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Le Don Pasquale de Damiano Michieletto était presque parfait

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Gaetano Donizetti (1797-1848) : Don Pasquale. Mise en scène : Damiano Michieletto. Décors : Paolo Fantin. Costumes : Agostino Cavalca. Lumière : Alessandro Calvetti. Vidéo : Rocafilm. Avec : Bryn Terfel, baryton-basse (Don Pasquale) ; Markus Werba, baryton (Malatesta) ; Ian Hotea, ténor (Ernesto) ; Olga Peretyatko, soprano (Norina) ; Bryan Secombe, basse (Notaro) ; Chœur (chef de chœur : William Spaulding) et Orchestre de la Royal Opera House, direction : Evelino Pidò. Réalisation : Pati Marr. Enregistré les 24 et 30 octobre 2019 à la Royal Opera House, Covent Garden. Sous-titrage : anglais, français, allemand, italien, japonais et coréen. 1 Blu-ray Opus Arte. Durée : 136’ (suppléments : 9’)

 

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Après avoir voyagé à Paris, Londres, Palerme et Barcelone, le Don Pasquale imaginé par mérite amplement les honneurs du DVD.

Sa passionnante Trilogie Da Ponte pour La Fenice (2010 à 2012) a braqué les regards sur . Les productions du metteur en scène italien, aujourd'hui un des plus courtisés par les maisons d'opéra, affichent toujours une vision forte, que ce soit sa Salomé milanaise, son Rosenkavalier brussellois, son Barbier parisien, son Giulio Cesare montpelliérain, ou, plus encore, son très inventif Béatrice et Bénédict pour l'Opéra de Lyon. Ce Don Pasquale n'est pas en reste, qui se singularise lui aussi par nombre de parti-pris esthétiques forts.

En premier lieu, un décor faisant au moins jeu égal avec les protagonistes : c'est à Lars von Trier que l'on songe au lever de rideau, en apercevant la maison de Don Pasquale quasiment réduite à son pourtour, comme dans Dogville, le premier volet de l'audacieuse Trilogie inachevée du cinéaste danois. Michieletto surplombe le simple marquage au sol du film d'un toit dessiné au néon : comme au cinéma, l'on peut ainsi voir, au fil de l'opéra, tout ce qui se passe derrière les murs de Pasquale. Contre toute attente, le dispositif garde son élégance jusqu'au bout, d'autant qu'il se voit rehaussé d'une tournette qui en varie la perception, et même, afin d'illustrer les dessous de la machination élaborée par le livret, d'une utilisation de l'écran vert cher à l'actuel septième art. Une vision très esthétisante, magnifiquement éclairée, dont la légèreté affichée s'accorde à merveille à la légèreté apparente de l'intrigue.

Le décor de Paolo Fantin, au moins aussi bavard que ceux qui l'habitent, voit ainsi ses murs invisibles ripolinés : l'intérieur vieillot avec cuisinière, cafetière italienne et canapé défraîchi fait place au luxe tapageur imposé par la nouvelle épouse. Même la servante, ex-nounou d'Ernesto (personnage muet lui aussi très disert, ici de première importance, comme dans le Don Pasquale de Mariame Clément à Glyndebourne en 2011), ne se fait pas prier pour troquer son mégot contre un fume-cigare.

La direction d'acteurs s'immisce dans la psyché de Pasquale, ex-enfant de 70 ans dormant toujours dans le lit une place de son enfance (la première image le montre en embrassant le portrait de sa mère), Michieletto s'autorisant même à pénétrer celle de Malatesta afin d'expliciter l'invraisemblable énergie déployée par ce dernier à marier ses amis avec une Norina qui ne le laisse pas indifférent.

Autre atout de cette production en outre superbement costumée : les chanteurs amenés à s'y succéder y prennent un plaisir enviable. Très à l'aise, le quatuor londonien appelle tous les éloges. ondoie à l'envi entre vis comica et non-dits (son duo de l'Acte III avec Pasquale étant une merveille de canto sillabico). , attendrissant, ne fait que bouchées vocale et scénique du solitaire dépassé proposé par le metteur en scène italien (même le notaire hénaurme de n'est pas épargné). est un Ernesto juvénile, gracieusement chantant. Centre de toutes ces attentions masculines, , s'amusant et s'émouvant comme il convient, brille de vivacité et de séduction, avec ce rôle en forme de papier-cadeau pour ses interprètes. , grand familier de l'œuvre, soutient tout ce beau monde, chœur compris, avec une phalange maison dont la grande forme s'entend dès la Sinfonia d'ouverture, magistrale.

Différente de ce qu'elle fut à Paris en 2018 et 2019, la conclusion londonienne, presque inconséquente, par trop boulevardière, bien que, selon l'avis même du metteur en scène, « la plus réussie », semble se chercher encore. Telle quelle, elle brouille quelque peu les espoirs esthétiques mis dans un spectacle presque parfait (auquel manque en l'état une image conclusive aussi forte que celle introductive de son Acte III) mais qui reste néanmoins une des meilleures productions du quasi-chant du cygne du compositeur aux 71 opéras.

Mis à jour le 17/12/2023 à 18h35

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Gaetano Donizetti (1797-1848) : Don Pasquale. Mise en scène : Damiano Michieletto. Décors : Paolo Fantin. Costumes : Agostino Cavalca. Lumière : Alessandro Calvetti. Vidéo : Rocafilm. Avec : Bryn Terfel, baryton-basse (Don Pasquale) ; Markus Werba, baryton (Malatesta) ; Ian Hotea, ténor (Ernesto) ; Olga Peretyatko, soprano (Norina) ; Bryan Secombe, basse (Notaro) ; Chœur (chef de chœur : William Spaulding) et Orchestre de la Royal Opera House, direction : Evelino Pidò. Réalisation : Pati Marr. Enregistré les 24 et 30 octobre 2019 à la Royal Opera House, Covent Garden. Sous-titrage : anglais, français, allemand, italien, japonais et coréen. 1 Blu-ray Opus Arte. Durée : 136’ (suppléments : 9’)

 
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