Une Périchole vive et naturelle par Emmanuel Gardeil et ses Chants de Garonne
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Condom. Théâtre des Carmes. 15-XII-2023. La Périchole, opéra bouffe en trois actes de Jacques Offenbach (1819- 1880) sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, d’après la pièce de Mérimée Le Carrosse du Saint-Sacrement. Crée à Paris au Théâtre des Variétés le 6 octobre 1858 (première version) et le 25 avril 1874 (version définitive). Mise en scène et adaptation : Emmanuel Gardeil ; Décors : Jean Ghilardini ; Costumes : Bénédicte Bonnet ; Lumières : Gabriel Truilhé. Avec : Périchole : Lucile Rentz, mezzo-soprano ; Piquillo : Paul Crémazy, ténor ; Le Vice-Roi : Julien Véronèse, baryton-basse ; Don Pedro de Hinoyosa : Romain Pascal, ténor ; Comte Miguel de Panatellas : Baptiste Bouvier, basse ; 1ère cousine : Thaïs Lescoul, soprano ; 2ème cousine : Paola Cossin, mezzo-soprano ; 3ème cousine : Elisabeth Ghaly, mezzo-soprano. Prisonniers : membres de la Maîtise Saint-Joseph de Lectoure. Chœur des Chants de Garonne (coaching vocal : Aurélie Fargues). Piano et chef de chant : Fabien Prou
En marge des scènes parisiennes (Opéra Comique, Théâtre des Champs-Elysées) où l'ouvrage d'Offenbach a été donné récemment, Emmanuel Gardeil et ses Chants de Garonne, reprennent avec grand plaisir cet opéra bouffe quelque peu déjanté.
Vingt ans après une première production triomphale sous les cloîtres de Condom au festival des Nuits Musicales en Armagnac, la deuxième génération de la troupe des Chants de Garonne se plaît à reprendre une Périchole peut-être un peu plus sage. Son directeur artistique Emmanuel Gardeil, qui signe la mise en scène, connaît bien l'œuvre, ayant lui-même interprété le vice-roi. Il s'agit certes d'une fantaisie, mais Offenbach et ses librettistes n'ont pu s'empêcher de parsemer les dialogues d'allusions quelque peu subversives à l'égard du régime de Napoléon III, notamment dans le premier tableau de la fête du vice-roi.
L'action est transposée du Pérou dans un Far West tout aussi imaginaire et fantaisiste, où la guinguette des trois cousines devient un saloon dans lequel elles dansent, Piquillo et Périchole sont de miséreux indiens, le courtisan Don Pedro de Hinoyosa présente la face crayeuse d'un croque-mort à la Lucky Luke, le vieux prisonnier s'est métamorphosé en quatre jeunes Dalton et le vice-roi est naturellement le shérif despotique de l'endroit. Le mariage de complaisance entre la nouvelle maîtresse du vice-roi et le pauvre hère de passage, en fait Piquillo, parodie jusque dans le plus mauvais goût d'une débauche de couleur flashy, avec faux Elvis, les mariages fantoches, qui se pratiquent à la chaîne à Las Vegas. Les dialogues ont été actualisés et totalement réécrits pour le public d'aujourd'hui afin d'assurer un meilleur effet comique. Cela n'empêche nullement un total respect de l'ouvrage où les personnages de la cour sont hypocrites et veules à souhait. Les protagonistes évoluent dans un décor minimaliste de structures légères, selon une mise en scène sobre, rythmée et efficace qui se concentre sur le chant et le jeu d'acteurs.
La Périchole de Lucile Rentz, faussement naïve, se montre volontaire et habile, menant pas le bout du nez le don juanesque vice-roi, ainsi que son compagnon Piquillo, auquel elle demeure attachée. Son air de la lettre est touchant, celui de la griserie burlesque et son « Mon Dieu que les hommes sont bêtes », bien senti. Paul Cremazy incarne parfaitement le rôle de composition de Piquillo, cet amoureux transi, bien benêt et sans talent. Son chant par contre ne manque pas de talent avec un air de la prison poignant « Ma femme, ma femme, qu'est-ce qu'elle fait donc pendant c'temps-là ? » et une belle présence scénique.
Le rôle majeur est bien entendu celui du vice-roi, petit tyran d'opérette, que Julien Véronèse interprète avec un plaisir gourmand. Il mène le jeu en s'amusant de la perversité de son personnage. Les trois cousines interprétées par Thaïs Lescoul, Paola Cossi et Elisabeth Ghaly sont à la fois enjouées et empathiques, tandis que les courtisanes s'avèrent hautaines et snob comme il convient. Romain Pascal et Baptiste Bouvier campent des courtisans obséquieux, serviles et veules totalement hilarants. Accompagnant le spectacle au piano avec le rythme et le talent qu'on lui connaît, Fabien Prou s'amuse autant que l'ensemble de la troupe.
Cette production vivifiante et joyeuse devrait être reprise cet été à Lectoure pour le 55e festival des Nuits Musicales en Armagnac.
Crédit photographiques : © Paul Fave
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Condom. Théâtre des Carmes. 15-XII-2023. La Périchole, opéra bouffe en trois actes de Jacques Offenbach (1819- 1880) sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, d’après la pièce de Mérimée Le Carrosse du Saint-Sacrement. Crée à Paris au Théâtre des Variétés le 6 octobre 1858 (première version) et le 25 avril 1874 (version définitive). Mise en scène et adaptation : Emmanuel Gardeil ; Décors : Jean Ghilardini ; Costumes : Bénédicte Bonnet ; Lumières : Gabriel Truilhé. Avec : Périchole : Lucile Rentz, mezzo-soprano ; Piquillo : Paul Crémazy, ténor ; Le Vice-Roi : Julien Véronèse, baryton-basse ; Don Pedro de Hinoyosa : Romain Pascal, ténor ; Comte Miguel de Panatellas : Baptiste Bouvier, basse ; 1ère cousine : Thaïs Lescoul, soprano ; 2ème cousine : Paola Cossin, mezzo-soprano ; 3ème cousine : Elisabeth Ghaly, mezzo-soprano. Prisonniers : membres de la Maîtise Saint-Joseph de Lectoure. Chœur des Chants de Garonne (coaching vocal : Aurélie Fargues). Piano et chef de chant : Fabien Prou