Marion Motin fait le grand saut à La Scala Paris

Avec son nouveau spectacle, Le Grand Sot, la chorégraphe star Marion Motin colle à l'air du temps de l'Olympisme en mettant en scène une équipe de natation. Un spectacle drôle et plaisant, porté par une troupe hétéroclite.

Issue de la culture hip-hop, Marion Motin s'est surtout fait connaître auprès du grand public en chorégraphiant les clips et spectacles de Stromae, Christine and the Queens, Dua Lipa, Angèle ou encore la comédie musicale de France Gall, Résiste. Joué pour la première fois à Vaulx-en-Velin en octobre 2021, Le Grand Sot déroule l'histoire d'une équipe de natation dans différentes « épreuves »/saynètes commentées ou introduites par l'acteur Alexis Sequera, parfait en chauffeur de salle ou en Monsieur Loyal.

Si la première séquence sur l'hypnotique Boléro de Ravel impressionne, le reste du spectacle déçoit malgré quelques fulgurances, notamment certains solos, rebaptisés épreuves individuelles pour filer la métaphore sportive qui sert de fil rouge au spectacle. On passe un bon moment même si l'on peine parfois à suivre l'histoire que l'on essaie de nous raconter par l'intermédiaire du comédien Alexis Sequera, qui domine du haut de sa chaise d'arbitre ou au contraire vient au plus près des danseurs, par exemple pour nous faire écouter ce que chacun a dans la tête.

L'humour et le décalage, omniprésents dans cette pièce, permettent néanmoins d'apprécier le travail des danseurs qui, en survêtements ou en maillots de bain, incarnent une équipe sportive durant une compétition de natation qui tourne mal. La musique, classique ou pop accompagne les huit danseurs, particulièrement forts dans les mouvements d'ensemble dans lesquels l'un ou l'autre fini toujours par s'échapper, comme pour montrer que la cohésion de groupe n'est qu'une façade toujours prête à céder.

Les mouvements brusques ou amples, naturels ou plus travaillés sont dans la lignée de la recherche chorégraphique de Marion Motin, récemment invitée à chorégraphier pour le Ballet de l'Opéra de Paris, qui va vers la corporalité instinctive, le mouvement immédiat et nécessaire. Plus on avance dans le spectacle, plus les tensions, conflits et disputes entre les personnages se font fréquents, mettant en mal la belle image de l'équipe solidaire et unie. Les corps craquent, les esprits s'échauffent, les individualités se révèlent… La scène finale sur le morceau emblématique Bohemian Rhapsody du groupe Queen, dont chaque danseur interprète un petit morceau en lypsync (play back) permet de quitter la salle de La Scala le sourire aux lèvres.

Crédits photographiques : © Christophe Raynaud de Lage