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Laurent Cuniot (né en 1957) : Trans/Portées. Farida Parveen, chant et harmonium ; Hadhoum Tunc, soprano ; Gazi Abdul Hakim, flûtes ; Asm Reza, dhol ; Sheikh Jalal Uddin, dotara ; Debendra Nath Chatterjee, tablas ; Ensemble TM+ : Jean-Pierre Arnaud, hautbois et cor anglais ; Nicolas Fargeix, clarinettes ; Florian Lauridon, violoncelle ; Renaud Carton, enregistrement et mixage ; Laurent Cuniot et Bruno Letort, direction artistique. 1 CD Soond. Enregistré au studio Dada de Bruxelles en 2023. Notice de présentation en français. Durée : 76:00
SoondTrans/portées, nouvel album paru sous le label Soond, consacre la rencontre de la chanteuse bangladaise Farida Parveen et du compositeur et directeur de TM+ Laurent Cuniot qui emmène dans son aventure la soprano Hadhoum Tunc et les musiciens de son ensemble.
Laurent Cuniot aime convier l'auditeur à des expériences sensorielles et immersives, « voyages de l'écoute » où le son dialogue avec la lumière et les images. Le projet est ici transculturel où se frottent et s'interpénètrent deux langues et deux pratiques, l'oralité de la musique traditionnelle et l'écriture contemporaine du compositeur.
Le Prélude instrumental est écrit de sa main, superbe page installant un doux balancement entre clarinette et violoncelle dont la ligne virtuose et microtonale du cor anglais chahute un rien l'équilibre : aux trois musiciens de TM+ (hautbois et cor anglais de Jean-Pierre Arnaud, clarinette et clarinette basse de Nicolas Fargeix, violoncelle de Florian Lauridon) s'associent la voix de Hadhoun Tunc et le set de percussions traditionnelles que Laurent Cuniot intègre à sa composition.
D'un monde à l'autre, l'alternance au sein des onze plages du CD n'est pas systématique mais les durées d'écoute s'équilibrent, entre musique d'aujourd'hui née sous la plume du compositeur et chants de Lalon qu'ont choisis d'interpréter Farida Parveen et ses musiciens. Figure iconique de la culture bengali du XIXᵉ, Lalon Shah est un poète mystique, auteur, chanteur, réformateur social et personnalité syncrétique et universelle (il inspirera l'érudit bengali Rabindranath Tagore) dont Farida Parveen a largement contribué à la diffusion des textes et de la pensée. Souveraine et sensuelle, la voix de Farida Parveen (qui joue également de l'harmonium) s'entoure des instruments traditionnels bengali : le luth (dotara) qui double le chant, la flûte en bois et ses improvisations somptueuses qui relaient la chanteuse, le tambour (dohl), une petite percussion résonnante (choisie selon le caractère du chant) et les tablas, socle rythmique de l'édifice. Les titres en bengali ne sont pas traduits, chaque chant s'inscrivant dans un temps différent et apportant sa couleur modale et le profil singulier de ses rythmes et de ses refrains. Le passage du Prélude au premier Chant de Lalon procède par fondu-enchaîné, le luth puis la flûte bengali s'invitant aux côtés des instruments occidentaux pour nourrir le contrepoint avant l'arrivée de la voix de Farida Parween.
Aux chants spirituels de Lalon répondent les poèmes amoureux de Muhammad Mansur, jeune poète bangladais contemporain que Laurent Cuniot met en musique. Les tablas (Debendra Nath Chatterjee) s'entendent dans le premier poème, « Les vagues sourient sur tes lèvres », habilement introduits dans une musique où le temps n'est pas toujours pulsé. Lignes vocale et instrumentale aux aigus stratosphériques évoluent en étroite complicité au sein d'une écriture foisonnante et savoureusement microtonale (À l'aube l'oiseau ) qui emprunte parfois certaines courbures au chant bengali, cloches et tablas aidant. La voix très (trop) blanche d'Hadhoun Tunc chantant les poèmes en français n'a certes pas le même pouvoir envoûtant que celle de Farida Parveen. L'enchaînement de l'avant-dernier chant de Lalon avec le troisième poème, « Dans la nuit mystique », est d'une grande fluidité. Le cor anglais très ornemental de Jean-Pierre Arnaud partage pour un temps l'espace de jeu avec la flûte de Gazi Abdul Hakim avant que l'écriture ne bascule dans un autre temps et une autre couleur avec la clarinette basse de Nicolas Fargeix. Le Final est amorcé par une improvisation d'une folle virtuosité de la flûte bengali que rejoignent, dans un jeu d'imitation subtil, les instruments occidentaux et les deux voix : superposition des deux langues et des deux profils vocaux évoluant cette fois dans un même temps musical.
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Laurent Cuniot (né en 1957) : Trans/Portées. Farida Parveen, chant et harmonium ; Hadhoum Tunc, soprano ; Gazi Abdul Hakim, flûtes ; Asm Reza, dhol ; Sheikh Jalal Uddin, dotara ; Debendra Nath Chatterjee, tablas ; Ensemble TM+ : Jean-Pierre Arnaud, hautbois et cor anglais ; Nicolas Fargeix, clarinettes ; Florian Lauridon, violoncelle ; Renaud Carton, enregistrement et mixage ; Laurent Cuniot et Bruno Letort, direction artistique. 1 CD Soond. Enregistré au studio Dada de Bruxelles en 2023. Notice de présentation en français. Durée : 76:00
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