique: Louis Joseph Ferdinand Hérold. Chorégraphie: Frederick Ashton. Décors et costumes: Osbert Lancaster. Lumières: George Thomson. Avec : Marine Ganio, Lise; Jack Gasztowtt, Colas; Hugo Vigliotti, Mère Simone; Aurélien Gay, Alain; Manuel Garrido, un danseur à la flûte; et le Corps de Ballet de l’Opéra National de Paris. Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction : Philip Ellis

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La Fille mal gardée de est désormais un ballet inscrit au répertoire de l'Opéra National de Paris, régulièrement repris par une compagnie renouvelée par de nouvelles générations de danseurs.

Dans le corps de Ballet, en effet, on ne voit que de nouvelles têtes pour cette nouvelle reprise de La Fille mal gardée. Il est vrai que la dernière reprise date de 2018 et qu'il est réellement appréciable de communier avec l'enthousiasme de jeunes artistes qui font leur premiers pas en scène avec la fraîcheur et la vitalité de la découverte. Le corps de ballet est très en place avec une belle cohérence d'ensemble, bien éloignée des approximations de la récente série de Casse-Noisette. Cela interroge sur l'identité actuelle du Ballet de l'Opéra dont les difficultés chorégraphiques de Noureev ne semblent plus aussi évidentes pour la troupe et dans tous les cas, moins accessibles que celles inhérentes au style plus académique de . Cette considération mise à part, la soirée est une très belle réussite dans l'ensemble de la distribution.

présente une Lise mature, voire maternelle avec une bienveillance réconfortante. Elle maîtrise superbement la scène, n'ayant crainte de prendre l'espace du plateau du Palais Garnier avec vivacité et encourageant avec une grande aisance ses amies à l'accompagner dans sa joie de vivre en dansant. Elle fait valoir son beau coup de pied de façon ostentatoire et cette attention pour le spectateur fait montre d'une belle générosité dans sa danse. Il y a nécessairement un certain décalage avec pour lequel Colas est un premier grand rôle. Il dépeint un jeune homme plutôt farceur, toujours prêt à plaisanter et pour lequel rien n'est jamais vraiment sérieux, écartant une vision romantique du personnage pour favoriser un abord mutin très extériorisé et contrastant avec la Lise plus pondérée de . Toutefois, le danseur est impeccable techniquement, assuré dans ses pirouettes (comme par exemple dans la coda finale) et dans ses variations où il parvient à prendre le temps de réaliser correctement les manèges de façon maîtrisée.

La Mère Simone est dansée par dont on connaît les grands talents d'acteur. Pas une seconde sur scène où il n'y a pas quelque chose à voir, tant par sa gestique que par les expressions de son visage. Portraiturant une sorte de sylphide grotesque et ridicule qui aime un peu trop le vin et la danse paysanne, c'est un véritable personnage de commedia dell'arte que ce grand artiste présente, faisant de chacune de ses apparitions le personnage qui attire la lumière aux dépens des autres. n'est jamais que coryphée mais il apporte la preuve, s'il en fallait, que ce n'est pas le grade dans la hiérarchie du Corps de ballet qui fait nécessairement le talent. défend l'idée d'un Alain toujours heureux et jamais niais, ce qui est une vision originale du personnage, habituellement présenté comme l'idiot immature du village. C'est un Alain fantasque, original et atypique mais non enfermé dans son monde où seuls compteraient son parapluie et un sourire béat : la proposition d' est équilibrée et intéresse le spectateur par la simplicité de son personnage. Enfin, un mot pour le père d'Alain, Thomas, incarné par Jean-Baptiste Chavignier. Il est rarement difficile pour les danseurs de la compagnie d'incarner intelligemment la pantomime autant que ce danseur à l'apparence discrète mais qui attire l'œil quand il le faut. De petites attentions et de discrets regards caractérisent un rôle habituellement plus monolithique.

Le chef d'orchestre officie dans la fosse à chacune des reprises de ce ballet depuis 2012 avec une efficacité dramatique constante et une attention aux accords avec le plateau. En ce sens, le pas de deux de l'acte un est une démonstration de ce savoir-faire propre aux directeurs musicaux du ballet.

Malgré une série assez courte de représentations dans cette saison de l'Opéra de Paris, cette production de La Fille mal gardée reste un ballet délicieux où chacun des danseurs semble trouver sa place pour faire inspirer en ce début de printemps les effluves d'une nature renaissante et magnifiée, et cela malgré l'absence du petit poney shetland au premier acte.

Crédits photographiques : Leonore Baulac et Simon Valastro ; Leonore Baulac © Benoîte Fanton / Opéra national de Paris

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Paris. Palais Garnier. 16-III-2024. La Fille mal gardée, ballet en deux actes, d’après l’argument et l’oeuvre de Jean Dauberval. Musique: Louis Joseph Ferdinand Hérold. Chorégraphie: Frederick Ashton. Décors et costumes: Osbert Lancaster. Lumières: George Thomson. Avec : Marine Ganio, Lise; Jack Gasztowtt, Colas; Hugo Vigliotti, Mère Simone; Aurélien Gay, Alain; Manuel Garrido, un danseur à la flûte; et le Corps de Ballet de l’Opéra National de Paris. Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction : Philip Ellis

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