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Semyon Bychkov et la Grande symphonie de Schubert avec la Radio Bavaroise

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Munich. Isarphilharmonie. 9-II-2024. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano n° 20 KV. 466 ; Franz Schubert : Symphonie D. 944. Mao Fujita, piano ; Orchestre symphonique de la Radio Bavaroise, direction : Semyon Bychkov

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Après un concerto de Mozart sans grâce par , la musique reprend ses droits de la plus belle des façons.


ne figure pas parmi les chefs qui reviennent immanquablement chaque année diriger l'Orchestre de la Radio bavaroise ; si les collaborations régulières ont leur mérite, les visites plus épisodiques peuvent aussi avoir du bon, chacun devant sortir de ses petites habitudes. Le Concerto n°20 de Mozart qui ouvre le programme laisse bien augurer de la suite, mais le piano de prend un peu trop le dessus sur l'orchestre pour permettre vraiment de préciser cette impression. Cela commence pourtant bien, avec les premières phrases orchestrales où le drame est beaucoup plus intérieur que ce qu'on entend d'habitude, mais on ne peut pas dire que cette perspective prometteuse soutienne l'attention tout au long de l'œuvre. Le jeune pianiste, lauréat de concours aussitôt récupéré par les maisons de disques, ne manque pas d'assurance, mais son traitement du discours musical n'est pas très subtil ; ses tentatives pour aller chercher la délicatesse et la poésie tournent vite au sentimentalisme, et la sonorité du piano est d'une monotonie impitoyable. Pis encore, on se demande où il a été chercher ces cadences bien peu mozartiennes, à la limite du mauvais goût.

Après l'entracte, dirige la Grande symphonie de Schubert, et la première chose qu'on en tire est un bulletin de santé rassurant pour l'orchestre. Laissé orphelin par le décès soudain de Mariss Jansons en décembre 2019, attendant l'arrivée de son successeur Simon Rattle pendant près de quatre ans, l'orchestre démontre qu'il n'a rien perdu de ses qualités – le contraste avec le rival municipal, en crise au moins depuis le départ forcé de Valery Gergiev et de son premier violon pour cause de soutien à la Russie de Poutine en mars 2022, est saisissant. Le solo de cor initial est trop affirmé, et on entend parfois un peu trop les simples figures d'accompagnement des cuivres, mais l'approche décidée et puissante de Bychkov se révèle très vite convaincante, en plus d'être, du simple point de vue du son orchestral, d'une immédiate séduction sonore. Bychkov ne se livre pour autant ni à une simple démonstration d'orchestre, ni à un facile détournement de la partition vers un post-romantisme tout en force. La dynamique, dans une salle qui peut vite faire hurler les décibels, reste souvent étonnamment retenue, et le climax n'est atteint qu'à bon escient. Et pourtant, on a rarement autant pu saisir en concert à quel point ce jeune homme que reste Schubert a la vision de ce qui sera la musique de l'avenir, comme aurait dit Wagner : pour cela, Bychkov n'a besoin que d'une vivacité, presque une férocité rythmique dans les basses, un peu d'audace dans la mise en avant des vents (un hautbois remarquable en particulier), une gestion sensible mais sans grands effets des tempi : non pas le sensationnalisme de certains de ses plus jeunes concurrents, mais un vrai travail profond et probe de grand musicien.

Crédit photographique : © Astrid Ackermann

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