Des Lombardi alla prima crociata pas très italiens

Plus de 25 ans après le dernier enregistrement de studio de I Lombardi alla prima crociata, ce nouvel opus s'imposait. Malheureusement, il ne répond pas aux espoirs des amateurs de l'opéra italien.

Avec cette nouvelle version enregistrée de I Lombardi alla prima crociata de Giuseppe Verdi, on comprend que l'inscription du chant lyrique italien au patrimoine immatériel de l'UNESCO en décembre dernier s'imposait. Urgemment. Hormis l'italianité native du ténor Piero Pretti (Oronte) et de la basse de Michele Pertusi (Pagano), rien dans cette version de concert ne respire la tradition de l'opéra italien. Certes aujourd'hui, on ne peut espérer une distribution aussi prestigieuse et impliquée que celle du dernier enregistrement en studio (aujourd'hui introuvable) de cet opéra qui réunissait, en 1996, sous la baguette de James Levine, Luciano Pavarotti, June Anderson et Samuel Ramey, ni de la version que dirigeait Lamberti Gardelli, en juillet 1971 (tout aussi introuvable aujourd'hui) avec Plácido Domingo, Cristina Deutekom et Ruggero Raimondi. Pour votre serviteur, rien ne surpasse l'enregistrement live de 1969 à Rome avec un solaire Luciano Pavarotti, un superbe Ruggero Raimondi et une époustouflante Renata Scotto sous la direction de Gianandrea Gavazzeni et, tant pis pour l'orchestre pas très bien enregistré. Mais nous proposer maintenant cette interprétation, c'est offrir une caricature de ce qu'est l'opéra italien en général et verdien en particulier.

Dès l'ouverture, la baguette du chef croate Ivan Repušić alourdit le propos d'un orchestre dont les belles cordes ne reflètent en rien la brillance parfois pompeuse que requiert la musique de Verdi. Fort heureusement, l'orchestre de la Radio bavaroise est très vite supplanté par ce qui fait le régal de cet enregistrement : le formidable Chœur de la Radio Bavaroise dont le chef, Stellario Fagone, turinois de naissance, sait donner la dynamique verdienne à son ensemble. Quelle merveilleuse énergie se dégage de ce chœur !

Côté solistes, nous l'avons vu, si l'italianité de la basse Michele Pertusi (Pagano) ne fait pas de doute, son interprétation pourtant touchante dans l'esprit est entachée par une voix un peu pâteuse et un vibrato trop large. Avec Piero Pietri (Oronte), on aurait un excellent interprète du rôle s'il ne tirait la couverture vocale à lui en cherchant à briller avec des aigus impressionnants, quoique un peu serrés. Un peu de modestie vocale aurait profité à l'interprétation du personnage. Mais, peut-être qu'une certaine frustration a pu lui dicter ce comportement. En effet, la déception vient de la soprano Nino Machaidze (Giselda). Accusant un large vibrato, on ne reconnait plus la chanteuse qui nous avait emballé dans Armida de Rossini à Marseille en novembre 2021, comme dans Giovanna d'Arco de Verdi à Rome aussi en novembre 2021. Les autres rôles sont tenus de manière honnête, voir bien investis.

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