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Pour le centenaire de Busoni, David Lively interprète son immense concerto

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Paris. Cathédrale Saint-Louis des Invalides. 25-I-2024. Ferruccio Busoni (1866-1924) : Concerto pour piano, orchestre et chœur d’hommes, opus 39. David Lively, piano. Chœur de l’Armée française, Orchestre symphonique de la garde républicaine, direction : Sébastien Billard

L'année 2024 est riche en anniversaires importants, mais le centième de la mort de Busoni n'est pas le plus célébré. On ne s'en réjouit que davantage d'avoir eu la chance d'entendre le rare Concerto pour piano, orchestre et chœur d'hommes interprété par et l'Orchestre de la Garde républicaine.

Personnalité fascinante de la fin du XIXᵉ et du début du XXᵉ siècle, fut à la fois un pianiste virtuose et un compositeur original, s'essayant dans les directions les plus diverses, partant, comme nombre de ses contemporains du post-romantisme le plus généreux pour aller vers des œuvres expérimentales. De sa première période date son monumental concerto pour piano créé en 1904 à Berlin. Les cinq mouvements en sont ordonnés de façon rigoureusement symétrique, deux allegros plutôt sévères encadrent deux scherzos exubérants entre lesquels se trouve un vaste et puissant adagio. La présence d'un chœur d'hommes invisible dans le final chantant des vers du poète danois Ölenschlager vient couronner cette œuvre gigantesque. Car ce concerto est bien celui de tous les excès : de durée (environ soixante-dix minutes), de complexité et de virtuosité tant Busoni impose au soliste un combat de tous les instants avec un orchestre aux dimensions mahlériennes, d'hétérogénéité aussi car l'œuvre est remplie de réminiscences germaniques (les ombres de Beethoven, Schumann, Wagner, Bruckner ou Mahler planent tour à tour sur les différents mouvements) mais aussi, ce qui est plus spécifique à Busoni, d'échos de musiques populaires italiennes y compris le fameux Funiculi, Funicula.

Rares sont les pianistes qui osent affronter le monstre, aussi sait-on gré à de s'y atteler, en concert de surcroit (on notait dans l'assistance la présence de Kun Woo Paik, lui aussi interprète réputé de ce concerto). Il est vrai que le virtuose franco-américain a déjà gravé l'œuvre sous la baguette de Michael Gielen ; on ne peut qu'admirer sa maîtrise de ce déluge de notes car le compositeur ne laisse quasiment jamais l'instrument en repos. Saluons aussi l'Orchestre de la Garde républicaine et son chef, , pour avoir eu le courage de monter cette partition aussi exigeante qu'une symphonie de Mahler et en rendre une lecture d'une grande clarté, malgré l'acoustique assez confuse de la cathédrale Saint-Louis des Invalides. Le , placé dans la galerie haute de l'église afin de respecter la volonté du compositeur d'un chœur « invisible », paraît cependant un peu éloigné (peut-être est-ce aussi dû à son effectif limité ?). Mais l'œuvre est si rarement programmée que l'interpréter ainsi s'avérait le plus bel hommage à son auteur pour le centenaire de sa disparition.

Crédit photographique : © Robert Soudoroguine

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Paris. Cathédrale Saint-Louis des Invalides. 25-I-2024. Ferruccio Busoni (1866-1924) : Concerto pour piano, orchestre et chœur d’hommes, opus 39. David Lively, piano. Chœur de l’Armée française, Orchestre symphonique de la garde républicaine, direction : Sébastien Billard

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