L'Académie des Beaux-Arts a proclamé avant-hier le palmarès des prix qu'elle a décernés au titre de l'année 2023 dans l'ensemble de ses sections artistiques lors de sa séance solennelle de rentrée présidée par Michaël Levinas sous la coupole de l'Institut de France.
Parmi les académiciens disparus dans l'année, Kaija Saariaho, décédée au mois de juin et à laquelle le président rend hommage en ouverture de séance. La compositrice était venue en ses lieux le 30 janvier dernier pour donner une conférence « Composer l'opéra au XXe siècle« .
Lauréate du Prix Liliane Bettencourt pour le chant choral, en partenariat avec l'Académie des beaux-art, la Maîtrise Sainte-Philomène de Haguenau, venue d'Alsace dans la matinée, interprète l'émouvant « Miserere Mei », extrait du Te Deum de Bernard Lienhardt, en prolongement de ces hommages. S'en suit Song for Athene de John Tavener pour chœur à quatre voix, pour lequel les jeunes chanteurs, entourés de quelques basses et positionnés dans les travées, font résonner les Alleluia de cette poignante composition funèbre, sous la direction de leur chef Nicolas Wittner au centre de l'assistance.
Le vice-président Adrien Goetz proclame ensuite les prix de l'année 2023. Pour la musique et la danse, le palmarès est le suivant :
Cette année l'Académie des beaux-arts a créé des Grands Prix. Trois sont décernés dont le Grand Prix de la section des membres libres au metteur en scène Robert Carsen, qui sera remis le 6 mars prochain et le Grand Prix en chorégraphie, remis à Germaine Acogny le 25 octobre.
Le Prix Pierre Cardin – Académie des beaux-art est décerné à Thomas Lacôte en composition musicale.
Fabien Touchard est lauréat du Prix de commande de la Fondation Simone et Cino Del Duca – Institut de France dans la section de composition musicale pour son « ouverture esthétique ». L'œuvre commandée, Plus près de la ligne d'écume, est interprétée en création par l'Orchestre de Picardie dirigé par le Secrétaire perpétuel et chef Laurent Petitgirard lors de la séance. La composition toute en introspection poétique alterne les moments d'incertitude, d'exhalation, d'apaisement et de tumulte propres à la recherche créative. Inspirée par un vers d'Yves Bonnefoy évoquant « l'ultime point de tension vers lequel les aspirations du poète se courbent comme un arc« , selon le compositeur.
Jean-Guihen Queyras est lauréat du Prix d'interprétation de la Fondation Simone et Cino Del Duca – Institut de France dans la section de composition musicale.
Comme indiqué précédemment, la Maîtrise Sainte Philomène de Haguenau dirigée par Nicolas Wittner est lauréate du Prix Liliane Bettencourt pour le chant choral.
Alexis Grizard est lauréat du Grand Prix d'Orgue international Jean-Louis Florentz – Académie des beaux-arts 2023. Le jeune organiste (né en 2002) a également reçu cette année le Prix d'interprétation de la création contemporaine – Académie des beaux-arts.
Le Prix Nadia et Lili Boulanger revient à Jean-Baptiste Robin.
Le Prix René Dumesnil est décerné à Richard Dubugnon.
Le Prix André Caplet revient à Florent Caron Darras.
Le Prix spécial de la Fondation Louis Le Masson et François Masson – Académie des beaux-arts est attribué à la Fondation Royaumont et à son directeur Francis Maréchal afin de soutenir ce « lieu d'ouverture et de dialogue ».
Le secrétaire perpétuel prononce ensuite un discours intitulé « Paroles d'artistes » exhortant à dissocier politique et Art, proposant Daniel Barenboim comme Prix Nobel de la paix pour ce dialogue entre les peuples incarné par son West-Eastern Divan Orchestra.
Michaël Levinas conclut la séance sur ce message d'espoir et de résistance face à la barbarie avant que l'Orchestre de Picardie, dirigé par l'infatigable Laurent Petitgirard, interprète une œuvre qui a été son guide et son inspiration, depuis toujours : l'Ouverture d'Egmont de Beethoven.