Une hagiographie de Johann Sebastian Bach par Loïc Bonisoli
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Bach, l’homme de Leipzig. Un portrait spirituel. Loïc Bonisoli. Editions Salvator. 170 pages. 18,90 euros. Novembre 2023
Portrait spirituel de Johann Sebastian Bach plutôt que énième biographie du Cantor de Leipzig, c'est l'homme de foi qui intéresse ici l'auteur, dans un ouvrage où alternent récit hagiographique et tentatives d'analyse de ses œuvres les plus représentatives.
Il y a tout juste 300 ans, Johann Sebastian Bach arrivait à Leipzig comme cantor de la Thomasschule, apothéose d'une carrière musicale déjà bien remplie. Son contrat stipule qu'en plus de ses charges éducatives auprès des élèves de l'école St Thomas, il est responsable auprès du conseil municipal de la vie musicale dans différentes églises de la ville, compose la musique qui y sera jouée et la dirige. Sans parler de ses fonctions d'organiste et d'expert reconnu pour la facture d'orgue. Tout cela est bien connu et souvent rappelé. La postérité qui a élevé un monument à la gloire du Cantor n'est pas indemne de nombreuses légendes qui se répètent à l'envi, dont l'avatar le plus achevé est la célèbre « Petite chronique d'Anna Magdalena Bach » écrite par Esther Meynell en 1925 … Loïc Bonisoli se propose de dépoussiérer le portrait emperruqué du père Bach et remet en situation un homme bon vivant et à la forte personnalité. Un caractère bien trempé et volontiers irascible. L'auteur émaille son récit biographique de propositions d'écoute de quelques œuvres choisies pour illustrer les différents épisodes de la vie de J.S. Bach. Il propose également quelques analyses assez superficielles de certaines pièces, sous le titre d' »écoute guidée ». Enfin, de courtes vignettes illustrées nous proposent une « visite des lieux » où vécut le musicien, comme un partage d'expériences de voyage.
Mais c'est surtout l'homme de foi qui intéresse l'auteur, qui est prêtre catholique et organiste. Il interroge son rapport à Dieu à travers les évènements de la vie et analyse la présence du sacré dans son œuvre. Rien de très nouveau, surtout lorsqu'on a lu, comme il l'a fait lui-même en y faisant de judicieuses allusions, les excellents ouvrages de Gilles Cantagrel sur le sujet (en particulier « Sur les traces de J.S. Bach » ). On a beaucoup glosé sur la symbolique sacrée dans l'œuvre de Bach, tout en sachant que cette pratique était courante chez tous ses prédécesseurs, Schütz, Biber ou Buxtehude, pour ne citer qu'eux. Même si elle est très sincèrement vécue, la piété du compositeur s'inscrit avant tout dans la tradition d'une époque et la pratique religieuse de l'Église luthérienne. Ici, la tentation de faire de Bach un maître spirituel n'est pas loin, elle-même issue de l'image pieuse qu'en a forgée le XIXᵉ siècle. L'auteur s'en défend, mais a vite fait de considérer la musique du disciple de Luther, ce qu'était indiscutablement Bach, comme un chemin privilégié vers l'invisible. Dire que la Beauté mène à Dieu a des relents de sacristie qui peuvent déranger.
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Bach, l’homme de Leipzig. Un portrait spirituel. Loïc Bonisoli. Editions Salvator. 170 pages. 18,90 euros. Novembre 2023
Éditions Salvator